Mère Térésa, l’Abbé Pierre et d’autres figures de la paix en grand format ont été installées par un commando nocturne sur les grilles du Palais des ducs. Cette occupation sauvage d’un lieu s’appelle « urban hacking ». Les médias membres des Régionaux Indépendants ont été alertés: dijonbeaune.fr révèle les conditions d’une installation sauvage, gazetteinfo.fr livrera une vidéo sur l’artiste cet après-midi. Va-t-on laisser faire et permettre à cette paix d’être durable?
Par Dominique Bruillot – Photos Jean-Luc Petit
3h45 ce matin. 4 hommes en blanc débarquent d’un camion que l’on a introduit sur la place de la Libération, devenue le temps d’un acte symbolique la place de la Liberté. Ils en sortent une échelle, quelques outils et des grands panneaux qu’ils posent le long du mur du Palais des ducs. Les visages représentés sur les panneaux le montrent: ce commando a des intentions pacifistes. On ne propose pas le Dalaï Lama, John Lennon, Aung San Suu Kyi, l’Abbé Pierre ou encore Wangari Maathaï à la face du monde dans un état d’esprit belliqueux. Le panneau central de l’expo ne laisse d’ailleurs aucun doute à ce sujet: « 1914, 1944, 2014 Vote Peace ». Yes we can.
C’est clair, c’est net, il s’agit d’un message de paix. Et, à ce titre, la présence symbolique d’un « Poilu inconnu » et d’un « G.I. inconnu » au sein d’un casting bourré de prix Nobel, rappelle qu’il faut parfois sacrifier des vies pour gagner la paix, et ce, quel que soit le continent où l’on vit. Ces œuvres sont signées « Khobz », un artiste haut-marnais, coutumier de ce genre de performances qui relèvent de ce qu’on appelle, dans le street art, l’urban hacking.
L’installation des panneaux dure un peu plus d’une heure, avant que le jour se lève. Quelques étudiants sortant d’une boîte de nuit s’arrêtent de chanter pour poser les bonnes questions. « C’est cool! » dit l’un d’eux en écoutant les explications d’un membre du commando.
Tenir jusqu’au 6 juin
Les rares passants, parfois plus ou moins éméchés, d’origines diverses eux aussi, ne sont pas indifférents, loin de là. Tous saluent l’initiative. L’un d’entre eux relève même avec passion l’interdit de la situation: « Quoi, personne n’est prévenu à la mairie, vous avez fait ça sans autorisation? C’est génial! »
Car là est la question. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nul ne sait encore ce que sera l’attitude de la Ville. Une action comme celle-ci, par définition, pourrait être condamnée. Même si le caractère esthétique du propos (l’urban hacking invite à ne jamais détruire un environnement mais au contraire à le valoriser), tout comme la volonté de réveiller les (bonnes) consciences sont des éléments qui devraient plaider en faveur du maintien de l’expo.
Khobz ne craint pas les attaques d’une éventuelle météo chancelante sur son travail, car « cela fait partie des règles du jeu en ce qui concerne le street art ». Il souhaite simplement que l’exposition puisse durer quelques jours encore, au moins jusqu’au jour symbolique du 6 juin. Reste à savoir si la Ville de Dijon va apprécier ce siège un poli « provoc », ce « débarquement » artistique et pacifique plutôt inattendu.
Pour savoir qui est Khobz, voir cet après-midi la vidéo de Christian Moccozet sur Gazette Info