Dans l’écoquartier Arsenal, le groupe d’ingénierie et d’immobilier dijonnais Elithis signe sa première tour d’habitation à énergie positive dijonnaise, près de 15 ans après la première tour qui jouxte l’Auditorium de Dijon.
Elle se dresse, du haut de ses 57 mètres, à quelques encablures du port du canal, avenue Jean Jaurès. La tour Elithis Arsenal, inaugurée en octobre dernier, ne laisse pas indifférent et modifie significativement la « skyline » dijonnaise. C’est là un de ses objectifs : témoigner. Témoigner de la possibilité de densifier la ville, en misant sur les tours, tout en s’inscrivant dans les problématiques de l’époque et du futur, à savoir les économies d’énergie. Car cette tour de 16 étages d’habitations, surplombée de deux étages à usage collectif, est aussi la première tour à énergie positive de Dijon, et l’une des premières en France. La tour Arsenal produit théoriquement plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
Ce petit miracle, elle le doit d’abord à 300 m2 de panneaux solaires, classiques, installés au sommet de la tour. Ceux-ci ménagent une sorte de préau semi-ouvert accessible aux habitants, un rooftop dirait un promoteur, tout en produisant de l’énergie, revendue à EDF. Le groupe dijonnais Elithis a également déployé tout son savoir-faire pour optimiser les performances énergétiques du bâtiment. « Sa forme a été pensée pour que le vent l’englobe, un peu comme on travaille le coefficient de pénétration dans l’air dans l’industrie automobile. Moins le bâtiment offre de prise au vent, plus son étanchéité à l’air est facile à maintenir », détaille Thierry Biève, PDG d’Elithis. L’immeuble, revêtu d’aluminium dont le motif est censé rappeler les toits bourguignons, abrite également une isolation de haut niveau, avec 20 cm de laine de roche. Enfin, le point est d’importance, il est relié au réseau de chaleur urbain pour l’eau chaude sanitaire et le chauffage.
Un pari sur les comportements
Les 59 appartements locatifs de la tour Arsenal déploient également des principes de conception et de fonctionnement bioclimatiques. Ils bénéficient, pour nombre d’entre eux, d’une double exposition, permettant non seulement de réduire le besoin de lumière artificielle, mais aussi de favoriser la circulation d’air à tout moment. Surtout, chaque logement s’appuie sur une série de capteurs pour optimiser leur fonctionnement. « Nous encourageons le comportement vertueux des locataires à travers notre application mobile Aladhun. Celle-ci peut, par exemple, prévenir d’une consommation anormale d’eau, ou alerter quand le soleil tape fort sur la façade au risque de trop réchauffer les appartements », détaille Laureen Baret, cheffe de projet énergie et gestion des données chez Elithis. Chaque fenêtre est équipée d’un store automatisé, aux lames orientables, pour occulter celle-ci au besoin.
Le pari d’Elithis repose autant sur la conception de la tour, que sur le comportement de ses habitants. Outre l’application de coaching Aladhun qui les guide, le groupe les incite à un usage vertueux à travers une prime annuelle, pouvant monter jusqu’à 200 euros, récompensant leur faible consommation de ressources. « Nous avons travaillé avec des sociologues pour déterminer le meilleur moyen de mobiliser les habitants. Il se trouve que c’est une gratification financière », analyse Thierry Bièvre. Conséquences de ces divers dispositifs, Elithis estime que, comme dans un immeuble construit récemment par le groupe à Strasbourg, 6 logements sur 10 afficheront une consommation nulle. Les locataires n’auront au pire à s’acquitter que de quelques euros de facture mensuelle, alors même que les loyers demeurent raisonnables : comptez 750 euros par mois pour un T2, 810 euros pour un T3.
Pour renforcer encore son offre, Elithis a réservé les deux derniers étages de la tour Arsenal à des usages collectifs : plusieurs salles climatisées – les seules du bâtiment – sont proposées en accès libre pour du coworking ou comme salle de sport. Le préau accueille des réunions conviviales des habitants qui disposent même d’un… pont de bronzage avec vue imprenable sur la ville.
Plus c’est simple, mieux c’est !
14 ans après la tour Elithis 1, un immeuble de bureaux à énergie positive situé à côté de l’Auditorium de Dijon, le groupe dijonnais a beaucoup appris pour parvenir à proposer de l’habitat à énergie positive. Le coût de construction de la tour Arsenal (16 millions d’euros) se situe dans la fourchette de celui des logements neufs de cet écoquartier grâce à l’optimisation des matériaux, notamment l’utilisation de matériaux de réemploi. Autre innovation, les salles de bain sont fabriquées industriellement par un sous-traitant qui les livre montées, en un bloc qu’il suffit d’insérer dans le logement.
« L’approche industrielle permet d’améliorer la qualité et d’abaisser les coûts », assure Thierry Bièvre. Elithis a surtout beaucoup appris au regard de l’éventuelle complexité des dispositifs de régulation thermique et d’énergie avec un mot d’ordre, simplifier pour rendre plus efficace. « Pour donner un exemple, nous avons 5 systèmes de régulation thermique au sein de la tour de bureaux Elithis 1, contre 2 au sein de la tour Arsenal. En conséquence, nous demandons un peu d’adaptation aux habitants, quelques jours par an, lors des très fortes chaleurs ou des grands froids. Mais la simplification nous permet d’abaisser considérablement le coût de fonctionnement et de maintenance », poursuit le PDG d’Elithis.