Avec 753 pièces de vins vendues ce dimanche 19 novembre, la 163e Vente des vins totalise plus de 23,2 millions d’euros. Ça vole toujours aussi haut sous la halle de Beaune.
23,2 millions d’euros, c’est bien ou pas ? La question parcourt Beaune et les suiveurs de la Vente des vins, au lendemain d’une 163e édition qui donnerait presque l’illusion d’avoir adouci la fièvre des bourgognes, un an après un record mondial. La grand-messe beaunoise aurait donc réussi l’exploit, par l’inévitable jeu des comparaisons récentes, de faire des déçus quand elle récolte une vingtaine de millions d’euros pour financer son modèle hospitalier. En 2018, on vendait 828 pièces de vin contre 14,2 millions d’euros. Qui se souvient encore qu’en 2005, pas le pire des millésimes bourguignons, Christie’s ouvrait l’ère des grandes maisons de vente à Beaune avec à peine 5 millions dans les caisses ? Impensable à notre époque.
Cette année, vu le contexte du millésime, les vins de Ludivine Griveau-Gemma valaient encore mieux, défendait pourtant le maire Alain Suguenot, un peu décontenancé aussi par le rythme de cette édition, interrompue une quinzaine de minutes au mitan des hostilités suite à des problèmes techniques. Le niveau d’exigence s’est élevé lui aussi…
Regards vers l’Asie
Sotheby’s continue de propulser la vente beaunoise dans une autre dimension, parvenant à capter les demandes d’un monde secoué de toutes parts mais dont les élites ont toujours autant soif de vins exclusifs. L’Asie, plus que jamais, représente l’essentiel des convoitises étrangères. « Le marché est ici et pas ailleurs », glissait un fin connaisseur. Avec le recrutement de la très influente consultante Jeannie Cho Lee pour prendre la suite de Jasper Morris (voir notre vidéo à ce sujet), Sotheby’s a la garantie de s’adresser au haut du panier asiatique.
On ne sait plus trop, d’ailleurs, si l’acte caritatif est bien lisible par toutes les parties, ni ce qu’il représente vraiment dans cet élan de générosité en mondovision. Peut-être faudrait-il réfléchir à le valoriser différemment, à commencer par les associations récipiendaires de la pièce de charité. Le maire et le président des Hospices en a lui-même convenu.
Certaines choses ne changent pas en revanche. Les équipes d’Albéric Bichot, éternels premiers acheteurs, ont été aussi solides que les maisons de vins bourguignonnes. Ces dernières avaient annoncé à leurs clients une baisse sensible de 10 à 20% et n’ont pas été prises à défaut. Les cuvées superstars, elles, ne semblent pas redescendre de leur nuage : les Bâtard-Montrachet cuvée Dames de Flandres ont grimpé à 350 000 euros. Soit autant que la pièce de charité, elle revenue à un niveau plus conventionnel.