L’Association des Maires ruraux de France tiendra son congrès national du 27 au 29 septembre, à Saint-Julien et Arceau (Côte-d’Or). DBM s’est intéressé de près aux missions, aux enjeux et à l’importance de ces jardiniers de la France.
Par Alexis Cappellaro
« T’es un bon maire ! », a-t-on entendu de la bouche d’un habitant, dans un village proche de Dijon, au fil d’un échange à bâtons rompus pour construire ce dossier sur les maires ruraux (lire pages 35-69). Le compliment est touchant de simplicité.
Avec son commando du conseil municipal, l’élu rural fait tourner la boutique. Il veille à son école, drague les docteurs et les kinés, retape l’église, prend soin de ses vieux, fleurit les ronds-points, se soucie de la récolte de l’agriculteur (quand il n’en est pas un lui-même), accueille les gens de la ville en quête d’une autre vie ou, moins réjouissant, décroche la corde du pendu. Les gens l’ont choisi pour ses qualités humaines, son parcours professionnel, sa légitimité municipale ou bien tout cela à la fois.
Ces « élus du pragmatisme » n’ont pas la tâche facile. La mission se complexifie. Les récentes élections les plongent parfois dans le désarroi face à leurs propres électeurs, ce qui est encore un autre sujet. Ils ne sont pas pour autant en opposition systématique avec les autres étages de la pyramide nationale. En dépit de tous les exemples de jacobinisme constatés, des espaces d’échanges existent.
Les maires ruraux ont la main verte et veulent prendre leur part dans les enjeux du siècle que représentent la transition écologique et la préservation de nos ressources. Le duo communes-départements, socle de notre pays, semble être un premier niveau de réponse. De nombreux partenaires et outils existent. Ce dossier non exhaustif en apporte une démonstration à l’échelle de la Côte-d’Or.
« La ruralité, au même titre que la notion de territoire, doit faire partie des débats », martèle Michel Fournier, l’emblématique président vosgien de l’Association des Maires ruraux de France (AMF), qui tient son congrès national fin septembre chez nous, à Arceau et Saint-Julien. Et comment : ladite ruralité, que le préfet de Côte-d’Or prend soin de définir dans nos pages, c’est peu ou prou 80 % du territoire, 60 % de la population, 55 % des emplois…
Bruno Bethenod incite donc à la prise de conscience et s’adresse aux jeunes : « S’ils veulent influencer leur façon de vivre, il faut qu’ils s’engagent ! » Le président des Maires ruraux de la Côte-d’Or porte l’écharpe depuis trente ans à Arceau, près d’un millier d’habitants. L’exemple de cette commune de l’ouest dijonnais est on ne peut plus inspirant : « À l’époque, l’école était sur le point de fermer. Nous avons aujourd’hui 106 élèves, doublé notre population et accueilli une petite zone économique agroalimentaire. »
Lui et les autres n’attendent même pas une médaille pour ça. Les jardiniers de la France veulent juste entendre que chez eux, c’est beau, c’est bien tenu, ça donne envie de rester. C’est simple comme compliment, et ça fait toujours plaisir.