Bourgogne Dijon : la Maison Louis Picamelot et le Clos Eudes III

Ils sont les premiers acteurs du renouveau « terroiriste » constaté dans la métropole dijonnaise. Dijon Capitale a réuni quelques vignerons dans une parcelle intime. Rencontre dans le Clos Eudes III avec la Maison Louis Picamelot.

© Jean-Luc Petit / Dijon Capitale

Septième duc de Bourgogne, Eudes III (1166-1218) érigea la citadelle de Talant en 1208, à une époque où la vigne régnait en majesté. Ce bâtisseur a désormais des vignes et même un clos en hommage grâce à Philippe Chautard. Le propriétaire de la maison Louis Picamelot (Rully), spécialiste du crémant de Bourgogne, est engagé dans le renouveau « terroiriste » talantais depuis bientôt dix ans et sa rencontre fortuite avec le maire d’alors, Gilbert Menut. Il y eut 2 ha de chardonnay plantés en 2016 sur le lieu-dit En Espoutières, à l’ouest.

Et maintenant le fameux clos, sur les pentes surplombant le lac Kir, juste au-dessus du parc de la Fontaine aux Fées : 2,18 ha ceints d’un beau mur en pierres sèches construit par l’association Sentiers. Les vignes « mi-hautes et mi-larges », avec une densité de plantation assez faible (5 000 pieds/hectare), permettent d’accueillir de la biomasse entre les rangs et de maitriser les rendements propices aux grands crémants de terroir.

Cette parcelle accueille d’ailleurs une douzaine de variétés de chardonnay issus de vigne mère propices à un suivi expérimental avec, à la base des rangs, pour la déco, quelques roses de Vergy, en clin d’œil à l’épouse du duc Alix de Vergy. L’histoire entre Talant et la maison Louis Picamelot pourrait s’étirer encore. La municipalité a un peu de réserve foncière et lorgne sur des vins tranquilles. Le faiseur de bulles évoque de son côté déjà 7 ha potentiels à Talant sur les 19 que compte la maison, sous la conduite du précieux chef de culture Enrico Peyron.

Philippe Chautard pilote cette aventure avec patience et méthode. Planter des vignes à crémant exige un temps incompressible, entre 6 à 7 ans pour que la plante donne de beaux fruits, auxquels il faut rajouter 3 à 4 ans de vieillissement. « Je suis de la génération qui s’endette ! », plaisante à moitié l’intéressé. Eudes III le sait bien, Talant ne s’est pas fait en un jour.

© Dijon Capitale

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