L’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune donne un souffle nouveau à sa programmation. DBM en profite pour recueillir les confessions de personnalités attachées à ce haut-lieu. Épisode 2 avec les docteurs Larfouilloux et Chèvre, d’un bout à l’autre du fil de la vie.
Joseph Larfouilloux n’est pas tout à fait un jeune premier dans le métier. Son œil espiègle s’en amuse volontiers. Plus de vingt ans que ce pédiatre respecté a raccroché la blouse, refermant le livre d’une grande histoire beaunoise qu’il serre pudiquement contre son cœur.
En 1968, alors assistant au service des prématurés de l’hôpital de Chalon-sur-Saône, il entend parler du « patient beaunois ». Beaune n’a pas de pédiatre et prépare l’ouverture d’un nouvel hôpital. « À l’époque, la pédiatrie n’est encore qu’un luxe urbain, mais Beaune veut franchir le pas. Je suis reçu dans la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu par le directeur, chapeau de feutre à la main. On m’explique que je serai d’abord en poste dans un service provisoire au cœur des Hospices. Le tout sous l’œil bienveillant de la mère supérieure des sœurs… »
« La magie des lieux »
L’embauche sera scellée autour d’un déjeuner au restaurant du Marché, l’année même où la Vente des vins fut tout bonnement annulée après une récolte catastrophique. C’est l’époque des grandes personnalités marquantes, l’omniprésent et indispensable Jean Latour, alors vice-président des Hospices Civils, dont une salle porte aujourd’hui le nom au premier étage de l’Hôtel-Dieu.
« J’ai touché du doigt la magie des lieux, s’émeut encore l’intéressé, aux premières loges d’un décor unique au monde. Imaginez-vous, arriver au clair de lune, franchir le petit portillon, et être happé par cette énergie… À l’époque, ma rétribution était minime, la fierté de servir une telle institution suffisait. »
Joseph Larfouilloux a passé toute sa carrière à Beaune, en parallèle d’un engagement dans la vie de la cité comme adjoint au maire de 1995 à 2014, sur des sujets liés aussi bien à la natalité qu’au handicap. Il peut témoigner du nouvel hôpital construit en l’espace de dix-huit mois, où il a développé le service pédiatrie. « J’étais de garde pour le passage à l’an 2000, lorsque nous craignions tous le fameux bug. Une nuit comme les autres au final… »
La fille du docteur Larf’
Arnaud Chèvre ne découvre pas ces histoires mais il écoute avec un plaisir intact. Médecin urgentiste de formation, arrivé à Beaune en 2008 au sortir d’un début de carrière militaire puis aux urgences à Paris, il loue sa « chance d’avoir épousé une fille du docteur Larf’ » comme il dit affectueusement.
L’homme dirige aujourd’hui l’unité mobile de soins palliatifs, un service particulièrement exigeant, dont le champ d’intervention concerne toutes les unités d’hospitalisation des Hospices Civils. Un périmètre assez large qui s’étend de Nuits-Saint-Georges à Nolay, et d’Arnay-le-Duc à Seurre.
Cet accompagnement de la fin de vie résonne de façon bien particulière ici. « Je mesure ce que représentent 600 ans de charité. Sans la Vente des vins, sans les Hospices Civils, l’hôpital de Beaune aurait disparu depuis longtemps », estime le gendre qui, avec « grand papa », a animé en avril dernier une rencontre-visite au sein de l’Hôtel-Dieu dans le cadre de la foisonnante programmation culturelle autour du thème de la charité en 2024. Ces regards croisés d’une génération de soignants à l’autre, d’un bout à l’autre du fil de la vie, sont on ne peut plus enrichissants. Beaune accueille 600 bébés chaque année et prend soin des plus fragiles.
Ce binôme familial suit naturellement de très près le projet de loi sur la fin de vie et la création de maisons d’accompagnement qui en découlerait. Ces maisons ont vocation à accueillir des patients en fin de vie, qui ne peuvent plus rester chez eux mais ne nécessitent pas un accompagnement hospitalier. Beaune s’est portée candidate pour être centre d’expérimentation du dispositif. À écouter les deux « docs », tout cela aurait beaucoup de sens ici.
L’agenda de l’Hôtel-Dieu
164e Vente des Vins des Hospices Civils de Beaune : les archives à la loupe
Découvrez des archives remontant au XVe siècle (actes administratifs, correspondances, anciens catalogues…) et revenez sur les temps forts de l’activité viticole des Hospices : des premières parcelles données à la constitution du domaine, de l’organisation de la première vente des vins au prestigieux événement que nous connaissons aujourd’hui.
🕰️ Vendredi 15 et samedi 16 novembre (10h30-11h30 ou 15h45-16h45) | Dimanche 17 novembre (10h30-11h30)
Ateliers créatifs : restez connectés comme au Moyen Âge
Carnets de poésie et crayons de couleurs en mains, parcourez l’Hôtel-Dieu en compagnie d’un médiateur, et transmettez votre perception du lieu par les mots, le dessin,
le collage ou toute autre forme qui vous inspire. L’idée ? Partager votre expérience du lieu, et adressez votre témoignage aux résidents et aux patients des Hospices Civils de Beaune : un atelier-correspondance sur le « prendre soin », une forme de charité à perpétuer.
🕰️ Tous les mercredis en décembre (15h30-16h30)
Nuit étoilée : l’Odyssée des enfants
L’esprit de Noël à l’Hôtel-Dieu ! Un conte interactif inédit, composé sur le thème de la charité par le comédien forain Thomas Volatier. Histoires de soin et de prendre soin s’écoutent, se racontent, et se chuchotent aux oreilles des petits et des grands.
🕰️ Samedi 6 décembre (18h30-20h)
Paroles d’hospitaliers : la prise en charge des femmes au fil des siècles
En suivant, dans les salles de l’Hôtel-Dieu, le docteur Azadah Yacoub, gynéco-obstétricienne et chef de service au Centre hospitalier Philippe le Bon de Beaune, vous échangerez sur l’évolution des soins prodigués aux femmes depuis le Moyen Âge. Un nouveau regard pour ce dernier format de visite-rencontre de l’année avec les soignants d’hier et d’aujourd’hui des Hospices Civils de Beaune.
🕰️ Samedi 7 décembre (14h30-16h)
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