Le 10 mars prochain, le bénéfice de la vente de la pièce de charité des Hospices de Nuits-Saint-Georges ira au profit de la Fondation Clément-Drevon. Retour sur l’histoire singulière d’un organisme qui soutient la recherche et l’accompagnement des patients avec une fibre très territoriale.
D’abord, ne pas confondre clinique Drevon et Fondation Clément-Drevon. Même si les deux sont nées jumelles, en 1912, de la générosité d’une Dijonnaise atteinte de déficience visuelle. Touchée par le sort des plus démunis, Bernarde Drevon, veuve de Pierre Clément, fait alors don d’un terrain, d’une grande maison sur ce que sera le futur Cours général de Gaulle, et de pas mal d’argent.
Avec le docteur Domec, ils posent les bases de la « clinique ophtalmologique des pauvres ». Les histoires parallèles de l’établissement de soins et de la fondation traverseront les deux grandes guerres du siècle dernier et se poursuivront jusqu’au début des années 2000. Puis leurs chemins se sépareront.
Le millésime 2023, sous le contrôle du ministère de l’Intérieur et du Conseil d’État, marque même un tournant important pour la Fondation Clément-Drevon. Cette dernière revoit ses statuts et accueille un nouveau délégué général, Pierre Mostacci. L’ancien directeur de l’AGEF à Nuits-Saint-Georges (un ESAT), connu pour ses nombreuses implications associatives, Nuiton dans l’âme, est déjà pour beaucoup dans la mise en lumière qu’apportera le 10 mars prochain, la Vente des Hospices de Nuits.
La pauvreté étant devenue l’affaire de nombreuses associations, l’organisme se penche désormais sur trois directions bien identifiées : la mobilité des jeunes chercheurs, l’assistance aux malades et la valorisation des données de santé. L’établissement hospitalier a ainsi choisi la Fondation pour sa pièce de Charité. De fait, il soutient, une fois n’est pas coutume, une action très territoriale. Clément-Drevon, elle le revendique haut et fort, se penche en priorité des opérations et des chercheurs qui font rayonner la Bourgogne.
Une démarche de partage
Chaque dossier est passé au crible par le COSSAP (Comité de Suivi et de Sélection des Appels à Projets), composé de 13 membres dont 2 anciens doyens de la faculté de médecine, les professeurs Maurice Giroud et Henri Portier, tous bénévoles activement engagés dans leur mission. Il y a quelques mois, la Fondation a déjà favorisé le départ de 4 jeunes médecins-chercheurs dijonnais. Elle fera de même à la fin de cette année au profit d’un cinquième.
Ces aventuriers de la recherche partent avec femmes et enfants, une année durant le plus souvent, pour mener à bien des objectifs avec des équipes expertes, implantées dans le monde entier. « La démarche scientifique c’est d’abord une démarche de partage, un continuum », rappelle Maurice Giroud. Présentement, les domaines concernés vont de la prévention des carcinomes hépatiques à l’exploration du rôle des virus dans le cancer du côlon, en passant par l’évaluation des soins centrés sur la personne.
Une diversité qui se retrouve sur un plan géographique. Nos cerveaux ont entre 35 et 40 ans. Ils ont déjà derrière eux une quinzaine d’années d’études, doivent se rendre aux Etats-Unis, en Suisse, à Oxford ou à Angers. À chaque fois ce voyage au long cours les conduit vers de nouvelles avancées. Il rapproche certains d’entre eux du graal du métier, le statut convoité de professeur.
DiVa ou le modèle dijonnais
C’est le cas de Mathieu Blot. Ce professeur de 41 ans témoigne de son expérience hollandaise, alors qu’il était encore chef de clinique, dans la vidéo ci-dessus. Avant de partir, il lui a fallu trouver le financement, par tous les moyens possibles, de sa perte de salaire et de celui de son épouse, des frais de scolarité supplémentaires de leurs trois enfants sans oublier les frais inhérents à ses recherches. Soit un passage obligé par trois bourses. L’aide la Fondation, dont il n’a pas bénéficié à l’époque, n’aurait pas été de trop. Avant de trouver quoi que ce soit, chercher est souvent un parcours du combattant.
La Fondation Clément-Drevon, on l’a précisé plus haut, soutient aussi l’assistance au malade et la valorisation des données. Souvent, livré à lui-même et à une pathologie parfois très lourde, le patient peut emprunter des chemins hasardeux qui le remettent sur le chemin de l’hospitalisation. C’est ce que veut éviter le programme expérimental DiVa (Dijon Vascular Project), qui mobilise depuis 2018 près d’un millier de patients touchés à parts égales par des infarctus et des AVC. Conçue par les professeurs Giroud (neurologie) et Cottin (cardiologie), cette expérimentation territoriale repose sur un protocole de suivi de l’état des bénéficiaires, une fois qu’ils sont sortis de l’hôpital, en coordination avec différents acteurs du monde de la santé, pharmaciens, diététiciens ou infirmiers.
Les résultats sont encourageants. Ce modèle unique de recherche territoriale neuro-cardio-vasculaire pourrait bien faire école à l’échelle nationale. C’est dans la proximité qu’on trouve parfois les ressources de voir grand. En accompagnant la Fondation Clément-Drevon, les Hospices de Nuits-Saint-Georges en seront une bonne illustration. Rejoignez-là.