Mâcon sera la première à ouvrir ses portes le 25 mars 2023, suivie de Chablis (1er avril) et de Beaune (13 mai). En prévision de ce triple moment fondateur incarné par les Cités des vins et climats, DijonBeaune.fr a interrogé leur président Benoit de Charette.
Où en sont les travaux en cours ?
Tout se présente bien. Nous avons encore quelques mois devant nous, heureusement (ndlr, l’entretien a été réalisé en octobre) ! Mais les bâtiments sont quasiment achevés, on va bientôt pouvoir prendre possession des locaux de Chablis et Mâcon, Beaune un peu plus tard (ndlr, lire notre visite de l’Écocité beaunoise). C’est désormais l’aménagement intérieur et le montage du mobilier qui va nous mobiliser, surtout la scénographie. Le pari est grand car nous allons présenter sur 5 000 m2 la Bourgogne viticole dans toute sa complexité, depuis sa formation géologique il y a 200 millions d’années jusqu’à ses problématiques actuelles. Tout ce travail se fait en parallèle dans les trois sites, avec des agences spécialisées à dimension internationale, afin de montrer pourquoi la Bourgogne est le grand modèle des vins de terroir. Nous avons déjà hâte d’accueillir les quelque 180 000 visiteurs attendus chaque année sur les trois sites.
Que répondez-vous à ceux qui voient un énième musée ?
C’est justement ce qu’on a voulu éviter. Ce sont avant tout de nouveaux lieux de vie avec une partie muséographique bien sûr, toujours pédagogique, ludique aussi parfois. Mais qui dit « lieu de vie » dit aussi dégustation, restauration, formation, école des vins… Toutes ces dimensions seront regroupées sur chacun des trois sites. Notre démarche va bien au-delà de l’œnotourisme, on veut faire date à l’échelle mondiale. Nous sommes la Bourgogne, et nous en sommes fiers ! Aujourd’hui, beaucoup d’autres vignobles de France ou d’ailleurs recherchent comme nous la vérité du terroir et nous prennent comme modèle. C’est tout cela que l’on va expliquer à un public très large.
Pouvez-vous en dire un peu plus sur la scénographie en cours de montage ?
Dans chaque site, le visiteur arrivera sous la mer pour comprendre la formation des sols de façon très moderne et ludique. Que s’est-il passé en 200 millions d’années pour arriver à ce que nous avons entre les mains aujourd’hui, c’est-à-dire une côte viticole d’exception ? À Mâcon par exemple, on prendra bien sûr l’exemple du site de Solutré-Pouilly pour savoir pourquoi certains terroirs sont adaptés à tel ou tel vin. Il s’agit de géologie bien sûr, mais c’est aussi le fruit de 2 000 ans de travail humain pour mettre au point des techniques culturales et des cépages adaptés. Comprendre comment le cisaillement dû à la poussée des Alpes fait que deux parcelles mitoyennes produisent des vins aux qualités organoleptiques (goût, odeur…) différentes, est quelque chose de passionnant. Cela mérite d’être décortiqué, pour être expliqué non seulement au grand public, mais aussi aux professionnels.
La Cité se veut aussi une porte d’entrée sur la Bourgogne viticole…
Oui, parce qu’en fin de parcours, on abordera les problématiques du monde vitivinicole d’aujourd’hui : la maladie du bois, le réchauffement climatique, la réduction des produits phytosanitaires… pour pouvoir comprendre comment sera la Bourgogne dans 10, 20, 50 ans. Avec ses différents niveaux d’appellation et ses climats, notre région est complexe, elle peut faire un peu peur au grand public malgré sa convivialité renommée. On va expliquer cela simplement à nos visiteurs, avec un effet passerelle vers les caveaux des vignerons. L’idée n’est pas de leur dire « Vous êtes passés chez nous, vous savez tout ! », mais de les pousser à aller sur le terrain, dans les vignes, les caveaux, les domaines… C’est un projet à l’échelle de toute la Bourgogne viticole, dans ses moindres recoins.