Le Festival Beethoven de retour à Beaune du 4 au 7 avril

Du 4 au 7 avril, Beethoven à Beaune fixe le cap à l’est. Pour rendre accessible au plus grand nombre la musique de chambre, le directeur artistique du festival, Sung-Won Yang, et son ami le vigneron chambollois Frédéric Mugnier ont concocté une partition romantique et pleine de surprises, dont une création mondiale…


Frédéric Mugnier et Nathalie Tollot, ici dans le domaine chambollois du président du festival, symbolisent l’engagement du monde viticole dans un événement destiné avant toute chose à la démocratisation de la musique de chambre. © Baptiste Paquot / DBM

Jeudi 19 avril 2023, salle Saint-Nicolas des Hospices de Beaune. Christophe Coin et Bertrand Cuiller convoquent Bach pour la « Beaune » cause. Emportés par la beauté et la profondeur de leur art, le violoncelliste et le claveciniste effacent un peu de la douleur qui a marqué pour l’éternité les murs de cette pièce autrefois réservée aux malades les plus gravement touchés.

Le début de l’Éternité

Quel autre endroit pourrait conjuguer autant d’émotions ? Quand les chemins de la musique croisent les chemins de l’histoire, un sentiment d’humanité retrouvée envahit les cœurs. En cette soirée inaugurale du festival Beethoven à Beaune, des mélomanes plus ou moins aguerris ont le sentiment d’être des privilégiés. Plus ou moins aguerris car ce public est à l’image d’un festival qui refuse le carcan élitiste des sachants, et s’adresse à des spectateurs prêts à être convertis. La musique est universelle, il est temps de rétablir cette vérité.

Le directeur artistique coréen du festival, Sung-Won Yang, et son ami le vigneron de Chambolle-Musigny Frédéric Mugnier, rejoints par d’autres soutiens, veulent en effet stimuler l’esprit d’ouverture à la musique de chambre. Durant quatre jours, à des prix défiants toute concurrence – de 10 à 25 euros le concert, selon la formule choisie – , ils proposent une programmation très exigeante.

Cette année, cap est clairement mis sur l’est. « Nous nous embarquons dans un voyage musical remarquable, explorant les sonorités riches et captivantes de l’Europe de l’Est, en harmonie avec notre cher Beethoven et des compositeurs que nous aimons », résume Sung-Won Yang. Trois compositeurs majeurs font ainsi leur apparition dans la programmation : Janáček, Dvořák et Messiaen.

Le Quatuor pour la fin du temps a été écrit par ce dernier alors qu’il était prisonnier d’un camp en 1940. Il clôturera la programmation, le dimanche 7 avril, toujours dans la belle salle Saint-Nicolas. Messiaen entrevoyait dans ce quatuor le début de l’éternité. Une œuvre transcendantale donc, interprétée par quatre musiciens exceptionnels : la violoniste Liza Ferschtman, la clarinettiste Han Kim, le pianiste Enrico Pace et Sung-Won Yang lui-même, dont le violoncelle sera une nouvelle fois le fil rouge du festival.

Momo Kadama et Sunhae Im, au festival Beethoven à Beaune en 2023. © Michel Joly

Les parfums de la comtesse

Les trois soirées qui précéderont ce grand moment de spiritualité se feront dans le cadre de la Lanterne Magique. Chacune réservera son lot de surprises. Jeudi 4 avril, par exemple, la curiosité se portera sur le Quatuor Ardeo, qui livrera les Lettres intimes écrites par Leos Janacek, à la toute fin de sa vie, en 1927, par amour pour Kalima Stösslovà. Le Tchèque avait 73 ans. Sa prétendante, mariée et mère de famille, 40 de moins ! Imaginez ce que l’on en dirait aujourd’hui…

Le vendredi 5 avril, les oreilles se prêteront à la découverte de L’impromptu pour violoncelle et piano écrit spécialement pour le festival par Éric Montalbetti, et joué par Sung-Won Yang et Enrico Pace. Cette création mondiale est la première commande d’œuvre du festival Beethoven à Beaune. « Une petite célébration du bonheur des rencontres insoupçonnées et de la poésie de l’inattendu », se plait-on à préciser. 

Frank Braley, compagnon régulier des célèbres frères Capuçon, passera ensuite de Brahms à Dvorak, avec son style atypique. Le pianiste français aime partager avec le public. Sa présence est la promesse d’un moment extraordinaire. On le retrouvera le lendemain, samedi, en spécialiste de Ludwig van Beethoven, avec la Sonate pour piano n°14 en do dièse mineur, opus 27 n°2, le fameux Clair de lune. Les parfums de la belle comtesse Guicciardi, dont le grand compositeur allemand était épris à la folie, vont se répandre dans la salle. Romantisme garanti.

Voilà pour l’essentiel de cette édition 2024 qui, à l’initiative de ses créateurs, s’exportera pour la première fois au Musée des Beaux-Arts de Dijon, pour une avant-première le jeudi 29 février (attention, jauge limitée), avant d’être présenté à Paris le lendemain, dans le cadre du musée Marmottan. Beaune et Beethoven invités chez Monet. On a vu pire comme affiche !

👉 Festival Beethoven à Beaune, du 4 au 7 avril 2024 – Infos pratiques, programmation et billetterie ici.