Parmi les 14 villages sélectionnés, Druyes-les-Belles-Fontaines (89) est l’unique représentant de la Bourgogne-Franche-Comté dans l’émission Le village préféré des Français 2023, présentée par Stéphane Bern et bientôt diffusée sur France 3. Le chasseur de châteaux Julien Marquis replonge en enfance.
Par le « chasseur de châteaux » Julien Marquis
Depuis quelques temps, Druyes se rappelle à moi. C’est une grande partie de ma jeunesse et c’est aussi le principal moteur de ma passion pour les châteaux. Vous expliquer ce village en quelques lignes, c’est comme vous faire découvrir le Louvre en une heure, c’est impossible, tant il y a de bâtiments qui valent la peine qu’on s’y arrête. Église, lavoir, fortifications du village, châteaux, maisons médiévales, sources de la Druyes, ancienne poste, viaduc de chemin de fer, et j’en oublie forcément.
Mais je vais tenter une description, car il s’agit bien de vous donner envie de voter et surtout de venir vous y balader (et forcément en tomber amoureux). D’abord, il y a plusieurs Druyes. Il y a la « ville » fortifiée, sur son piton rocheux avec le château et de nombreuses maisons nobles ou bourgeoises. Il y a également le « bourg » en contrebas avec les commerces, l’ancienne école, la maire et la vie économique (et jadis industrielle). Et puis il y a de nombreux hameaux qui font de la commune de Druyes-les-Belles-Fontaines l’une des plus grandes du département de l’Yonne (en superficie).
Village et château indissociables
Le château du XIIe siècle est un quadrilatère parfait de 52 mètres de côtés, flanqué de quatre tours d’angle, d’une poterne et de plusieurs tours carrées qui viennent consolider l’ensemble. En réalité, c’est surtout un prototype de château, un modèle nouveau, imaginé par le roi de France Philippe Auguste, et dont le cousin germain Pierre II de Courtenay, seigneur des lieux, imita son prestigieux cousin dans la construction de son château.
C’est dans ce même monument que l’on viendra proposer la couronne impériale de Constantinople au fougueux Pierre. C’est aussi un château qui, trop novateur pour l’époque, sera laissé rapidement à l’abandon, dès le XVe ou XVIe siècle, pour être remplacé par un château-neuf quelques dizaines de mètres plus loin. À la Révolution, le vieux château restera, le nouveau sera démonté. Il faudra attendre les années 1960 pour voir l’instituteur du village Robert Némo s’intéresser à la ruine et commencer des travaux avec les habitants.
Au-delà de l’histoire prestigieuse et de l’architecture d’avant-garde, Druyes-les-Belles-Fontaines est un lieu déroutant, hors du temps, presque caché du commun des mortels. Alors que nombre de célébrités fréquentent Vézelay, Saint-Sauveur ou d’autres beaux villages de l’Yonne, Druyes reste une terre inconnue et pourtant si envoutante. Les « belles fontaines », ce sont ces résurgences qui viennent faire naître un petit plan d’eau, où je ne peux m’empêcher de me souvenir d’y avoir nourri les canards de nombreuses fois étant enfant. Puis une rivière qui vient nourrir la partie basse du village avec ces jolies maisons au bord de l’eau, sa fière église fortifiée, dédiée à Saint-Romain, moine ermite qui vécut dans les falaises calcaires non loin de là.
La belle endormie
Mais aujourd’hui, Druyes est un village qui doit vivre. Cette belle émission de télévision, présentée par Stéphane Bern, est avant tout un magnifique coup de projecteur sur la France des villages. Des villages où les commerces et les écoles ferment et ne rouvriront peut-être pas, où les églises s’abiment, où la population vieillissante se désespère de trouver un médecin. Pourtant, on se prend à rêver. Et si Druyes-les-Belles-Fontaines devenait le village préféré des Français ? Quel bonheur pour l’économie du territoire, pour le château ouvert au public depuis 40 ans, pour les petits commerces qui survivent doucement, pour de nouveaux habitants riches d’expériences lointaines.
Il y a 30 ans, lorsque je parcourais les ruelles du village, je n’imaginais pas autre chose que des aventures d’enfants faites de ruines, de chevaliers et de magie. Aujourd’hui, le « développeur touristique » que je suis devenu se dit que Druyes ne doit (et ne peut) pas louper ce rendez-vous. Et au-delà, c’est la Bourgogne-Franche-Comté entière qui doit se mobiliser pour permettre à ce petit village, à l’histoire multimillénaire, de continuer d’écrire de belles et glorieuses pages et de vivre la vie que l’on souhaite à la France des villages : longue, paisible mais aussi moderne, dynamique et florissante.
Faites comme Julien Marquis, votez Druyes-les-Belles-Fontaines ! Fin des votes le vendredi 10 mars à 23h59.
