La 163e vente des vins des Hospices de Beaune débute ce dimanche 19 novembre à partir de 14h30. 753 pièces de vin à passer sous le marteau de Sotheby’s, un record de 29 millions d’euros à battre et la cause du bien vieillir sont en ligne de mire.
Beaune s’éveille doucement, l’esprit encore engourdi par les dégustations de la veille. Au même moment, l’habituelle conférence de presse d’avant-vente réunit ses principaux acteurs. Denis Duverne et Jean-Marc Lemaitre sont aux premières loges. Le président du conseil de surveillance de la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) et le directeur scientifique de l’association Initiative de Recherche pour une Longévité en Bonne Santé (IRLB) espèrent voir la pièce de charité s’envoler pour leur cause, en l’occurence « vieillir plus longtemps et en bonne santé ». Tous les espoirs reposent sur un Mazis-Chambertin, enfermé dans son fût issu du même bois que la flèche de Notre-Dame.
Les fonds récoltés permettront de lutter contre ces maladies neurodégénératives qui touchent un million de personnes en France et toute une population d’aidants. La FRM veut faire travailler ses experts autour d’une horloge biologique très précise qui, sur la base d’une simple prise de sang, permettrait d’identifier les marqueurs anormaux du vieillissement et d’agir en conséquence.
L’IRLB entend de son côté créer à Montpellier un institut de la longévité en bonne santé, où la recherche sur la sénescence croiserait les sujets de l’alimentation et de l’exercice physique. Les deux associations seront représentées in situ par Thierry Lhermitte et Michel Cymès. Les parrains sont tout juste arrivés à Beaune ce dimanche.
Sotheby’s dans les starting blocks
Guillaume Koch, le nouveau directeur des Hospices civils de Beaune, représente l’institution hospitalière et ses 1500 employés. Remet dans son contexte cette vente de charité. « Mes cousins américains de Seattle connaissent la Vente des Hospices. Mais nous parlons avant tout d’un établissement de santé public, qui concerne un bassin de 110 000 habitants avec les hôpitaux de Beaune, Seurre, Nuits-Saint-Georges et Arnay-le-Duc. Soit 1 000 lits et places, allant de la maternité et ses 700 naissances aux services de gériatrie et de rééducation. » Les Hospices pilotent actuellement un projet à 95 millions d’euros pour un nouveau bâtiment d’hospitalisation beaunois, la reconstruction de l’hôpital d’Auxonne (25 millions d’euros) et la prise en charge de son patrimoine immobilier.
Les équipes de Sotheby’s France sont au courant de l’enjeu. Pour la troisième année, l’opérateur de l’événement est dans les starting-blocks. Sa directrice générale Marie-Anne Ginoux est en Bourgogne depuis plusieurs jours et a vécu son premier chapitre des Trois Glorieuses, la veille au château du Clos de Vougeot, encore ébahie par le concert du prodige américain Matthew Whitaker. Son acculturation à la Bourgogne passe aussi par ce genre de réjouissances, alors que la plus forte progression des ventes chez Sotheby’s ces dix dernières années concerne les vins de Bourgogne.
D’un Master of Wine à l’autre
Sotheby’s a en outre profité du moment pour remercier Jasper Morris. Depuis plusieurs années, le plus bourguignon des experts anglais accompagnait le domaine des Hospices de Beaune et l’opérateur de la vente dans les dégustations internationales, en qualité de consultant et bible sur le sujet. Sa consœur Master of Wine, Jeannie Cho Lee, prendra le relai dès l’an prochain. Avec de tels ambassadeurs, les vins des Hospices sous sont bonne garde.
Sotheby’s toujours : parmi les trois femmes commissaires-priseurs à se relayer au marteau aujourd’hui, la halle de Beaune verra à l’œuvre une certaine Jeanne Calmont qui, à un « e » près, collait parfaitement à la thématique du jour.
Ludivine Griveau-Gemma est concernée de près par la problématique du vieillissement. La santé de ses vignes préoccupe au plus haut point la régisseuse du domaine des Hospices de Beaune, alors qu’elle achève un cycle de conversion en bio, dont les vertus profiteront aux acteurs des 60 hectares de vignes (23 vignerons) jusqu’aux dégustateurs. Un audit en décembre décidera officiellement si le millésime 2024, son dixième déjà ici, peut revendiquer le label AB.
Limiter l’ardeur des vignes
Pour l’heure, 2023 a fait office de sacré test. « Tout n’était pas gagné », résume la vigneronne, qui a fait débuter les vendanges le 8 septembre avec ses chardonnays. Mettre 753 pièces à la vente contre 802 l’an dernier, dans une année aussi généreuse et alors que la Bourgogne et ses 32 000 hectares approchent les deux millions d’hectolitres, cela s’explique simplement : « Nous avons limité l’ardeur de vignes anormalement vaillantes dans ce contexte climatique. »
Et d’assumer le choix d’un tri drastique dans les vignes, pour ne garder que les meilleurs fruits. En la matière, c’est encore dans les vieux ceps qu’on fait les meilleurs vins. D’ailleurs, « comment la vigne fait-elle ? », s’étonne encore, songeuse, Ludivine Griveau-Gemma face à ce miracle permanent. Et qu’en diraient Nicolas Rolin et Guigone de Salins ? Le couple le plus célèbre de Beaune se mariait il y a tout juste 600 ans. Cela ne nous rajeunit pas.
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