Frédéric Fourgeaud, l’emblématique patron de la Sima, importateur et concepteur de motos beaunois, est décédé le 18 mars dernier dans un tragique accident. Ses salariés l’ont accompagné en terre, en Ardèche, avant de reprendre le travail, soudés par l’émotion et l’envie de continuer une très belle aventure.
Le choc se lit encore sur les visages, les traits sont tirés, les sourires timides : les équipes de la Sima (Société d’importation de motos et d’accessoires) accusent encore le coup de la disparition de leur patron et mentor. Frédéric Fourgeaud s’en est allé à l’âge de 68 ans, dans un accident terrible, survenu le samedi 18 mars dernier lors d’un acte bien anodin pour ce passionné de mécanique. « Une jante de voiture a explosé alors qu’il en démontait le pneu », souffle Dominique Delsart, associé de Frédéric et directeur général de la Sima.
Le choc encore présent
Au retour du week-end, c’est la stupeur pour l’équipe, qui apprend qu’elle perd son charismatique et volcanique patron. Le jeudi, tous se rendent, en minibus aux obsèques de Frédéric, en Ardèche. « Dès le vendredi, nous nous sommes remis au boulot. C’est un lieu commun que de dire ça, mais ça n’en demeure pas moins vrai : Frédéric aurait voulu que nous continuions », poursuit Dominique Delsart.
Frédéric Fourgeaud, pilote de moto depuis ses 14 ans, vice-champion de France de vitesse et spécialiste de l’endurance, s’est mué en entrepreneur depuis quelques années. Il reprend la Sima au décès de Marcel Seurat, un autre grand personnage de la moto en Côte-d’Or, en 2006. Associé à Dominique Delsart, il développe le business d’importation de motos, mais voit rapidement plus loin : sortir du rôle subordonné d’importateur pour devenir fabricant. En 2012, il lance sa propre marque de moto, Mash. Sur une intuition : le vintage sera une tendance forte dans le domaine des deux roues, et il y a un marché pour des motos abordables, hors des grandes marques du secteur.
Fondateur de Mash
L’équation Mash n’est pourtant pas simple : sur un châssis et un moteur chinois, les équipes de la Sima conçoivent la fourche et l’habillage, dans la tendance rétro recherchée. Le succès est au rendez-vous malgré une réputation de fiabilité mécanique pas toujours optimale. « Nous n’avons pas plus de problèmes avec nos motos Mash en matière de SAV, pas plus qu’avec les motos des grands constructeurs. La Chine a énormément progressé au niveau de la fiabilité », assure le directeur général. Aujourd’hui, Mash propose un catalogue très complet de cylindrées, un scooter électrique. La marque est distribuée dans près de 400 points de vente, et représente 30 % des 52 millions d’euros de chiffre d’affaires 2022 de la Sima.
Parallèlement à sa marque, Frédéric poursuit le business d’importation et décroche l’exclusivité de l’importation de la marque indienne d’origine anglaise Royal Enfield, avant la commercialisation de modèles à grand succès, la Hunter et la Super Meteor. « Nous sommes quasiment en rupture de stock sur ces modèles, qui se vendent très bien », précise Dominique Delsart. La marque Royal Enfield pèse 40 % du volume d’affaires de l’entreprise. L’historique italien, désormais chinois Moto Morini, fait également partie des marques distribuées par l’entreprise beaunoise, dont elle représente 15 % du chiffre d’affaires.
Quel avenir pour la Sima ?
La Sima ne compte pas s’arrêter là, malgré le décès de son patron emblématique. « Nous avons une assise financière solide, la confiance de nos banques, de nos fournisseurs et de nos revendeurs. Frédéric était très fier de nos équipes, et aujourd’hui, elles montrent qu’il avait raison de l’être en étant motivées à 110 % », estime-t-il. De la motivation, il en faudra pour conduire à bien les nouveaux projets de la SIMA : le lancement de deux 125 cm3 pour soutenir la marque Mash, et celui d’une gamme de vélos, classiques et électriques. « Nous allons mettre sur le marché 5 à 6 modèles de vélos à la fin du premier semestre de cette année. Ce sont des vélos conçus par nous et réalisés en Tchéquie et au Portugal. C’est un galop d’essai, mais nous essayons de reproduire les ingrédients du succès de Mash : des vélos design, bien équipés et à prix raisonnable », poursuit le directeur général.
L’avenir de la Sima et de ses 48 salariés semble pour l’heure tout tracé, dans le droit fil de l’action de Frédéric Fourgeaud. La succession familiale paraît également assurée : les deux fils de Frédéric, Jules et Hugues, souhaitent garder l’entreprise, Jules songeant à en prendre la direction d’ici trois ans. Pour que l’aventure lancée par son père se poursuive, au-delà de lui.