Capter des énergies renouvelables sur le Toit du monde occidental est un défi que seules Côte-d’Or Énergies et la Bourgogne pouvaient offrir à GEG ENeR. Ce projet va même produire de l’électricité pour plus de 10 000 personnes. Retour sur un partenariat exemplaire entre SEM… qui s’aiment et se rassemblent.
« Nous avons un ADN commun avec Côte-d’Or Énergies : nous sommes nous-mêmes une Société d’économie mixte (SEM, lire encadré) ». Nicolas Flechon souligne un aspect essentiel de la présence bourguignonne de GEG ENeR, filiale de Gaz Électricité de Grenoble qu’il dirige. Il aurait pu revendiquer bien d’autres raisons pour cela : ses ancêtres de Saône-et-Loire, sa belle-famille de Côte-d’Or, son mariage à Talant, son stage chez Cermex (aujourd’hui Sidel) à Corcelles-lès-Cîteaux…
Cette énergie commune qui rapproche GEG ENeR de Côte-d’Or Énergies repose avant tout sur une compréhension mutuelle des mécanismes territoriaux, car « une SEM connaît son territoire et ses réseaux, mais n’est pas outillée pour assumer son développement dans notre domaine et aborder sereinement les problématiques d’exploitation, d’ingénierie, du juridique et du financement ».
La France des réseaux
GEG a un siècle et demi d’expérience et une taille intermédiaire rassurante pour le local, avec 500 collaborateurs dans ses rangs. Sa branche spécialisée dans les énergies renouvelables peut donc puiser dans les ressources de cette ETI qui ambitionne d’être le 6e distributeur d’électricité et le 4e distributeur de gaz en France, tout en faisant les paris du mix énergétique (hydroélectrique, photovoltaïque, éolien, biogaz) et de la proximité.
En se déployant un peu aussi. Le parc éolien de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) est un exemple récent de son adaptation. Alors, pourquoi pas la Côte-d’Or ? Nicolas Flechon revendique une « approche locale et multi métiers » qu’il cultive assidument au contact de la Fédération nationale des collectivités dévolue aux services publics locaux en réseau (FNCCR) : énergie, mais aussi cycles de l’eau, déchets, numérique. Le champ d’investigation est vaste, d’autant qu’il est encouragé par l’État et le « monde des syndicats qui se connaissent tous ». La France des réseaux en reconstruction, bien que silencieuse, n’a jamais été aussi active.
Dans le 21, le SICECO et GEG EneR ont une dizaine de projets en communs. « Des dossiers qui demandent quatre ou cinq ans de travail, de discussions et de montages. » L’un d’entre eux vaut son pesant de symboles : le parc photovoltaïque du Toit du monde occidental, à Meilly-sur-Rouvres et Maconge, en codéveloppement avec la Communauté de communes de Pouilly-en-Auxois et Bligny-sur-Ouche. Une vingtaine d’hectares récupérés sur la partie délaissée de l’aérodrome (voir modélisation ci-contre), plus de 36 000 panneaux, une puissance totale de 21 MWc, 24 GWhs de production annuelle soit de quoi mettre la lumière à tous les étages d’une population de plus de 10 000 habitants. Sans oublier l’argument écologique ultime : quelque 11 000 tonnes de CO2 émis en moins chaque année. Tout ça, en laissant libre cours au bal aérien des avions et avec la contrainte que « cette production ne pourra être vendue à un fournisseur spécifique que dans le cadre d’une boucle locale ».
Une question de bon sens
À celles et ceux que la référence aurait échappé, le « toit du monde occidental » est l’expression rendue célèbre par l’écrivain Henri Vincenot, pour évoquer la singularité de la ligne de partage des eaux (versants du Rhône, de la Seine et de la Loire) qui définit la pays de l’Auxois. Le projet arrivera à maturité en 2026.
Ce chantier s’accompagne d’une attention particulière à l’environnement et de « mesures en faveur de la biodiversité ». Un suivi écologique, parallèlement aux travaux nous promet-on, prend en compte la gestion des zones humides et des produits polluants, favorise l’épanouissement des pâturages et la mise en place de ruches. Avec quelques emplois à la clé et des recettes fiscales nouvelles pour les collectivités.
Techniquement, GEG ENeR est entré dans la danse en répondant à un appel à manifestation d’intérêt. Le dossier photovoltaïque, tout comme pour l’éolien et le gaz naturel des véhicules, est traité dans la concertation. « Ce sont des projets territoriaux, il faut s’assurer que les acteurs sont demandeurs et d’accord avec notre vision, commente Nicolas Flechon. Nous repérons les zones sensibles et discutons avec le partenaire. » À l’image de l’écopâturage évoqué plus haut, cette épicerie fine territoriale orchestrée par GEG ENeR « ne n’inscrira dans la durée que grâce au bon sens et au sur-mesure. »
En toile de fonds (avec un « s » pour le coût), une réalité financière qui ne peut pas échapper au sens terrien des élus locaux : l’investissement de Pouilly, c’est « 20 millions d’euros dont 5 en fonds propres ». Autrement dit, près de 80 % de dette. L’association entre Côte-d’Or Énergies (40 %), GEG EneR (40 %) et la communauté de communes (20 %). « Nous avons des partenaires loyaux et parfaits », se réjouit le directeur. Une très bonne chose quand on veut conserver de bonnes énergies.
Une SEML, kesako ?
La SEML (Société d’Économie Mixte Locale) Côte-d’Or Énergies est née en octobre 2015) à l’initiative du SICECO – Territoires d’énergie Côte-d’Or, avec d’autres partenaires : Région BFC, Caisse d’Épargne BFC, Crédit Agricole Champagne-Bourgogne, SICAE Est, Nièvre Énergies, Dijon Céréales, Banque des Territoires et SIED70. Elle construit, investit et exploite des centrales de production d’énergie décentralisée à partir de sources renouvelables : éolien, photovoltaïque au sol ou en toiture, méthanisation, hydroélectricité.