« Nous aimons le train. Faites-nous aimer la SNCF ! » Ce mercredi 4 octobre, François Rebsamen (maire de Dijon), François Sauvadet (président du Département de la Côte-d’Or), Anne Vignot (maire de Besançon) et Christine Bouquin (présidente du Département du Doubs) signent une tribune à l’attention du patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.
Par François Rebsamen, maire de Dijon, Anne Vignot, maire de Besançon, François Sauvadet, président du Département de la Côte-d’Or, et Christine Bouquin, présidente du Département du Doubs.
« En 2020, en raison du Covid, la SNCF a suspendu, parmi d’autres, la desserte TGV Mulhouse-Lille via Belfort-Montbéliard, Besançon, Dijon, Montbard, Marne-la-Vallée et Roissy. « On n’annule pas, on suspend, le temps de la crise sanitaire », promettait en 2020 la porte-parole de la SNCF. La compréhension était naturelle : la France était à l’arrêt et la situation tragique. Trois ans plus tard, cette desserte n’est toujours pas rétablie. Pourtant, la SNCF annonce un été record avec 24 millions de voyages et +10% de billets vendus sur les grandes lignes ; plus encore, le tourisme en atteste : « la façade Atlantique et la Méditerranée ont été particulièrement plébiscitées cet été, tandis que la croissance est tirée par des destinations vertes, notamment les Alpes, la Bourgogne et l’Alsace ».
Cette suspension commence à durer : elle est profondément néfaste à l’attractivité européenne et internationale, économique, universitaire, sociale et culturelle de nos territoires. Côté SNCF, on jure que l’affaire n’est pas rentable. Rien ne le prouve et les interrogations sont nombreuses. Certes, la SNCF a des impératifs financiers. Mais l’argument est-il pour autant le seul à prendre en compte ? La SNCF entend-elle bientôt « suspendre » d’autres lignes pourtant plébiscitées par les voyageurs, mais considérées comme déficitaires alors-même que les trains seraient pleins ? Les enjeux stratégiques liés à l’écologie, à l’attractivité, au tourisme, à l’aménagement d’un territoire et aux besoins de la population ont-ils si peu de poids ?
La situation a quelque chose de très désagréable, une sorte de tromperie sur le dos du Covid, pour nous totalement inacceptable. Elus, responsables et représentants de nos territoires, nous réaffirmons notre attachement au train qui, plus que jamais, est un mode de déplacement écologique et donc, d’avenir. Aujourd’hui, soutenus par les acteurs économiques, universitaires et la population, nous unissons nos voix pour réclamer le rétablissement de la desserte quotidienne TGV Mulhouse-Lille. Elle est cruciale pour l’avenir de notre région et de ses habitants et il n’appartient pas à nos collectivités d’en payer le prix fort.
La Bourgogne et la Franche-Comté ont joué dans l’histoire de l’Europe un rôle central. Rassemblées, elles forment aujourd’hui une région – la 4ème exportatrice de France – qui a tout simplement besoin d’être aujourd’hui reliée aux grands centres économiques de l’ouest de la France et du nord de l’Europe tels que Lille, Londres, Bruxelles ou Amsterdam. Sans desserte ferroviaire qui nous relie directement aux grandes villes européennes ou à un aéroport international, comment projeter le développement de nos territoires ?
Certains combats sont à la croisée des chemins. Si on ne les mène pas, on le paie pendant longtemps et de manière irréversible. Comment est-il possible d’ignorer l’appel des élus, des décideurs économiques et universitaires et de la population de nos villes et départements qui représentent 1,2 millions d’habitants ? Rétablir cette desserte, c’est investir dans l’avenir, c’est créer des opportunités pour nos citoyens et préserver notre environnement.
Bien plus qu’une voie ferrée, la ligne Mulhouse-Lille incarne la promesse d’un avenir pour notre région. S’en passer n’est pas une option. Tous les jours, de fidèles usagers de la SNCF pestent contre les retards, les trains annulés, le manque d’information des voyageurs.
Oui, nous préférons le train ; Monsieur Farandou, faites-nous aimer la SNCF. »