À Shangai, le symposium « Terroir-Renaissance » attire les plus grands vignerons de la planète. Fin novembre, la dernière édition de cet incroyable rendez-vous des hauts lieux du vin au pays du thé a été marquée par la présentation en avant-première de la version chinoise du Permis de Bourgogne, édité par Bourgogne Magazine. L’Empire du milieu s’éveille à la subtilité de nos terroirs…
En 2014, dix ans avant son installation à Dijon, l’honorable Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) fait une annonce fracassante : avec près de 800 000 hectares plantés, la Chine est le deuxième vignoble de la planète juste derrière l’Espagne. Un éveil à la démesure de l’immense pays, qui vient d’ailleurs de voir sa demande d’adhésion à l’OIV acceptée.
Les Français saisissent la grappe au bond, le groupe LVMH en tête, entrainant dans son sillage de nombreux acteurs de la France viticole. En retour, les jeunes étudiants chinois se forment chez nous et importent les bonnes pratiques viticoles. Leurs ainés investisseurs s’intéressent à nos vignobles, le Bordelais notamment. Côté verre à moitié plein, ce croisement des cultures n’a rien d’une menace : la Chine, premier pays consommateur de vin rouge au monde, représente un marché à fort potentiel.
Mais le Covid est passé par là, et la soif des Asiatiques s’est quelque peu étanchée depuis. Cocktails, bières artisanales et flambée des prix ont eu raison d’une partie de l’enthousiasme, infléchissant la courbe des importations de vins. Les breuvages du haut du panier, dont les bourgognes, tiennent cependant leur rang. Et sur ce marché monstrueux, la consommation par habitant demeure très basse, donc porteuse d’enthousiasmantes marges de progression.
Au pays du thé, le terroir fait écho. La notion de lieu qui désigne nos fameux climats s’y transpose allègrement. TasteSpirit, société initiée par Xiang Gao, pratique une pédagogie ambitieuse dans la région de Shangai où elle siège, ainsi qu’à Pékin, Canton et Shenzhen.
Les grands noms de la Bourgogne viticole
Notre consultant Jacky Rigaux, en bon spécialiste des grands vins de terroir, accompagne depuis longtemps ses travaux, avec un constat lucide : « Les vins les plus rares, à l’image du Cros Parantoux d’Henri Jayer dans les années 90, sont synonymes de réussite sociale. Tout entrepreneur, banquier, chirurgien, avocat, cadre dirigeant se doit de boire les plus grands vins, les plus recherchés et les plus chers au restaurant, et si possible de les posséder (…) Il était normal que la Chine, perçue comme la grande puissance émergente du XXIe siècle, fasse de Hong Kong un trait d’union entre elle et la vieille Europe. »
Au pays de la Grande Muraille, on s’amourache du Montrachet et de la Romanée-Conti. Les meilleurs vignerons de la planète se retrouvent ainsi chaque année à Shangai pour un très prisé symposium international « Terroir-Renaissance ». Du 22 au 24 novembre derniers, des Bourguignons de renom ont fait le déplacement, accueillis par Bertrand Lortholary, l’ambassadeur de France en Chine.
Fidèles parmi les fidèles : Aubert de Villaine, Thibault Liger-Belair en tant que président de l’Association internationale des Terroirs, Laurent Delaunay (le président des vins de Bourgogne), Bernard Bouvier, Nadine Gublin, Erwan Faiveley, Jean-Michel Chartron, William Jacquin-Ponsot, Charlotte Bouygues-Guyot (fille de Martin Bouygues), Edouard Labet, etc.
Le Permis de Bourgogne en version chinoise
La géo-sensorialité pronée par Jacky Rigaux séduit les amateurs de vins chinois. Ils voient dans les grands terroirs français et dans les climats de Bourgogne une évidente similitude avec ces hauts lieux qui font la complexité du thé.
Friands de masterclass, assoiffés de culture française, ils ont découvert en avant-première la version chinoise du Permis de Bourgogne. Cet ouvrage porte la signature commune de Jacky Rigaux et de Dominique Bruillot, éditeur de Bourgogne Magazine.
Il fut en premier lieu un hors-série de Bourgogne Magazine servi à ses abonnés et disponible en kiosque. L’esprit pédagogique de ce grand quiz et ses réponses développées en toute convivialité séduit. L’ouvrage paraitra officiellement en Chine début 2025 et sera donc accessible à des millions de Chinois.
Sur ce coup-là, n’ayons pas le triomphe modeste car tout prend d’incroyables proportions dans l’Empire du milieu. Et comme on dit là-bas, « quelqu’un qui vous comprend, même au bout du monde, est comme un voisin ». Le vin n’a pas fini de nous rapprocher !