Le Creps de Bourgogne-Franche-Comté montre les muscles. Avec son tout nouveau Centre de performance et de préparation athlétique (C2PA), il se hisse à la hauteur des plus grands équipements nationaux. Vase olympique en mains, son directeur Pascal Bonnetain ne veut surtout pas casser le jouet. Bien au contraire !
Nom de code : Creps, pour Centres de ressources, d’expertise et de performance sportive. C’est dans ces structures, implantées en France dès les années 40, que se vit au quotidien le très haut niveau dans les régions. Ce bras armé sportif de la Bourgogne-Franche-Comté, dont la gouvernance est partagée avec le ministère des Sports, pilote ainsi toute sorte de projets en lien avec les évolutions du sport de haut niveau et des dispositifs de formation.
Dans le cadre de la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe), le patrimoine du Creps dijonnais a été transféré à la Région en 2016. Un patrimoine insoupçonné, au cœur d’un parc de 23 hectares, rue Pierre de Coubertin (tiens donc !). « À l’époque, les centres s’installaient dans des lieux atypiques, autour de châteaux ou de belles demeures bourgeoises. Ici, ce sont des Jésuites qui occupaient jadis le site », précise son directeur Pascal Bonnetain, vase olympique de Paris 1924 en mains.
25 millions investis
Ce petit paradis du sport a tout ce qu’il faut sur place : terrains de rugby et de football, pas de tir, dojo, piste de roller fraîchement rénovée, gymnases… Une fourmilière d’une centaine de personnes s’y met en action chaque jour, au service des quelque 250 athlètes qui viennent s’y entrainer, sans compter l’activité de la Maison de la performance qui assure le suivi d’un petit millier de sportifs (espoirs et haut niveau). « 160 places d’hébergement et un restaurant sont à disposition. Certains athlètes, mineurs principalement, restent à demeure le temps de l’année scolaire. D’autres viennent pour des sessions de stages, des sélections, des tests. » Ainsi va la vie du Creps de Bourgogne-Franche-Comté.
Depuis son arrivée à Dijon en 2017, le directeur ardéchois pilote une vaste campagne de rénovation. 25 millions d’euros investis ces sept dernières années au profit des 17 pôles d’excellence sportive, comprenant la naissance d’une antenne à Besançon en 2019. « Il faut mesurer la chance que nous avons de disposer d’une telle infrastructure au cœur de la métropole », avance Pascal Bonnetain. Le tir à l’arc et la lutte ont ainsi fait de Dijon leur pôle France.
La pépite C2PA
Mais la nouvelle pépite régionale se nomme Centre de préparation et de performance athlétique (C2PA). Inauguré en octobre dernier après une année de travaux, l’équipement est de classe mondiale. Coût de l’investissement : 10 millions d’euros, supportés en majorité par la Région, avec l’aide de l’État au titre du plan de relance et de l’Agence nationale du sport (ANS). Le directeur n’a pas peur des comparaisons : « Je pense qu’aujourd’hui, on a fait mieux qu’à l’Insep (ndlr, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, basé à Paris). »
Le bâtiment bardé de bois ne passe pas inaperçu. 1 600 m2 sur deux niveaux avec des équipements aussi étonnants que cette salle de musculation hypoxie pouvant simuler un entrainement à 3 000 mètres d’altitude, ou cette « thermo-room » à + 60°C tout en maîtrisant l’hygrométrie. Cinq piscines, deux hammams, deux saunas, de la cryothérapie pouvant soumettre les corps à – 110°C… La récupération et l’endurance face aux conditions météo sont des paramètres fondamentaux. « Nous savons qu’après Paris, viendront Los Angeles et Melbourne. Il faudra performer dans la chaleur. Les Allemands s’étaient entrainés de la sorte pour Tokyo, cela nous a donné des idées », projette déjà Pascal Bonnetain. « Un tel centre d’excellence est unique dans la vie d’un Creps, résume Bruno Lecki, responsable de la haute performance. Nous avons 15 à 20 athlètes régionaux qui sont en mesure d’être à Paris, la France a un objectif de 80 à 100 médailles entre les Jeux olympiques et paralympiques. Nos régions doivent être équipées pour former les grands de demain. Il faut viser haut ! » C’est en effet le moment ou jamais de montrer les muscles.
Ils ont choisi Dijon
Le Creps BFC s’est manifesté pour accueillir des délégations dans le cadre de leur préparation aux Jeux olympiques de Paris. Japon, Porto Rico, Sénégal ont ainsi posé une sérieuse option sur Dijon. Pour l’heure, on sait déjà que les 80 membres de la délégation de Porto Rico devraient poser leurs valises. « Il y aura des nageurs, des basketteurs, des spécialistes du ball trap », rapporte Pascal Bonnetain. Dijon sera aussi le camp de préparation de l’équipe du Japon de rugby à 7. « Des délégations du Sénégal et du Cameroun seront aussi avec nous. C’est une belle reconnaissance pour nous, c’est aussi une opportunité pour toutes les équipes du Creps, et de nombreux moments d’échange en vue, jusque dans nos cuisines puisque certaines délégations viendront avec un cuisinier. Notre personnel s’enrichira de toutes ces rencontres. »