Le premier construit et négocie, le deuxième compte et valide. Respectivement président et trésorier de l’AMR21, Bruno Bethenod et Michel Lenoir sont les piliers de l’organisation d’un congrès (27-28-29 septembre) qui demande une sacrée faculté d’adaptation.
Les communes d’Arceau et Saint-Julien sont toutes deux implantées dans la zone d’influence de la métropole mais fières de leur ruralité. Pour que le congrès se fasse chez eux, leurs maires ont renversé des montagnes. Notamment le premier des deux, auteur d’un improbable marathon préparatif qui relève de l’exploit olympique. Question d’époque.
En quelques semaines, malgré une prothèse de genou posée au beau milieu du « chantier », Bruno Bethenod rendrait humble le plus talentueux des commerciaux. Jonglant avec les institutions, menant de front négociations avec les fournisseurs et partenaires des communes rurales, poussant le bouchon jusqu’à goûter le moindre plat promis aux maires présents, ce septuagénaire engagé a voulu que la touche bourguignonne s’empare du congrès. Gérard Larcher appréciera à sa juste valeur la délicate attention.
Ruralité ou « rurbanité » ?
C’est à Saint-Julien, dans « la salle intergénérationnelle construite il y a sept ans, avec une grande scène », que se tiendront les échanges et les interventions. À proximité, dans le village de chapiteaux dressés pour l’occasion, les élus feront leurs courses aux solutions. Arceau a pour sa part la chance d’avoir un joli château à Arcelot, équipé d’un resplendissant Trianon qui accueillera la grande soirée de gala du samedi.
Cette convivialité savamment entretenue par l’AMR21 résonne bien avec la nature partageuse et généreuse des maires de petites communes. Mais elle demeure un écrin pour les affaires sérieuses qui préoccupent nos maires et seront exposées durant quatre jours.
« La situation de notre pays fait que notre action de maires ruraux doit être partagée, diffusée, promue (…) nous parlerons de transition écologique et des biens communs comme l’eau », souligne à juste titre Bruno Bethenod. Pour Michel Lenoir, lui aussi aux manettes de son village depuis plusieurs décennies, « à seulement 7 kilomètres de la métropole et avec une population qui a bondi de 1 400 à 2 000 habitants en quinze ans », la problématique de cette proximité entre ruralité et rurbanité est des plus sensibles.
« Nous commençons à sentir les limites du schéma de cohérence territoriale (SCoT) qui nous impose une progression limitée. De fait, on se retrouve bloqués par le manque d’eau potable puisque nous avons des volumes prélevables déterminés par arrêté préfectoral », déplore par exemple l’élu. Au pays des plus grands vins, ni plus ni moins qu’ailleurs, l’eau est donc un sujet de premier plan. Il en sera question, parmi bien d’autres problématiques illustrant ce devoir de transition énergétique dont s’emparent avec conscience nos campagnes.
Rapprochement nécessaire
Un grand virage qui demande le soutien de l’État et la compréhension d’un monde citadin qu’on ne souhaite surtout pas opposer à la ruralité mais, au contraire, rallier à un projet commun d’utilité publique. Tel est le crédo de l’AMRF, qui souligne aussi le duo naturel formé par les départements et les communes rurales. Le rapprochement obligé entre villes et villages est une vision partagée par le président de la Côte-d’Or, terre d’accueil du congrès. François Sauvadet, cela tombe bien, préside l’Assemblée des Départements de France.
En France, il est bon le rappeler, plus de 90 % des communes ont moins de 2 000 habitants. Les décisions, en revanche, sont souvent centralisées et éloignées de la réalité du terrain. Cette cassure, frustrante pour les uns, n’est pas toujours lisible par les autres. Elle doit être resoudée.
Le pays se cherche sur un plan politique. Paradoxalement, il est en pleine action sur le terrain. Grâce aux maires ruraux qui, à bien des égards, sont les maîtres d’œuvre d’une nécessaire et spectaculaire mutation à travers nos champs, prompte à écrire notre avenir. Bruno Bethenod, Michel Lenoir et les 500 000 élus dans les conseils municipaux qui donnent de leur temps à la cause environnementale sont en ordre de marche. Du 26 au 29 septembre, ils le feront savoir entre Saint-Julien et Arceau.