Le journaliste et fondateur de l’hebdomadaire Marianne est mort à 86 ans, ce jeudi 23 janvier. Jean-François Kahn avait lié depuis longtemps son esprit libre et gourmand à celui de la Bourgogne.
Il est mort un jeudi, ultime trait d’esprit que l’on imagine finement calculé. Fondateur des magazines hebdomadaires L’Événement du Jeudi (1984-2001) et Marianne, dont il fut le directeur dix ans durant jusqu’en 2007, Jean-François Kahn s’est éteint ce matin à l’âge de 86 ans.
Explorateur de toutes les formes journalistiques, anticonformiste patenté, fustigeant dès que possible le déni du réel et la pensée unique, l’un des derniers grands patrons de presse était un personnage de la vie française. Il avait le talent de tout vivre et de tout voir.
Son moulin de l’Avallonnais
La Bourgogne, elle, dit au revoir à un serviteur discret et aimant. Amateur érudit de cuisine et de crus locaux, ami du festival Livres en Vignes au château du Clos de Vougeot, ce chevalier du Tastevin avait trouvé refuge dans un moulin de l’Isle-sur-Serein (Yonne), tout en s’impliquant dans la vie de l’Avallonnais.
Son illustre frère, le généticien Axel Kahn, disparu en juillet 2021, était quant à lui très lié au Châtillonnais. Les deux frères partageaient d’ailleurs le goût des bonnes choses et s’étaient dits adieu autour d’un verre de bourgogne et d’un morceau de comté.
Connaisseur de Dijon et acteur de la Cité de la Gastronomie
« Très souvent il venait à Dijon pour visiter cette ville qu’il aimait tant et notamment le Musée des Beaux-Arts. Il adorait également se rendre à la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin, dont il était un membre très actif du comité d’orientation scientifique », a publié l’élu dijonnais François Deseille. L’adjoint en charge de la Cité de la Gastronomie, proche du journaliste, a rendu hommage à « un homme passionné par la musique, l’opéra, la gastronomie et le vin ».
« Il avait un regard tendre sur nos territoires et sur Dijon dont il connaissait tous les trésors », a notamment réagi François Rebsamen.
Dernièrement, le confinement avait assigné Jean-François Kahn à résidence bourguignonne. Il y avait notamment peaufiné ses Mémoires d’outre-vies (2021), couchées sur 1200 pages en deux tomes, parues chez les bien nommées éditions de L’Observatoire.
Sur la quatrième de couverture, le journaliste et essayiste, millésime 1938, avait gravé un sentiment vertigineux : « Après trois quarts de siècle qui ont laissé des encoches, des brûlures et des blessures dans ma mémoire, les hasards d’une existence et d’une carrière non programmée ayant fait que je me suis retrouvé au cœur de la plupart des événements qui ont façonné le monde d’aujourd’hui, je me retourne, sidéré… Comment est-il possible que j’aie vécu tout ça ? »
Jean-François Khan était un grand humaniste. Sa curiosité, sa culture immense et éclectique, son regard acéré sur la politique et la société nous manqueront. Il avait un regard tendre sur nos territoires et sur Dijon dont il connaissait tous les trésors. Pensées à sa famille. pic.twitter.com/rPe3jujO6F
— François Rebsamen (@frebsamen) January 23, 2025