Le Tour de France cycliste proposait une étape 100% Jura, ce vendredi 21 juillet, entre Moirans-en-Montagne et Poligny. Des milliers de spectateurs sont venus applaudir le peloton, à deux jours de l’arrivée sur les Champs-Élysées, et la traditionnelle caravane du Tour de France. La rédaction de DijonBeaune.fr a vécu la 19e étape de la Grande Boucle à bord de ce cortège de plus de 150 véhicules. Suivez-nous.
Vendredi 21 juillet 2023, 19e étape du Tour de France 2023. 9h00. À Moirans-en-Montagne (Jura), le parking de l’usine Smoby est en effervescence. C’est là que les organisateurs d’ASO, le patron du Tour, ont décidé d’installer le parking technique de la caravane du Tour de France. Une à une, les marques prennent possession des lieux. Valentin s’affaire. Il gère la caravane Krys, l’un des partenaires majeurs de la Grande Boucle. « Chaque matin, c’est le même rituel. Nous chargeons les chars des cadeaux que nous allons distribuer sur le parcours. Nous sommes très attendus. Cette année, Krys aura lancé 400 000 bobs sur le Tour de France et le Tour de France Femmes. Nos 13 caravaniers nettoient les chars, chargent leurs affaires, leurs paniers repas, leurs boissons. C’est aussi ici que nous faisons les tests son, car une fois que nous aurons rejoint le village du Tour, interdit de faire de bruit jusqu’au départ. » Des années que Valentin travaille au cœur de cette caravane, et le plaisir est intact. « J’y ai même rencontré ma compagne ! »
10h30. Un attroupement soudain, tout ce qu’il y a de plus amical. « C’est l’heure de la choré », entend-on à droite, à gauche. Chaque jour, tous les animateurs de la caravane se rassemblent une demi-heure avant le départ sur le village de la caravane publicitaire. Hugues, le DJ en chef, monte le son. « C’est l’occasion de se retrouver, de rigoler, de faire un petit réveil musculaire aussi avant de monter dans les véhicules, et de partir pour les 4 à 5 heures de route qui nous attendent aujourd’hui. Vous savez, c’est physique, une étape sur un char ! » Les danses s’improvisent, avec un dénominateur commun : la bonne humeur. Ce matin, Roro est à l’honneur. Il fête son vingtième Tour de France, et il aura droit d’exécuter la chorégraphie sur le char : « Je m’y attendais, mais pas aujourd’hui ! »
11h. Kevin s’installe dans l’un des cinq véhicules de la marque Krys. L’opticien est le partenaire du maillot blanc, synonyme de meilleur jeune coureur du classement général : il s’agit actuellement de Tadej Pogačar (UAE Team Emirates). Kevin vient de Saint-Malo. « Je travaille toute l’année dans un collège. Depuis trois ans, je profite des vacances d’été pour travailler sur la caravane du Tour de France. C’est une formidable aventure humaine. » À l’arrière, l’une des hôtesses de la marque prend place, les harnais sont vérifiés. « Les routes peuvent être sinueuses et la vitesse parfois élevée. Sans compter que certains spectateurs n’hésitent pas à tenter de leur prendre les cadeaux dans les mains. Alors l’équipement de sécurité est très important. » Prêt ? En voiture, Simone !
12h. Une heure déjà que le cortège long d’une dizaine de kilomètres s’est élancé. Soudain, plus de son, plus d’image. « Pendant les trois prochains kilomètres, nous n’aurons plus le droit de mettre de musique, ni de lancer de goodies. Nous sommes entrés dans une zone naturelle protégée. Notre musique pourrait effrayer les animaux, et les emballages et les cadeaux non ramassés peuvent polluer les lieux. Alors on se tait, on roule, et on attend le feu vert de l’organisation pour reprendre. » Ce feu vert, c’est Valentin qui le donnera dans la radio, le seul de la caravane Krys à être en liaison permanente avec les équipes d’ASO.
13h. Un véhicule noir slalome entre les chars. « C’est la sécurité, ils s’assurent du bon déroulement de notre avancée. Ils veillent au moindre souci, ils traquent aussi les comportements dangereux parmi les véhicules. Un peu plus tard, on les croisera sans doute arrêtés en bord de route, ils seront en train d’observer la bonne tenue de l’ensemble du cortège. Tous les matins, ce sont eux aussi qui effectuent des contrôles d’alcoolémie au hasard au sein de la caravane. » La règle est simple : 0 à l’éthylo, sinon ciao !
13h30. C’est l’heure de la « pause technique ». « C’est l’occasion de se dégourdir les jambes. Il faut s’arrêter le moins longtemps possible, car après nous avons obligation de reprendre notre place dans la caravane. Plus il y a de convois à remonter, plus c’est complexe. Surtout que quand nous remontons les files, nous n’avons pas le droit de distribuer de cadeaux au public. »
14h. Orgelet est en ligne de mire. Au loin, la foule. Le visage de Kevin se fige. « Il faut être vigilant à chaque seconde. Vigilant au gamin qui lâche la main de ses parents pour suivre un cadeau tombé sur la route. Les hôtesses ont pour consigne de les jeter derrière la foule, afin d’éviter un mouvement vers les chars. Mais aujourd’hui il y a du vent, et c’est compliqué. La foule est plutôt disciplinée, mais l’excitation de notre passage peut entrainer des comportements qui deviennent dangereux. Les bords de route sont sécurisés, mais il faut avoir les yeux partout. » Devant. Derrière aussi. Kevin ferme la marche du convoi Krys, c’est lui qui signalera toutes les remontées de véhicules qui peuvent être amenés à doubler le convoi. « J’ai aussi un œil en permanence sur mon hôtesse, pour m’assurer que tout est ok. » Ça fait trois yeux ça, non ?
15h. « Merci pour les cadeaux ! » Un message griffonné par un petit bonhomme sur le couvercle d’une boite à chaussure. Un sourire, un bob lancé. La caravane entame la seule difficulté du jour, une côte de troisième catégorie. Nous sommes à 30 km de l’arrivée. Le conseil départemental du Jura a distribué des dizaines de t-shirts. Devant nous, une marée jaune. La ferveur, les stands de merguez en bord de route, l’apéro entre copains, les campings-car venus des quatre coins de France, de Belgique aussi, des amitiés qui se sont nouées ici les années précédentes : c’est ça, le Tour de France. Thibaut Pinot, le régional de l’étape, a les faveurs des banderoles. Comme un peu partout aux quatre coins de l’hexagone, d’ailleurs !
16h. La ligne d’arrivée est proche. Poligny, la capitale du Comté, est sens dessus dessous. Et pour toutes les équipes de la caravane, c’est déjà le début d’une nouvelle étape. « Nous ne voyons rien de la course, nous voyons quasiment jamais les coureurs. » Et pour cause, direction un parking technique à environ 5 kilomètres du village d’arrivée. Là, les véhicules qui ne sont pas autorisés à rouler sur route ouverte seront chargés sur des porte-chars. Pendant ce temps, les hôtesses chargent déjà les cadeaux pour la journée de demain. L’hôtel est encore loin. Ce soir, ils dormiront à Belfort, à 2 heures de route.
➡️ Tour de France 2023, étape 19 : Moirans-en-Montagne – Poligny. Vainqueur : Matej Mohoric.