Touchant, beau, profond est L’Envol. Le long métrage de Pietro Marcello sublime les lumières, les êtres, sur fond de drame et d’amour. Tel que lui-même, le Morvandiau Raphaël Thiéry impose sa puissance et sa vérité. À voir de toute urgence.
Par un matin froid, les lumières diffuses laissent à peine deviner les êtres. On les approche sans les reconnaître. Dans la campagne du nord de la France, le jour refuse de se lever. Ombres en peine sur le chemin du retour de l’enfer, les soldats reviennent du front. Raphaël est de ceux-là. Claudiquant, taiseux, ramassé sur lui-même.
Raphaël retrouve sa petite Juliette, dont la maman est morte peu après l’accouchement. Adeline, une veuve rustre mais bienveillante, a recueilli le bébé. Le rescapé du grand cirque, le regard perdu, pose avec une infinie délicatesse, presque du recul, un doigt géant meurtri par la vie et la crasse, sur la joue de la petite. Une histoire d’amour s’écrit, entre douceur et poésie, entre dureté et humanité.
Raphaël, côté Morvan, c’est « le Raph ». Raphaël Thiéry de son nom de la vraie vie. Un colosse aux pieds d’argile. Tout comme le personnage qu’il interprète dans L’Envol, ce magnifique film que l’on peut voir encore dans les salles de la région. Le musicien voyage entre accordéon et cornemuse. Homme de théâtre, il est un conteur au physique inhabituel.
Gepetto brutal et touchant
Dans L’Envol, Raphaël travaille le bois. Ses jouets font rêver les enfants, petits et grands. Il y a quelque chose de l’Anthony Quinn de La Strada dans ce Gepetto brutal et profondément touchant. On l’aime pour la pureté de son âme. On le rejette pour les mêmes raisons, quand le destin lui permet de venger l’amour de sa vie, violée par des salauds du village.
L’histoire est belle, la réalisation admirable pour les tableaux qu’elle propose. L’étrange habite les yeux de Yolande Moreau, la sorcière bienveillante. Il fait écho à la voix et la beauté troublantes de Juliette Jouan, la Juliette devenue femme dans le film. Une Juliette pleine de vie et d’envies, musicienne elle aussi, douée pour l’amour, qui croise l’avion de Louis Garrel et son beau pilote aventurier.
Le réalisateur napolitain Pietro Marcello avait déjà marqué les esprits avec son Martin Eden de Jack London. Il réalise ici, avec tout autant de talent, un film totalement différent, inspiré du roman de l’écrivain soviétique Aleksandr Grin.
Raphaël Thiéry, quant à lui, commence à peine sa carrière d’acteur de cinéma. À l’approche de la soixantaine, il impose sa puissance et sa fragilité, sa vérité et son innocence dans un grand rôle-titre. Il se dit, entre les collines du Morvan, qu’un film inspiré de sa vie et de la différence dont il connaît bien les rouages, sera bientôt tourné. Allez voir L’Envol en salle, ce film élèvera votre esprit.
L’envol. De Pietro Marcello. 2022. 1h40. VOST.
Avec Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel…
📽 Où voir L’Envol en Bourgogne pour sa sortie :
• À Dijon (Eldorado) toute la semaine
• À Chalon (Mégarama), jeudi 26 janvier à 19h30 en présence de l’acteur
• À Montbard (Le Phénix), dimanche 29 janvier à 17h et mardi 31 à 20h30
• À La Charité-sur-Loire (Crystal Palace), mercredi 25 janvier à 18h, jeudi 26 à 16h, vendredi 27 à 20h en présence de l’acteur, samedi 28 à 17h, dimanche 29 à 17h, mardi 31 à 18h et 20h30
• À Château-Chinon (L’Etoile), samedi 28 janvier à 20h en présence de l’acteur et mardi 31 à 18h
• À Autun (Arletty), mercredi 25 janvier à 14h30 et 20h30, vendredi 27 et samedi 28 à 18h, mardi 31 à 18h
• À Ouroux-en-Morvan (Le Clap), jeudi 26 janvier à 20h et lundi 30 à 18h
• À Luzy (Le Vox), jeudi 26 janvier à 20h et lundi 30 à 18h
• À Saint-Honoré-les-Bains (Select Cinéma), mercredi 25 janvier à 20h et vendredi 27 à 18h.