Avec un cursus sports études à Dijon pour la première, et un passé de pongiste pour le deuxième, Manon Poirot et Maxence Colin ont créé à Dijon une marque de sneakers éthique et responsable, 2nde Chance. Après l’ouverture d’un concept-store aux Galeries Lafayette de Dijon, ils lancent une gamme de sneakers consignées pour recycler les matériaux de celles-ci.
Par Sarah Terki-Hassaine
Que deviennent les baskets qu’on jette à la poubelle ? Voilà la question que Manon et Maxence se sont posés après avoir fait face à un choix cornélien lors de leur déménagement à Dijon : emmener le bonzaï ou le sac de vieilles chaussures. Ils n’avaient qu’une voiture et des années de vie à transporter. Ils ont donc préféré sauver la plante et jeter les baskets. C’est à ce moment-là que leur est venue cette question et, par la suite, des réponses peu concluantes car les baskets sont des produits difficiles à recycler. Après avoir sauvé le bonzaï, ils ont décidé de participer à leur manière au sauvetage de la planète.
Sneakers consignées et recyclables
Manon et Maxence sont donc partis de la problématique de la fin de vie des chaussures pour les concevoir. Ils se sont d’abord appuyés sur leurs propres connaissances, Maxence sortant d’une école de commerce et Manon d’études en marketing, puis ont été accompagnés par la Région Bourgogne-Franche-Comté pour réaliser l’écoconception de leur produit. L’objectif était de créer et de fabriquer des chaussures en France, éthiques et responsables. Pour concevoir des sneakers avec un impact environnemental faible, ils se sont appuyés sur quatre indicateurs : la pollution des eaux douces, les gaz à effet de serre, les consommations d’eau et d’énergies fossiles.
C’est ainsi, qu’ils ont sélectionné le modèle idéal, des baskets bi-matières en polyester et en PVC. Conçues à Dijon, elles sont fabriquées à Romans-sur-Isère (Drôme), capitale historique de la chaussure française, avec des matériaux français (à 75 %) et de l’Union européenne (à 25%). Disponibles dès le 15 mars 2023 sur le site internet de 2nde Chance, ces baskets seront non seulement recyclables, mais aussi consignées. Ainsi, si votre paire est usée ou inutilisée, il sera possible de la renvoyer au fabricant et de récupérer 20 à 25 euros. 2nde Chance sera ensuite capable de réintroduire près de 50 % de la matière recyclée de chaque basket récupérée dans le développement de nouveaux produits.
Une nouvelle vision de l’entrepreunariat
Pour Manon et Maxence, le but est de créer des emplois durables en France et localement. Ils travaillent donc avec un designer français, un ingénieur dijonnais et des sous-traitants français. En plus des ateliers situés à Romans-sur-Isère, 2nde Chance fait confectionner des vêtements dans un atelier d’insertion dijonnais qui fabriquait des masques.
« On a eu le temps de sympathiser avec les personnes qui fabriquent nos produits, de rigoler avec elles. En retour, ces dernières se sont attachées à notre projet et le soutiennent », décrit Maxence les yeux brillants. Lui et Manon ne veulent pas en rester là et envisagent aujourd’hui de travailler avec une entreprise de la région pour fabriquer des skates à partir de T-shirts récupérés. En attendant, ils préparent l’ouverture de leur site internet mi-janvier 2023. Avec 2nde Chance, Maxence et Manon ont donc créé un cercle vertueux, qui ne cesse de grandir.
Des vêtements aussi
Manon et Maxence se sont aussi lancés dans la création de vêtements 2nde Chance. « L’idée, c’est de créer des produits qui n’ont jamais été fait, de casser les codes du T-shirt », explique Maxence. Des produits écoresponsables aussi, issus de l’upcycling* de jeans collectés à Dole et de la récupération de chutes de tissu, qui permettent une originale hybridation de matières (denim et polaire). Conçue avec des artistes, la collection Urbana offre, plus que de simples T-shirts, des pièces créatives à manches courtes, non genrées, qui laissent place à l’imagination. Elles sont disponibles dans leur concept store installé aux Galeries Lafayette jusqu’au 31 janvier 2023. Leur boutique éphémère est à l’image de leur marque : Alexandre Esteves, écodesigner de mobilier a habillé le stand en détournant des barrières de chantier pour en faire des portants.
* L’upcycling prend les déchets et en crée quelque chose de nouveau dans leur état actuel (un morceau de jean intégré dans un T-shirt par exemple), tandis que le recyclage implique la destruction des déchets afin de créer quelque chose de nouveau.