7 845 échantillons inscrits au concours 2022 (il y en avait 68 lors de la première édition). Et seulement 30% de médaillés. Obtenir un macaron au Concours des Grands Vins de France de Mâcon est une véritable reconnaissance. Sans doute l’un des plus importants de l’Hexagone, avec le Concours général agricole. Depuis 1954, Mâcon ne cesse de grandir, de s’imposer, d’asseoir son expertise. La 68e édition aura lieu samedi 15 avril 2023. Entretien avec le président du concours, Bernard Rey.
Dans quel contexte les vignerons abordent-ils le Concours des Grands Vins de France de Mâcon, en 2023 ?
Bernard Rey : Cette année, les viticulteurs peuvent présenter leurs vins issus des millésimes 2019, 2020, 2021 et 2022. Certaines de ces années, à commencer par 2021, n’ont pas été excellentes dans de nombreuses régions. Heureusement pour eux, 2022 est venu corriger le tir. Il n’empêche, nous avons une baisse du nombre d’échantillons, un constat déjà partagé par d’autres organisateurs. Mais un concours comme le nôtre s’appuie sur sa notoriété. Les macarons que nous décernons ont une valeur significative dans la commercialisation. Les vins sont donc au rendez-vous.
Comment Mâcon est-il devenu une référence dans le monde des concours de vin ?
Grâce à un professionnalisme très avancé. À commencer par la qualité de nos dégustateurs. Savez-vous que, depuis 2016, nous avons mis en place des cycles de formation à travers la France et la Suisse ? 11 000 dégustateurs ont été accueillis dans 17 villes. Pendant trois heures, gratuitement, ils sont accompagnés pour renforcer leurs compétences à la dégustation. Ils travaillent avec nous l’analyse sensorielle, et surtout la retranscription des perceptions, à partir de la grille de notation du concours. Ils nous rejoignent ensuite sur le concours.
Comment devient-on dégustateur au Concours des Grands Vins de France ?
D’abord, on postule. Ensuite il y a un arbitrage, en fonction de la profession de l’individu notamment. Nous cherchons des gens qui sont issus de la filière du vin ou qui prônent les vins. Des cavistes, des sommeliers, des restaurateurs sont donc logiquement des nôtres. Également, et c’est important, des dégustateurs issus de clubs œnologiques parmi les plus prestigieux. Nous sommes présents dans de nombreux concours, nous rencontrons les dégustateurs, nous créons des liens par ce biais avec les plus reconnus. Je dois aussi préciser que si le jury note les vins, nous aussi nous notons les dégustateurs en interne. Ce qui nous permet d’éliminer rapidement ceux qui nous rendent les fiches les plus fantaisistes.
Vous donnez beaucoup de crédit à la jeunesse…
C’est normal, ce sont les consommateurs de demain. Alors nous gardons un œil dans les clubs oenologiques qui sont animés dans les grandes écoles, par exemple. Nous essayons de déceler les plus doués, et nous les engageons dans nos cycles de formation pour affiner encore plus leurs qualités de jugement. Ça nous permet d’évoluer avec les générations, de renouveler aussi notre pyramide des âges. L’internationalisation est aussi importante. Pas moins de 18 nationalités sont représentées parmi les dégustateurs, pour multiplier les cultures, et faire connaître notre concours à travers le monde. D’ailleurs, nous souhaitons accroître plus encore dans les années à venir notre communication internationale.
Un concours d’une telle ampleur doit demander une logistique impressionnante…
Depuis quelques années, le Concours des Grands Vins de France dispose de sa propre cave hygrométrique. Son volume est suffisant pour accueillir tous nos échantillons (7 845 l’an dernier !). Par exemple, quand on déguste les blancs, il y a toute une ingénierie qui se met en route la veille pour que les flacons soient à température. Une équipe de six personnes est affectée à la cave. Elle est située à 100 mètres des salles de dégustations. Lorsque nos dégustateurs décèlent un défaut sur une bouteille, car nous ne sommes jamais à l’abri d’un pépin, nous avons immédiatement la possibilité d’apporter la bouteille supplémentaire à la même équipe de dégustateurs. Action, réaction !
Quel parrain avez-vous sorti de votre chapeau, cette année ?
Le concours accueillera Thierry Desseauve comme parrain. Critique de vin, journaliste, écrivain, rédacteur en chef puis directeur de la Revue du Vin de France pendant 15 ans. On connaît tous sa proximité avec Michel Bettane. Ils ont créé ensemble le Grand Tasting à Paris, qu’ils ont exporté à Hong Kong et à Tokyo. C’est un homme de chaleur comme tous les hommes du vin, et il a accepté de venir dès que je lui ai proposé. J’en suis heureux. Tout comme notre nouveau partenariat avec le verrier haut de gamme Riedel, qui équipera les dégustateurs avec un verre technique permettant de décrypter toutes les facettes des vins. Là aussi, cela correspond à notre volonté d’élever encore le niveau d’exigence. Et, petite nouveauté pour la fin, le concours accueillera dès cette année les vins de liqueur…