Bourgogne Dijon : le domaine Thierry Mortet et les Dames Marion

Ils sont les premiers acteurs du renouveau « terroiriste » constaté dans la métropole dijonnaise. Dijon Capitale a réuni quelques vignerons dans une parcelle intime. Rencontre aux Dames Marion avec le domaine Thierry Mortet.

Thierry et Lise Mortet dans leur parcelle de Dames Marion, à Daix. © Jean-Luc Petit / Dijon Capitale

Le nom de Mortet fait « tilt » chez tous les amateurs de vin. Savent-ils seulement que le charismatique patriarche Charles, venu à la viticulture à Gevrey-Chambertin dans les années 80, s’est établi à Daix en épousant une certaine Gisèle ? Le couple vivait alors beaucoup des vergers et un peu de la vigne. Pêches, mirabelles, prunes et autres cerises recouvraient le plateau du nord-ouest de Dijon. Certains cultivateurs menaient en parallèle une petite mais prospère activité de négoce viticole, comme en attestent les maisons du vieux bourg, et ce vénérable pressoir des Mortet qui trône désormais sur une place.

La famille est toujours attachée à cette terre originelle, via deux domaines distincts toujours basés à Gevrey : Thierry Mortet, le fils de Charles, prend soin d’un hectare de pinot noir, 80 ares de chardonnay, et d’un peu de passetoutgrain et d’aligoté. Son neveu Arnaud, fils du regretté Denis (le frère de Thierry), a quant à lui un demi-hectare de pinot noir, dont il signe l’excellente et confidentielle « cuvée de Noble Souche ». Si le vignoble daixois a périclité après la Première Guerre, l’Inao a failli porter le coup de grâce en 1973. « Elle souhaitait faire le ménage dans les communes autour de Dijon en supprimant l’appellation Bourgogne, que mon père avait obtenu de haute lutte. Il a dit halte-là ! », retrace Thierry. Grâce à cette tenacité, le climat Dames Marion (en photo) enfante, sur ces terres argileuses presque ocres, de beaux pinots noirs.

Thierry aime ce long ruban encadré d’arbres fruitiers pour ses vins « élégants, avec une fraicheur minérale qui donne un plaisir immédiat, là où d’autres secteurs de Daix donneront des vins plus massifs, qu’il faut attendre un peu ». Avec son épouse Véronique et leur fille Lise, revenue d’une première vie au Mexique et mûre comme une belle grappe de pinot, il conduit ce patrimoine dijonnais avec soin, en replantant comme cette année sur le lieu-dit des Champs Cluds. Dans l’absolu, le vignoble de Daix représente d’ailleurs un important potentiel classé en AOC Bourgogne (voir carte), sur des terres faisant pour l’instant le bonheur d’autres cultures. Charles aurait sans doute voté pour ! 

© Dijon Capitale

📚 À lire dans Dijon Capitale n°9 – Disponible chez nos dépositaires habituels et à feuilleter en ligne