Championne de l’emploi industriel en France, la Bourgogne-Franche-Comté ne compte pas moins de 10 « Territoires d’industrie », ainsi que de nombreux atouts pour séduire de nouvelles entreprises. Survol du paysage industriel de la région avec Nicolas Soret, vice-président du Conseil régional chargé entre autres du développement économique et de l’emploi.
En votre qualité de responsable régional en charge de l’économie, comment caractériseriez-vous la Bourgogne-Franche-Comté sur le plan industriel ?
Nicolas Soret : Nous sommes une région d’excellence industrielle où l’industrie représente 23 % des emplois (ndlr, hors intérim), contre seulement 15,8 % pour la moyenne française. La Bourgogne-Franche-Comté compte 19 300 établissements industriels, mais ce qui la caractérise le mieux, ce sont ses écosystèmes complets. Nous comptons ainsi six pôles de compétitivité reconnus par l’État dans les domaines de l’automobile (Pôle Véhicule du futur), du nucléaire (Nuclear Valley), des microtechniques (PMT), de l’alimentation (Vitagora), de la plasturgie (Polymeris) et des travaux publics (infra2050 Auvergne-Rhône-Alpes-Bourgogne-Franche-Comté). Ces spécialisations sont pour la plupart ancrées historiquement. Nous comptons également 16 clusters spécialisés, comme Mecateam Cluster en Saône-et-Loire, dédié à la maintenance des engins de travaux ferroviaires.
La fusion Bourgogne et Franche-Comté a modifié les équilibres industriels, notamment du fait du poids très important de l’industrie automobile en Franche-Comté. Or celle-ci fait face à une période de transition vers l’électrique qui fait craindre pour l’emploi. Comment anticipez-vous ce défi ?
Nous déplorons déjà plusieurs accidents industriels, comme la fermeture de la fonderie MBF à Saint-Claude (Jura) ou de l’usine d’emboutissage Benteler à Migennes (Yonne), toutes deux sous-traitantes de l’industrie automobile. Globalement ce secteur est source d’inquiétude, c’est vrai. La présidente de Région, Marie-Guite Dufay, a d’ailleurs déclenché un dispositif « Choc industriel » et affecté un agent à temps plein sur les territoires impactés pour accélérer leur mutation. Il y a 18 mois, nous avons également lancé une « Force d’intervention pour les mutations automobiles » qui se concentre sur les zones en difficulté comme Nevers-Val de Loire ou le Nord Franche-Comté. Nous leur apportons ainsi un soutien en ingénierie, qui s’additionne aux dispositifs de l’État comme « Territoires d’industrie ».
À quoi sert ce dispositif « Territoires d’industrie » et comment est-il mis en œuvre en Bourgogne-Franche-Comté ?
Il s’agit d’une initiative gouvernementale, lancée fin 2018, visant la reconquête industrielle et le développement des territoires. Aujourd’hui, ce dispositif entre dans une seconde phase, qui court de 2023 à 2027. En Bourgogne-Franche-Comté, nous avons 10 territoires ainsi labellisés (voir carte), qui couvrent tout le champ géographique régional. Concrètement, chaque territoire identifié se dote d’une feuille de route pour aller au-devant de ses entreprises industrielles et les informer des moyens mobilisables pour accélérer leur mutation. Chaque territoire d’industrie est géré par un binôme élu-industriel, ce qui permet à la fois d’être proche du terrain, et de connaître l’ensemble des aides pouvant être obtenues auprès de l’État et des collectivités territoriales. À notre niveau, nous proposons des prêts, des garanties bancaires, des outils de capital risque… Toute une boite à outil d’ingénierie financière au service de l’économie, aujourd’hui dotée de 230 millions d’euros.
Soutenir l’industrie existante, c’est bien, mais qu’en est-il de l’installation de nouvelles entreprises ?
C’est le rôle de l’Agence Économique Régionale de Bourgogne-Franche-Comté (AER BFC) que d’aller chercher des investissements et des installations exogènes. Et je veux rendre hommage à son équipe, car avec 160 projets d’implantation, notre région se situe au 5e rang des régions françaises les plus attractives économiquement. Cela nécessitant avant tout des terrains, l’AER BFC porte un observatoire du foncier (OFER BFC) qui recense précisément les espaces disponibles. Aujourd’hui, sur toute la région, nous comptons 301 zones d’activités économiques, qui proposent quelque 1 870 ha de foncier, dont 690 immédiatement mobilisables, le reste étant en voie de viabilisation. L’observatoire identifie aussi les friches que l’on peut reconvertir. Seul petit bémol, uniquement sept de nos zones économiques peuvent offrir des terrains de plus de 10 ha, ce qui limite la taille des projets d’implantation. Mais la dynamique est excellente, notamment dans la zone Saôneor à Chalon-sur-Saône, qui accueille plusieurs nouvelles grosses installations, comme ITEN, un producteur de micro-batteries lithium-ion. Bref, l’excellence industrielle de la Bourgogne-Franche-Comté est plus que jamais d’actualité.
📚 Article à retrouver dans Bourgogne Magazine Hors-Série n°23 « Génies de l’Industrie » – Disponible en kiosque partout en Bourgogne-Franche-Comté et sur la boutique en ligne