Dimanche 12 novembre, une trentaine de domaines japonais présenteront leurs vins à la chapelle de l’Oratoire à Beaune. Onze d’entre eux sont venus spécialement sur place. Une grande première en Bourgogne et la promesse d’un beau voyage que l’on doit à Motoki Genki Iwasaki. Le jeune œnologue installé sur place présente ici les domaines invités, par ordre géographique, du nord au sud.
1. De Montille & Hokkaido (province d’Hokkaido)
Vigneron réputé de Volnay, Etienne de Montille est tombé en amour du pinot noir japonais après avoir rencontre l’un des spécialistes locaux de ce cépage, Takahiko Soga. Il a alors investi l’île d’Hokkaido, au nord de l’archipel, dès 2016. Le domaine De Montille & Hokkaido est en train de finaliser une spectaculaire cuverie, avec une vue sur la baie d’Hakodate. 7 ha sont plantés pour l’instant, avec un objectif assumé de 25 à 30 ha, sous la conduite d’un chef de culture français, Baptiste Pagès. « Le domaine produit un pinot noir japonais de style bourguignon, avec finesse et élégance, dans un style des années 1990 où il faisait froid en Bourgogne », analyse Motoki Genki Iwasaki, en bon spécialiste.
2. Woody Farm & Winery (Yamagata)
Cette ferme qui produit aussi quantité d’autres fruits (cerise, poire, myrtille) a commencé à cultiver le raisin à la fin des années 1970 d’abord pour le vendre au négoce local. Sa première vinification remonte à 2013.
Son vin fétiche : Cabernet Sauvignon « Yoshio » 2019. Vieilles vignes de 45 ans, de très rares vignes « Vitis vinifera » au Japon. Au nez, liqueur de cassis, myrtille. Tanins présents mais bien fondus.
3. Coco Farm & Winery (Tochigi)
Dans les années 1950, une parcelle a été plantée de vignes sur un versant très pentu de la montagne d’Ashigaka, par une école d’insertion pour personnes handicapées et son fondateur M.Kawada. Bruce Gutlove, un Américain considéré comme le messie du vin ici, aura beaucoup fait progresser cette exploitation et aura entraîné dans son sillage toute une génération de winemakers. Cette parcelle fondatrice est aujourd’hui l’une des plus reconnues au Japon.
Son vin fétiche : Dai-Ichi Gakusyo 2013. Issu d’un cépage noir hybride japonais muscat Bailey A de la première parcelle du domaine. Cultivée sans herbicide depuis le début. Vendangé à la main. Elevage dans un demi-muid de 500 litres, qui est la totalité de production. Ni collé, ni filtré. Fraise confite, figue fraiche, muscade, rose. Tanins très fins, long en bouche. Une des meilleures expressions du cépage japonais muscat Bailey A.
4. Domaine Fermier (Niigata)
Le pionnier de l’albarino au Japon. Ce domaine posé sur une dune de sable côtière, au bord de la mer du Japon, a misé très tôt sur ce cépage espagnol provenant de Galice. On le considère comme l’équivalant du Muscadet en France, avec des arômes fruités, une forte acidité souvent calmée par un caractère minéral.
Son vin fétiche : El Mar Albarino 2022. Albarino provenant de la parcelle au bord de la mer, terroir sableux. Poire, pomme, zeste d’orange. Acidité très longue et minéral.
5. Kusunoki Winery (Nagano)
Shigeyuki Kusunoki a travaillé pendant 20 ans dans le commerce international, très loin du monde du vin. Il est revenu dans sa région de Nagano, au centre du pays, et a fondé son domaine en 2010 à l’âge de 52 ans après des études en Australie. On retrouve dans son exploitation plusieurs cépages bien connu des Français : chardonnay, sauvignon, pinot noir, merlot etc.
Son vin fétiche : Hitakihara 2022. Assemblage sauvignon et sémillon, style Bordeaux blanc. Un vin qui, selon son géniteur, se marie le mieux avec la cuisine japonaise. Les arômes ne sont pas spectaculaires, mais il y a de la complexité, une profondeur indéniable et une longueur tout en subtilité.
6. Nagomi Vineyards (Nagano)
Toshihiro Iké, ex-ingénieur en informatique, a commencé comme viticulteur de raisin de table en 2010 avant de vinifier pour la première fois une partie de sa production en 2016. En nature quand c’est possible, sinon sulfitage en dose minimale.
Son vin fétiche : Chardonnay oak 2021. Un chardonnay fermenté en fût, avec des levures indigènes. Élevage 1 an puis mis en bouteille sans collage ni filtrage. Un fruité ample avec des notes de bois bien fondues.
7. Château Mercian (Yamanashi)
Fondé en 1877, il est le véritable premier producteur de vin japonais. Le premier domaine à avoir gagné une médaille d’or dans un concours international, en 1966, avec leur Mercian 1966, en Bulgarie. Aujourd’hui, Château Mercian est une marque très élargie (40 ha au total), avec trois sites de production dont un à Yamanashi et deux à Nagano.
Son vin fétiche : Fuefuki Koshu Gris de Gris 2021. Avec sa peau rosée, le koshu est le seul cépage autochtone japonais a être issu de l’espèce vitis vinifera que l’on connait en Europe.
8. Université de Yamanashi (Yamanashi)
En 1947, le gouvernement japonais a créé le premier institut dédié à l’œnologie et à la viticulture, dans une logique de reconstruction économique après-guerre. L’université de Yamanashi est depuis une précieuse base académique nationale en la matière. À Beaune, elle fera voyager quelques cuvées expérimentales en collaboration avec les domaines de Yamanashi.
9. Kitani Wine (Nara)
Banquier reconverti, Kazuto Kitani a eu une révélation après une visite de la Katashimo Winery, dont le vin sera présenté au salon également. Après un nécessaire apprentissage, il signe son premier millésime en 2017. La construction de sa cuverie est achevée en 2022 et il vinifie là-bas depuis, tout en achetant du raisin. Le cépage blanc Delaware, qu’il vinifie aussi en pétillant, est majoritaire.
10. Domaine Tetta (Okayama)
Fondé en 2016. Un des rares vignobles cultivés sur le sol calcaire au Japon. Lutte raisonnée, engrais minimal ou zéro selon les parcelles.
Son vin fétiche : pinot noir 2022. L’expression japonaise du pinot noir sur le calcaire. Framboise, finesse, léger mais élégant. Face au climat japonais complexe, le domaine fait de ce cépage un vin rosé dans les années compliquées.
11. Fukuyama Winery (Hiroshima)
Kazuaki Furukawa est cuisinier de métier, passé par la très réputée école Tsuji, qui forme les plus grands chefs japonais. En France, il a connu de jolis bistrots du beaujolais et le très haut niveau à L’Assiette champenoise (2 étoiles Michelin à l’époque, 3 aujourd’hui). De retour au Japon en 2011, il a monté son restaurant tout en rêvant de servir son propre vin. Avec des clients associés au projet, il a ainsi monté en 2016 cette winery spécialisée dans les vins effervescents. Avec la bénédiction de monsieur Anselme Selosse, s’il vous plait !
Son vin fétiche : Beni no Utakata 2016. Un rosé effervescent du cépage muscat Bailey A en méthode champenoise. 15 mois d’élevage sur lattes.
Salon des vins japonais, dimanche 12 novembre de 10h à 19h – Chapelle de l’Oratoire, rue de Lorraine à Beaune. Entrée : 8€ (2€ remboursés si la fiche de dégustation est bien remplie).