Inaugurée mi-avril, la centrale a déjà atteint près de 80 % de son objectif de production de méthane. À partir des boues provenant des eaux usées, elle produit un biogaz, qui est raffiné en méthane pur pour être injecté dans le réseau GrDF. Elle fonctionne, peu ou prou, comme un estomac de ruminant géant. Découverte !
Produire de l’énergie à partir des boues d’épuration, qui sont elles-mêmes le résidu du fonctionnement de la station d’épuration des eaux usées métropolitaine, tel est l’objet de la nouvelle installation de méthanisation des boues de Dijon Métropole. Inaugurée le 14 avril dernier, elle a déjà atteint environ 80 % de ses objectifs de production, à savoir 10 GWh/an, l’équivalent des besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire de près de 4 000 foyers de la métropole, soit 2 % des habitants de celle-ci. « Nous peaufinons les différentes étapes de fonctionnement et devrions atteindre très rapidement le plein potentiel de nos installations », estime Thibaud Coralli, responsable investissements et patrimoine chez Suez France.
Suez a construit l’usine de méthanisation, qui produit du biogaz, lequel est purifié en biométhane dans des installations de purifications, construites par Dijon Métropole. Au total, le chantier a mobilisé 18 millions d’euros, 15 pour l’usine de méthanisation, et 3 pour l’unité de purification. Le biométhane produit est directement injecté dans le réseau commun GrDF. « Nous espérons vendre pour environ 1 million d’euros annuels de biométhane à GrDF », estime Antoine Hoareau, vice-président de Dijon Métropole en charge de l’eau et de l’assainissement.
📸 On vous explique son fonctionnement en images
- Réception des boues d’épuration. Celles-ci arrivent sous forme liquide, déjà agitée, dans un local où elles sont chauffées. L’odeur, au sein de ce local est très forte, mais totalement contenue, grâce à un double système de filtration de l’air. À l’extérieur, aucune odeur. ⤵️
- Outre les boues d’épuration, la station peut traiter les résidus provenant de l’industrie agroalimentaire. La station est équipée d’un procédé d’hydrolyse thermique des boues – une première en Région Bourgogne-Franche-Comté. Cette technologie permet de traiter des matières issues de l’industrie agroalimentaire, en accélérant la digestion des boues et en améliorant leur déshydratation. La station peut traiter 6 600 tonnes de matières issues de l’industrie agroalimentaire. Celles-ci passent dans un système de vis sans fil, pour en éliminer les déchets indésirables, notamment plastiques, et est ensuite envoyée dans les tours de méthanisation. Mais, si Dijon Métropole avait, initialement, l’ambition de faire payer les industriels pour traiter leurs déchets, le développement croissant de la méthanisation, et donc la compétition pour les matières premières font que celle-ci ne songe plus à faire payer ce service. ⤵️
- Les boues d’épuration sont chauffées entre 120 et 150°C, par le biais d’une chaudière vapeur, alimentée directement, après la phase de mise en fonctionnement, par le biogaz produit par les méthaniseurs. ⤵️
- Elles sont ensuite envoyées dans l’une des deux cuves de méthanisation, où elles resteront à fermenter durant une vingtaine de jours, en étant agitées régulièrement par un système de pales. C’est cette fermentation qui produit le biogaz, lequel est capté puis envoyé vers des gros tuyaux métalliques. À l’immédiate proximité des cuves, une légère odeur de méthane se fait sentir. Les deux cuves sont installées au sein d’enceintes de protection, pour faire face à un hypothétique débordement. La fermentation se fait à basse pression, contrairement à d’autres types de méthaniseurs. L’immense avantage c’est que si la double paroi venait à connaître une fuite, il ne s’échapperait que très peu de gaz, sans pression. ⤵️
- Le biogaz est envoyé vers l’unité de purification de Dijon Métropole, où le biométhane est séparé du gaz carbonique, lequel est rejeté dans l’atmosphère. « Nous réfléchissons à une manière de capter le CO2 mais pour le moment nous n’avons pas de solution satisfaisante, nous le rejetons. Mais il faut comprendre que de toute manière bien plus de CO2 aurait été émis, naturellement, après l’épandage des boues si celles-ci n’étaient pas traitées. C’est ce que détaille le bilan carbone global. La filière complète de traitement des boues ainsi modernisée passe de +1 342 tCO2 émis/an à -1 694 tCO2 émis/an essentiellement grâce à la production de biométhane », détaille Antoine Hoareau. ⤵️
- Le biométhane pur est injecté dans une canalisation GrDF, située à l’immédiate proximité de l’unité de méthanisation. Le gaz va alimenter les foyers dijonnais. Les boues résiduelles sont destinées à être épandues. Leur volume représente la moitié du volume en entrée. ⤵️