Saint-Vincent : l’appellation Ladoix vue par trois sommeliers

Les sommeliers interrogés sont unanimes : si la colline de Corton fait encore un peu d’ombre à l’appellation Ladoix, tous pointent l’excellence de ses crus et de ses vignerons. Focus sur une digne ambassadrice de la Bourgogne côte-d’orienne. 

Carte des domaines avec l'appellation Ladoix-Serrigny.

Propos recueillis par Alexis Cappellaro et Michel Giraud

Christophe Gines – Sommelier consultant installé à Beaune

Christophe Ginès
Christophe Ginès © Iannis Giakoumopoulos

« J’aurai le plaisir de servir des vins de Ladoix au banquet qui clôturera la Saint-Vincent tournante. Cette appellation m’a toujours plu par son charme discret. Je ne me suis jamais expliqué cela : quand on arrive par le nord, Ladoix est le premier village de la Côte de Beaune mais, hélas, reste peu en tête. En tant que sommelier, ce sont des vins que l’on rêve de promouvoir : accessibles, friands, toujours plaisants, avec des professionnels qui travaillent bien, sur des élevages avec des bois de haute qualité. Les blancs provoquent un plaisir immédiat, ils sont révélateurs de la richesse et de la profondeur de la Côte de Beaune ; les rouges me rappellent l’esprit du sous-bois, le caractère chaleureux qui ira très bien à une fête comme la Saint-Vincent tournante. Les Gréchons et Les Hautes Mourottes, à touche-touche des Corton, ont mes faveurs parmi les premiers crus. »

Maxime Brunet – Hostellerie du Chapeau Rouge**, Dijon

Maxime Brunet
Maxime Brunet © D.R.

« Les ladoix rouges nous rapprochent du crépitement de la cheminée ! Elle se déguste en toute saison, mais je trouve que c’est une appellation idéale pour la saison froide, donc parfaite pour la Saint-Vincent tournante. Je la conseille pour son caractère très polyvalent, entre puissance et structure, sous-bois, humus, cep, champignon… C’est formidable sur un gibier à plume, des plats giboyeux d’hiver, les viandes fibreuses bien confites. En plus, les vignerons du cru ont un excellent respect des niveaux d’appellations et une fine lecture de leurs climats : avec les premiers crus, on monte d’un cran dans les sensations. J’ai un faible pour les blancs et leurs robes soutenues, ceux que l’on retrouve dans la veine argile-calcaire de Ladoix. Ils donnent des vins très équilibrés, pointus, droits, avec une franchise évidente. On joue sur une palette large : vivacité, tension, gras, opulence plairont aux poissons et crustacés. Un poisson gras légèrement fumé, des saint-jacques snackées avec un coup de truffes, un ladoix 1er cru Les Gréchons… aucun souci ! »

Benjamin Maillet – Hostellerie Cèdre & Spa*, Beaune

Benjamin Maillet
Benjamin Maillet © Jean-Luc Petit

« On est rarement déçu par un ladoix. L’appellation a une belle identité, affirmée. Elle offre un superbe panorama du coteau et le positionnement prix (entre 15 et 20 euros pour un village) est à souligner. C’est de plus en plus rare en Bourgogne. Cela me permet par exemple de proposer des vins au verre – actuellement un ladoix blanc 2020 du domaine Chevalier – et de glisser volontiers l’appellation parmi nos accords mets et vins. Emmené par un joli élevage, le chardonnay sera tout à fait caractéristique de ce que doit être un grand bourgogne blanc. Sur les premiers crus, Les Gréchons, parfaitement exposé en haut de coteaux, sur un sol calcaire à coquilles d’huîtres et marnes blanches, appellera l’iode ou les poissons nobles. Les rouges me plaisent pour leur diversité entre structure et finesse. La Corvée ira bien sur un pigeon, quand les Basses Mourottes préfèrera une viande blanche plus tendre, type porc ou veau. »