Vente des vins de Beaune : 5 questions à Célian Ravel d’Estienne (Sotheby’s)

La rédaction de DBM a posé cinq questions à Célian Ravel d’Estienne, responsable des ventes aux enchères France pour Sotheby’s Wine.

Célian Ravel d’Estienne, responsable des ventes aux enchères France pour Sotheby’s Wine. © Sotheby’s

159 millions de dollars en 2023 : les vins et spiritueux montent très haut dans le ciel de Sotheby’s. Quelle place la Bourgogne occupe-t-elle ?

Célian Ravel d’Estienne : Les vins de Bourgogne sont, depuis quelques années, les plus recherchés dans nos ventes. En 2023, ils représentaient 34% de nos ventes en volume, contre 26% il y a dix ans. Cette progression s’explique par l’engouement des collectionneurs pour les plus grands vins et la difficulté des amateurs à se procurer des allocations de grands domaines.

Comment se compose et s’organise votre staff pour le jour J ?

Notre équipe travaille à Beaune toute l’année, avec l’équipe des Hospices, à la préparation de la vente. Il y a un énorme travail en coulisses pour assurer sa tenue, qui nécessite une équipe d’environ 50 personnes sur place. Le département vin, mais aussi des membres de nos équipes techniques, opérationnelles, presse, événement…

51 cuvées, sur différentes appellations léguées au fil des siècles, de différents climats… le tout pour la bonne cause. Les Hospices de Beaune, c’est un peu compliqué. Comment développer une pédagogie à l’échelle du monde ?

La promotion et le rayonnement du nom des Hospices de Beaune est un aspect très important de notre mandat (ndlr, le contrat avec les Hospices porte sur cinq éditions, de 2021 à 2025). Nous organisons des dégustations à travers le monde : Mexico, Seoul, New York, Londres, Dubai… Ce sont d’excellentes opportunités pour les amateurs de découvrir les vins du domaine et de mieux comprendre son histoire. Notre mission est donc avant tout pédagogique car en effet, il n’est pas toujours facile de naviguer à travers les appellations, climats ou cuvées, même si elles font partie du charme de la Bourgogne.

Les enchères par téléphone sont enveloppées de mystère. Quels sont les petits secrets d’une bonne relation avec un acheteur ?

C’est assez simple en réalité : le but est de permettre à des enchérisseurs qui ne peuvent pas être sur place de participer à la vente. Notre rôle est donc de les informer de ce qu’il se passe dans la salle, comme s’ils y étaient, et de relayer leurs enchères au commissaire-priseur. Cette pratique est évidemment très encadrée et nos équipes sont formées à la prise d’enchère par téléphone. Une grande partie des acheteurs sont à l’autre bout de monde et ne peuvent pas forcément se déplacer sur la vente mais nous avons aussi beaucoup d’enchères téléphoniques depuis la France et même en Bourgogne. Ma première enchère de ce genre était il y a quelques années pour un négociant bourguignon qui n’avait pas pu rester jusqu’à la fin de la vente et avait demandé à être appelé pour un lot en particulier.

Jeannie Cho Lee, Master of Wine très respectée, est la nouvelle consultante de Sotheby’s pour les Hospices de Beaune. Faut-il s’attendre à une ruée des acheteurs asiatiques dès cette année ?

La demande provenant d’Asie pour les vins des Hospices de Beaune n’est pas nouvelle, mais la présence de Jeannie en tant que consultante devrait en effet permettre d’accroitre encore plus la réputation des Hospices dans cette région, en particulier en Corée du Sud, où nous organisons cette année une dégustation en présence de Jeannie.