L’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune donne un souffle nouveau à sa programmation. DBM en profite pour recueillir les confessions de personnalités cultivant un lien particulier avec ce haut-lieu. Épisode 1 avec l’hôtelier Jean-Claude Bernard, né ici-même et prescripteur naturel auprès du monde entier.
Il a deux hôtels dans sa vie. Le premier rue Maufoux, acquis par son père Nérino au milieu des années 1980 et transformé en temple du bien-être à la bourguignonne. Le Cep accueille le monde entier et offre à son propriétaire une connexion incomparable avec la ville, ses réjouissances, son histoire et ses pierres. Le second, à 200 mètres, n’est autre que l’Hôtel-Dieu, cet ancien hôpital en fonction de 1452 jusqu’aux années 1970, au cœur de la cité. Jean-Claude Bernard est né ici, « il y a un certain nombre d’années », dans le bâtiment qui accueille aujourd’hui un Ehpad, gardé par les statues des fondateurs Nicolas Rolin et Guigone de Salins. Aucun bébé ne naît plus ici : l’histoire continue plus loin, dans le complexe hospitalier Philippe le Bon, avec une maternité qui garde le cap annuel des 600 naissances.
Un privilège
« Être né ici, c’est un privilège qui oblige », résume l’hôtelier, par nature prescripteur de cette institution. « C’est le site totem de Beaune, que je fais visiter en premier, en gardant à l’esprit ce triptyque entre Hôtel-Dieu, domaine viticole et hôpital moderne. » Substiste un grand écart entre un lieu intime cher aux Beaunois et ce phare touristique qui dépasse nos frontières. « Entre les deux, il y a toute une pédagogie à avoir, guidée par cette idée de charité qui perdure de façon extraordinaire. » L’Hôtel-Dieu a musclé comme jamais auparavant sa programmation (lire encadré) et porte un grand projet structurant.
« Nous sommes un patrimoine vivant hospitalier », répète à l’envi sa responsable Sandrine Allard-Saint-Albin. Il s’agit aussi de faire vivre la mémoire des sœurs hospitalières, qui, au crépuscule du Moyen Âge, ont fait don de leur personne pour soigner, nuit et jour, les malades et les pauvres tout en veillant à la gestion des affaires courantes. Marie-Josette Le Clainche, la dernière de ces servantes à avoir œuvré dans la salle des Pôvres, est partie discrètement en juillet dernier, à l’aube de ses 100 ans.
Le vin comme fil rouge
Ces histoires dans l’histoire, Jean-Claude Bernard les connait par cœur. Il les partage autant que possible, dans les salons du Cep ou entre les vénérables pierres du château du Clos de Vougeot, auprès des chevaliers du Tastevin qui viennent à lui de par le vaste monde.
Le vin est évidemment un fil rouge (ou blanc, cela dépend). « Notre collection de vins du domaine des Hospices de Beaune, achetés aux enchères en novembre depuis quarante ans, permet de proposer des temps agréables et éducatifs. »
L’expérience exclusive va parfois loin, avec la découverte de l’ancienne cuverie du domaine, sous les pavés de l’Hôtel-Dieu, accessible uniquement sur réservation. « On est dans les entrailles de Beaune, on passe sous les rues pour déboucher dans la cour, il y a un côté « wahou » », s’émerveille l’hôtelier, capable d’organiser un dîner privatif dans la chambre du Roy, à l’étage, en costume d’époque pour un groupe d’Américains ravis de ce voyage temporel.
« Lieu vibratoire »
Ces grands moments au service d’une certaine idée de la Bourgogne transcendent le quotidien de Jean-Claude Bernard. Ils nourrissent une foi toute personnelle pour l’humain et la pierre. « J’ai beau être allé à l’Hôtel-Dieu des centaines de fois, je ressens toujours quelque chose. Au petit matin quand le soleil éclaire les tuiles, en novembre pendant la Vente des vins, en plein hiver avec de la neige… Il y a toujours une lumière, une atmosphère particulière. C’est un lieu vibratoire. »
Le Cep partage ces bonnes ondes. L’hôtel est lui-même un monument historique avec ses trois cours classées. Ses anciens propriétaires, les Brunet, furent même administrateurs des Hospices. C’est à cette même époque, en 1658, que Louis XIV vint témoigner sa reconnaissance aux sœurs beaunoises dont les prières, ô miracle, auraient permis à sa mère Anne d’Autriche d’avoir une royale descendance. Clin d’œil ultime de l’histoire, le roi avait alors dormi dans l’hôtel particulier qui préfigurait… Le Cep.
À Beaune, ils sont encore un certain nombre à connaître l’étendue de ces légendes et à partager ce lieu de naissance si particulier. Avec son ami Albéric Bichot, de la maison de vin éponyme, Jean-Claude s’est promis, en plaisantant à moitié, de « réserver ensemble une chambre twin dans la maison de retraite à côté de l’Hôtel-Dieu, pour que l’on puisse boucler la boucle… et si possible en continuant à partager quelques bonnes bouteilles ». Réflexe typiquement beaunois.
L’agenda de l’Hôtel-Dieu
Journée internationale de la Charité : Abbaye de Cîteaux / Hôtel-Dieu de Beaune
Deux vocations, deux destinées, deux textes fondateurs : une conversation libre entre sœur Louise Duchini, Supérieure générale de la congrégation des sœurs hospitalières de Sainte Marthe de Beaune, et frère Benoît, économe de l’abbaye de Cîteaux, autour des principes et des valeurs de charité dans leurs institutions respectives.
🕰️ Jeudi 5 septembre – 18h30
Paroles d’hospitaliers
Visite-rencontre avec les soignants d’hier et d’aujourd’hui des Hospices Civils de Beaune. Le docteur Magali Vernet, médecin anesthésiste et présidente de la Commission Médicale d’Établissement (7 septembre), et le docteur Azadah Yacoub, gynéco-obstétricienne – chef de service (7 décembre), vous partagent leurs expériences et leurs regards sur les soins, du Moyen Âge à nos jours.
🕰️ Samedi 7 septembre – 14h30 à 16h | Samedi 7 décembre – 14h30 à 16h
L’oeil du spécialiste : secrets d’objets
Plongez dans le quotidien de l’Hôtel-Dieu et découvrez un des métiers qui l’animent aujourd’hui : celui de conservateur. Comment protéger les œuvres et leurs matériaux ? Quelles sont les pratiques de restauration ? En ouvrant des espaces insolites, l’équipe de l’Hôtel-Dieu vous dévoile le dessous des œuvres et de son activité.
🕰️ Mercredis 4, 11, 18 et 25 septembre – 15h30 à 16h30
Escape game « Les énigmes de la sœur apothicaire : la quête de la thériaque »
Urgence à l’Hôtel-Dieu : la sœur apothicaire est retrouvée empoisonnée dans le laboratoire. Partez en quête de l’antidote
en résolvant les énigmes et en traversant l’histoire des Hospices Civils de Beaune.
🕰️ Vendredis 27 septembre / 25 octobre – 19h30 à 22h | Mercredis 27 novembre / 4 décembre – 19h à 21h30
+ d’infos : reservation-hoteldieu.hospices-de-beaune.com