À l’issue d’une réunion publique houleuse consacrée à l’aménagement de l’écoquartier Jardin des maraîchers, le maire de la ville, François Rebsamen, a annoncé la tenue d’un référendum ouvert aux habitants pour décider de l’avenir du site dijonnais et de son emblématique quartier libre des Lentillères.
Coup de théâtre ! À l’issue d’une réunion publique houleuse, qui s’est tenue mercredi 19 juin au soir, dans la salle de Flore du palais des ducs, François Rebsamen a lancé l’idée d’un référendum local pour décider de l’avenir et de l’aménagement (ou pas) de l’écoquartier Jardin des maraîchers, qui inclut le fameux quartier libre des Lentillères. « Je suis un politique et je prends des décisions. Nous allons organiser un référendum pour que les habitants de ce quartier décident des aménagements qui seront réalisés. Nous respecterons leur avis », a-t-il lancé après une heure trente d’une réunion fort animée.
Ce quartier, situé entre le boulevard de Chicago et le parc de la Colombière constitue l’une des patates chaudes de la vie dijonnaise : sur 9 hectares, entre le mail Capitaine Guynemer, la rue Amiral Pierre et la rue Philippe Guignard, s’est installé le quartier libre des Lentillères, où cultivent et vivent quelques dizaines de personnes revendiquant une vie alternative. Ils s’opposent farouchement aux velléités d’aménagement ou de « bétonnisation » de la mairie depuis maintenant 14 ans.
De son côté, la municipalité entretient des discussions avec eux depuis deux ans et a, selon les mots de François Rebsamen, déjà consenti beaucoup d’ajustements à son projet d’urbanisation de l’espace. La réunion publique de mercredi était, justement, consacrée à la présentation de ce projet… Lequel, finalement, restera pour le moment lettre morte.
Le maintien d’une bonne partie du maraîchage et 60 à 80 logements
Le maire de Dijon arrivait avec un projet de « parc agriculturel », qui maintenait une bonne partie des 9 hectares de maraîchage, mais en urbanisait une bande de 1,14 hectare le long du mail Capitaine Guynemer. « Nous voulons construire entre 60 et 80 logements, de deux étages maximum sur cet endroit, qui est pollué et qui abrite pour le moment une piste de BMX », explique François Rebsamen. « Nous laissons les terres agricoles que nous proposons de transformer en parc agriculturel, ouvert au maraîchage urbain, mais aussi aux habitants, notamment aux élèves des écoles qui pourraient venir découvrir ce qu’est le maraîchage », poursuit-il.
Dans la salle, aux entrées filtrées par la police et où nombre de militants des Lentillères n’ont pu pénétrer, le projet laisse les habitants dubitatifs. Surtout, la plupart des intervenants témoignent d’un attachement aux activités du quartier libre, et d’un besoin d’aménagements qui va bien au-delà du seul logement.
Un médecin, qui habite depuis deux ans sur ce le site se dit ainsi « déçu » de l’action municipale. « J’apprécie le quartier libre des Lentillères que je traverse tous les jours depuis les facultés, et où je me ressource. À l’inverse, la circulation est très difficile entre le quartier et le centre-ville pour celui qui se déplace en vélo. La rue de Longvic est une catastrophe à cet égard. Et si le quartier est agréable à vivre, il n’y a aucun aménagement pour les enfants, sauf la piste de BMX que vous décriez, mais qui a le mérite d’exister. »
« Je cherche où vous trouvez le qualificatif d’éco pour votre écoquartier »
Même son de cloche du côté de Maud, une autre habitante du quartier. « Je cherche où vous trouvez le qualificatif d’éco pour votre écoquartier Jardin des maraîchers », lance-t-elle au maire. « Je me déplace en vélo tous les jours, je manque de me faire renverser quotidiennement. Le bus qui permettait d’aller à la gare a été déplacé au niveau du parc de la Colombière. Allant souvent à Paris en train, je dois maintenant rejoindre la gare en voiture. Et c’est un quartier où il fait très chaud, du fait de logements mal isolés. C’est aberrant de supprimer un ilot de fraicheur végétalisé, d’autant que le travail social réalisé du côté du quartier libre est remarquable. »
Le ton des interventions publiques ne varie guère d’une personne à l’autre. Un homme s’inquiète de la potentielle baisse de valeur de sa maison, située du côté boulevard Robert Schuman. « Le quartier ne s’est pas embelli ces dernières années », lâche-t-il.
François Rebsamen, sur la défensive, ferraille. À une femme qui se félicite de pouvoir acheter ses légumes à bas prix, mais qui se plaint de la chaleur, il lance : « Si vous ne supportez pas la ville, il faut habiter à la campagne. » Et devant le blocage des discussions, il décide de lever la réunion et d’en appeler à un référendum local ouvert aux habitants. Les modalités de celui-ci restent, on s’en doute, totalement floues, mais devraient être précisées rapidement.