Architecte, scénographe, muséographe, directrice d’exploitation commerciale, directrice œnotourisme : explorer les métiers d’Emmanuelle, Clarisse, Adeline (bis), Suzie et Brigitte, c’est déjà cerner ce qui se passera bientôt à Beaune, Chablis et Mâcon. Le Baptême du feu pour ce casting 100 % féminin aura lieu lors de la grande inauguration du réseau Cité des Climats & vins de Bourgogne, les 17 et 18 juin.
Emmanuelle Andréani
Architecte du site à Beaune
« Le bâtiment le plus exigeant, sans doute, que j’aurai à faire dans ma carrière. » Ainsi parlait l’architecte lyonnaise au sujet du « bâtiment-paysage » qu’elle a conçu avec les équipes de son agence Siz’Ix, avec le soutien opérationnel du groupe Rougeot. Emmanuelle Andréani avait une vision particulièrement inspirée de la chose. Le geste architectural est là, unique au monde. « Je voulais qu’il parle de la Bourgogne, avec cette vrille de vigne symbolique, qui part de la terre et s’élève vers le ciel. » Cet hommage au terroir se retrouve à travers une promenade de 285 mètres de long, accessible à tous, sans obligation de passer par les guichets. Une balade pour vous hisser à 20 mètres de haut, en visualisant depuis ce promontoire inédit les bureaux, les salles de dégustation, les espaces muséographiques, pour enfin profiter d’une vue imprenable sur les climats de la Montagne de Beaune. « Les touristes vont en faire un lieu de visite, les Beaunois pourront simplement aller s’y balader sans s’acquitter d’un billet d’entrée. Je suis extrêmement fière du résultat. Fière de ce dessin, fière des mes équipes qui sont allées au bout de l’idée. »
Clarisse Garcia
Scénographe du site de Beaune
« De la lumière, beaucoup d’audiovisuel, un vrai travail de haute technologie. » Le métier de scénographe embrasse tous les atouts de notre époque. Beaune n’échappera pas à la règle. En charge de la mise en espace de l’exposition, Clarisse Garcia retranscrit le propos scientifique en un univers de visite. Jusqu’ici, cette discrète professionnelle avait une expérience plutôt tournée vers les projets de mémoire, historiques, patrimoniaux. Son agence Alice dans les Villes, basée à Lyon, est allée faire un tour dans les vignes. « Je n’imaginais pas la complexité du vignoble. La puissance de ce patrimoine naturel et culturel m’a touchée. » Trois années de projet mené, « un vrai travail de marathonien, avec une pandémie, des problématiques d’approvisionnement de matériaux ». Le résultat de l’espace d’exposition est à la hauteur. « Le défi était de rendre la Bourgogne viticole accessible à tous, en s’adressant aussi bien aux scolaires qu’à des spécialistes du vin. J’ai donc construit un parcours décloisonné. Il y a un sens induit de visite, mais il n’est pas nécessaire de le suivre à la lettre. On peut facilement aller au gré de ses centres d’intérêt. » Tout cela en respectant une philosophie inclusive, « avec un audio guide immersif pour concerner les publics empêchés et les visiteurs étrangers ».
Adeline Rispal
Scénographe des sites de Mâcon et Chablis
« Avec le vin, on voyage ! » Adeline ne croit pas si bien dire. C’est en passant par Bordeaux, dans sa Cité des Vins à elle, que la scénographe a goûté aux projets de Mâcon et Chablis. « Ce sont des partenaires bordelais, c’est vrai, qui m’ont parlé de ce concours en Bourgogne. Les mêmes avec qui je suis en train de mener le projet de création du musée universel du vin de Pékin. » Le voyage, toujours. Mais revenons à nos moutons bourguignons. Chablis et Mâcon sont « liées par un fil conducteur, tel était mon cahier des charges. Très tôt, j’ai imaginé un travail autour des strates géologiques, avec une approche géosensorielle : des images, des sons, des odeurs… », commente Adeline, convaincue que les deux sites doivent « donner envie aux visiteurs d’aller sur le terrain ». Un esprit d’ouverture très tôt pratiqué par les porteurs du projet. « Tous les acteurs ont mené un travail incroyable de précision », apprécie la dirigeante, qui a œuvré en étroite collaboration avec le BIVB, l’Association des Climats, les architectes (Atelier Correia et RBC Architecture) et muséographes, pour aboutir à une Cité attractive.
Adeline Jeunot
Directrice d’exploitation commerciale des trois sites
Chablis, Beaune, Mâcon : avoir trois cités dans la Cité, c’est une chose. Encore faut-il donner une cohérence commerciale à l’ensemble, au plus près du terrain, en mobilisant les équipes. Telle est l’affaire d’Adeline Jeunot. La directrice d’exploitation commerciale connait bien son sujet pour avoir dirigé l’office de tourisme de Gevrey-Nuits. La voici désormais en cheffe d’orchestre d’une équipe de vingt personnes, en lien avec le directeur d’exploitation Olivier Le Roy, et les deux responsables de sites (David Legris pour Mâcon, Damien Guerault pour Chablis). L’accueil, la billetterie, les boutiques et les bars à vins sont au centre de ses prérogatives. « Un beau challenge qui a commencé par déterminer la stratégie commerciale. Nous attendons 120 000 visiteurs à Beaune, 40 000 à Mâcon, 25 000 à Chablis. Chaque cité aura les mêmes services, les mêmes gammes de produits, mais avec une provenance sourcée dans un rayon de 50 km. » L’espace librairie, lui, sera consacré à l’univers du vin, quand les potiers travailleront des glaises issues de chaque terroir. On nous promet même des maroquiniers façonnant… le cuir de raisin ! Côté expérience, le visiteur sera aussi servi. À Beaune, le bar du quatrième étage sera ouvert tous les jours (en haute saison), avec des afterworks thématiques chaque premier jeudi du mois. « Sur nos trois sites, le bar sera composé de 80 références. À Beaune, notre chef Christophe Maisières s’inscrira dans la philosophie du Savoir-faire 100% Côte-d’Or. » Rien n’a été laissé au hasard, même la politique antigaspi a été pensée : « Les restes de dégustations serviront à l’élaboration d’un vinaigre de la Cité ! » De quoi donner un bon coup de fouet à l’ensemble.
Suzie Maccario
Muséographe des trois sites
Mais que vient faire un blaireau dans un nom de climat ? Suzie Maccario, muséographe, a planché sur ce genre de sujet léger. La fondatrice de l’agence Âme en Science ne s’est pas limitée à ces anecdotes toponymiques et s’est surtout attaqué au fond. Cette grande professionnelle a mis à profit sa science de la synthèse pour construire la trame narrative de Beaune, Chablis et Mâcon. Les trois sites développeront le même message pédagogique, mais considéreront évidemment les spécificités locales, « comme la présence du gamay et le poids des coopératives dans le Mâconnais, ou bien le sous-sol kimméridgien et la multiplicité des cépages dans le Chablisien ». La muséographe a ainsi mis en musique un dialogue permanent entre architectes, scénographes et experts en tout genre, en lien avec le comité scientifique réuni par le BIVB. L’Âme en Science a fait des outils de médiation innovants sa spécialité. Il est question de réalité augmentée, de théâtres optiques, de mapping, de tables multitouch, de captures de mouvement… Beaune étant le principal centre d’interprétation des Climats du vignoble de Bourgogne, identifié comme tel par l’Unesco, « tous les aspects seront balayés, de la géologie aux repères historiques ».
Brigitte Houdeline
Directrice du pôle Œnotourisme & Formation
Pendant plus de dix ans, elle a dirigé et développé l’École des Vins de Bourgogne. L’outil de formation du BIVB est devenu une marque bien installée. Il va quitter ses locaux de la rue du 16e Chasseurs pour s’installer au troisième étage de la Cité à Beaune. Sa proposition va de la simple initiation de 45 minutes à une formation diplomante. « L’idée est de compléter la visite des espaces culturels des Cités à Beaune et Dijon par une approche plaisir de la dégustation. Elle donnera des clés pour comprendre la richesse de nos terroirs et, on l’espère, incitera les visiteurs à se rendre sur le terrain, chez les vignerons », détaille Brigitte Houdeline, dont les prérogatives ont été élargies entretemps. La voici, depuis le début d’année, à la tête d’un nouveau pôle Œnotourisme & Formation qui intègre bien naturellement l’École en question. Avec une mission toute trouvée avant l’inauguration : prendre son bâton de pèlerin et faire connaître la richesse de son offre dans différents salons professionnels, mais aussi construire la proposition à travers un recrutement ciblé. Le travail de terrain passe d’abord par là !