SICECO – Territoire d’Énergie Côte-d’Or : le virage des énergies renouvelables

Le SICECO – Territoire d’Énergie Côte-d’Or assure la distribution d’électricité et de gaz à près de 300 000 habitants. Le syndicat présidé par Jacques Jacquenet agite les consciences et prend le grand virage des énergies renouvelables via son outil d’investissement Côte-d’Or Énergies. Il s’y emploie… avec l’énergie de l’espoir.

Jacques Jacquenet, devant le siège du SICECO Territoire d’Energie Côte-d’Or à Dijon, rénové de manière exemplaire dans l’optique de la transition énergétique et pour atteindre une réduction de 60% des consommations énergétiques. © Baptiste Paquot / DBM

29 novembre 2023, le SICECO montre l’exemple. Jacques Jacquenet célèbre fièrement la fin d’une année de travaux qui vont permettre au siège du syndicat qu’il préside, « une réduction de 60 % des consommations énergétiques, passant ainsi de 158 MWh à 66 MWh ». Soit 3,5 tonnes de CO2 en moins chaque année et une gestion optimale de l’électricité. 80 m² de panneaux photovoltaïques assurent en effet une production de 13 000 kWh, autoconsommée à 95 %. Sous nos applaudissements !

Le job exécuté en la circonstance est le quotidien des techniciens du SICECO, « territoire d’énergie Côte-d’Or ». Nouvelles menuiseries en bois/alu avec brise-soleil orientables, isolation extérieure avec matériaux biosourcés, isolation de la toiture, traitement des ponts thermiques, renforcement de l’étanchéité à l’air, LED avec détecteurs de luminosité, nouveaux diffuseurs de chaleur : les fameux objectifs de performance énergétique fixés par l’État à l’horizon 2050 sont anticipés de plus d’un quart de siècle. Le tout soutenu par la Région Bourgogne-Franche-Comté (402 000 euros), le fonds européen FEDER (313 000 euros) et le Conseil Départemental de la Côte-d’Or (45 000 euros).

Investir, économiser

Le SICECO ne pouvait pas faire moins. Pour la planète comme pour l’exemplarité. Né en 1947 (lire encadré), il rassemble aujourd’hui 675 communes et 18 Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Ses missions historiques, toujours d’actualité, sont la distribution publique de l’électricité, du gaz et de la chaleur ; l’éclairage public, tout ce qui touche de près ou de loin à la maîtrise des énergies, en priorité renouvelables désormais. Il implante des bornes de recharge pour les véhicules électriques et permet à ses adhérents de mieux maîtriser leur facture d’énergie, ciblant les actions à mener, cherchant à optimiser le confort vert (donc vertueux) des utilisateurs des bâtiments communaux et communautaires.

« (Notre groupement) a permis de rester dans une zone de prix normale pour l’électricité. Pour le gaz, nous sommes revenus à des tarifs de 2019 et nous achetons déjà pour 2027 »

Jacques Jacquenet, président du SICECO – Territoire d’Énergie Côte-d’Or

En France, les communes sont propriétaires de leurs réseaux, et responsables à ce titre de la distribution des énergies à leurs administrés. Le SICECO est une Autorité organisatrice de l’énergie (AODE) sur son territoire, qui comprend toute la Côte-d’Or sauf Dijon Métropole qui est elle-même une AODE. Il contrôle la sécurisation et la fonctionnalité desdits réseaux, s’appuyant sur deux concessionnaires majeurs : Enedis pour l’électricité, GRDF pour le gaz. Un fonctionnement classique, qui concerne 60 % de la population côte-d’orienne et mobilise 144 délégués répartis en 12 secteurs clés, le douzième étant dédié aux précieux EPCI.

La performance énergétique est un sport quotidien qui se travaille déjà sur la base des équipements existants, l’une des missions premières du Conseil en Énergie Partagé mis en place par le SICECO. Elle se motive avec des travaux de performance énergétique sur le bâti et l’éclairage, sanctionnés par des Certificats d’Économies d’Énergie et des soutiens financiers adaptés. En aval, se pose toujours la question hautement sensible des factures d’électricité.

Territoire d’Énergie Bourgogne-Franche-Comté veille au grain. Ce groupement de 8 syndicats régionaux, dont le SICECO, utilise sa force de frappe collective pour acheter. Mais comme rien n’est jamais acquis, « nous vivons aussi dans la sobriété, ce qui implique des comportements nouveaux, comme couper l’éclairage public la nuit », résume avec sagesse Jacques Jacquenet, avant de rappeler que cette union « a permis de rester dans une zone de prix normale pour l’électricité. Pour le gaz, nous sommes revenus à des tarifs de 2019 et nous achetons déjà pour 2027 ». Les communes concernées ne peuvent qu’apprécier la démarche. « Quand les prix ont flambé, nous avons reçu au moins 150 demandes d’études » rappelle Jean-Michel Jeannin, directeur général du SICECO, arrivé en 2005.

Maires ruraux et interco

Depuis 2017, le SICECO a accueilli 18 EPCI, confirmant le poids des communautés de communes dans les décisions concernant les dossiers énergétiques. « Les investissements collectifs sont plus concentrés sur l’intercommunalité, moins sur les communes », rappelle sagement son premier vice-président Pascal Grappin, par ailleurs président de la « comcom » de Gevrey-Chambertin et de Nuits-Saint-Georges. Il est aussi membre du conseil d’administration de Côte-d’Or Énergies, aux côtés (photos page suivante) de Luc Baudry, président des Vallées de la Tille et de l’Ignon (COVATI), et de Claude Fontaine, vice-président du Pays châtillonnais en charge de l’habitat et président de la commission Energie du SICECO. Ces trois-là savent bien de quoi ils parlent. Ils sont aussi des maires ruraux dans la vie de tous les jours. Pour gérer un dossier de A à Z, mieux vaut être à tous les étages de la décision. Même si cela implique quelques engagements supplémentaires.

Le SICECO fait énergie commune avec les « comcom » et les maires ruraux. À gauche : Claude Fontaine (Pays châtillonnais) et Marc Boeglin (maire de Belleneuve, vice-président de l’AMR21). À droite : Luc Baudry (Vallées de la Tille et de l’Ignon) et Pascal Grappin (Gevrey-Chambertin & Nuits-Saint-Georges).

Le mix énergétique

Pour ce grand virage de la transition énergétique, le SICECO s’est engagé aussi dans deux outils stratégiques : la régie Côte-d’Or Chaleur et l’ambitieuse SEML Côte-d’Or Énergies. Les réseaux de chaleur ont en effet le vent en poupe. Les communes veulent s’impliquer en faveur du climat. Tendance biomasse ou pompe à chaleur, la solution est à la carte. À Fontaine-Française (885 habitants) par exemple, cette option financée et exploitée par Côte-d’Or Chaleur représente un budget de 1,6 million d’euros dont 55 % sont couverts par des subventions. Mais en face, ce sont 400 tonnes de CO2 qui ne seront plus rejetées, soit « l’équivalent de 200 voitures parcourant annuellement 15 000 km chacune ». Le bois est ici la ressource, 8 chaudières fioul sont en conséquence évacuées grâce à lui. « Nous allons dégager progressivement le fossile et produire de plus en plus localement », résume Jean-Michel Jeannin.

Mais l’arme la plus spectaculaire de la bataille des énergies renouvelables est Côte-d’Or Énergies, « une Société d’économie mixte locale (SEML) axée sur les quatre filières en jeu : éolien, hydraulique, méthanisation, solaire. » Le vent, l’eau, la terre et le ciel réunis « dans un système qui milite pour un mix énergétique électricité/gaz, avec des investissements locaux pour des retombées locales ».

Ce bel outil d’investissement a été porté sur les fonts baptismaux par le SICECO, qui assure à lui seul plus de la moitié de son capital de 2,24 millions d’euros. Huit autres actionnaires publics et privés* sont associés dans cette structure ouverte à la participation de tiers, au gré des projets, et à l’implication des citoyens qui peuvent, eux-mêmes, en devenir des acteurs grâce à des opérations de financement participatif.

La formule est souple et semble partie pour marcher. Plusieurs dossiers sont sur le green, au sens littéral du terme. Côté photovoltaïque, cinq projets sont à l’étude ou en cours de réalisation, avec l’ambition de couvrir à terme 42 hectares de panneaux (l’équivalent de 2 150 cours de tennis !), pour un investissement de 30 millions d’euros qui alimentera 8 000 foyers en électricité. La SEML projette pour l’instant d’implanter quatre éoliennes à Cérilly, près de Chatillon-sur-Seine. Côte-d’Or Énergies a tellement d’énergie à revendre qu’elle met aussi un pied ou deux en dehors de ses limites départementales.

* SICECO (51,34%), Région BFC, SIED70 et Territoire d’énergie pour le collège public (85 % au total) ; Banque des Territoires (CDC, 29,02 %), Caisse d’Épargne, Crédit Agricole, SICAE EST, Dijon Céréales, Nièvre Énergies pour le collège privé.

Le SICECO en dates et chiffres clés

👉 1906. Les communes sont en charge l’aménagement de l’électricité sur leur territoire.
👉 1947. Les syndicats d’énergies départementaux voient le jour dont le Syndicat Intercommunal des Collectivités Électrifiées de Côte-d’Or (SICECO).
👉 2009. Le SICECO élargit ses compétences aux réseaux de chaleur (froid ou chaud), aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique du bâti, aux bornes de recharge électrique, à la cartographie et aux communications électroniques. La loi de transition énergétique le projette l’optimisation des énergies renouvelables
👉 2024. Le SICECO en chiffres : 693 adhérents, 285 813 habitants, 87 575 points d’éclairage extérieur, 10 359 km de réseau électrique, 738 km de réseau de gaz, 1 701 bâtiments publics en suivi énergétique, un budget de 30 millions d’euros dont 12 sur les réseaux, 20 millions de travaux investis en 2022, 43 permanents dont une dizaine d’ingénieurs.

Plus d’informations sur le site internet du SICECO