La famille, c’est le thème du Festival littéraire Clameurs, deuxième édition, qui se tient à Dijon tout le week-end. La programmation éclairée de Marie-Hélène Fraïssé permettra aux visiteurs l’exceptionnelle rencontre avec Jim Fergus, un des grands noms du roman américain dont la famille (bourguignonne par la branche maternelle) est marquée par l’inceste. Son dernier livre parle lui d’un autre secret, soigneusement tu par le mythe de la conquête de l’Ouest américain: le massacre et la mise à l’écart des populations autochtones par les colonisateurs blancs.
Jim Fergus a bénéficié en France d’un formidable accueil pour son livre Mille femmes blanches qui racontait l’organisation (fictive bien que tirée de faits réels) par le gouvernement américain de Grant du transfert d’un millier de femmes « offertes » aux Cheyennes contre des chevaux, afin de permettra l’intégration de la descendance dans une nouvelle société dominée par les « blancs ». Ces femmes, sorties d’asiles psychiatriques, inadaptées sociales ou très pauvres, en quête d’une nouvelle vie, seront les héroïnes, volontaires ou non, de ce troc.
C’est lors d’une tournée promotionnelle de son livre que Fergus va mettre au jour la première pierre d’une piste qui le mènera sur les traces de sa mère, comme l’écrit le critique François Busnel, « d’un mouroir américain jusqu’aux vignobles de Bourgogne. »
L’histoire est celle d’une petite-fille, Renée, confiée à des aristocrates français ne parvenant pas à avoir d’enfant. Séductrice et manipulatrice, Renée sépare sa mère adoptive de son amant qui n’est autre que son oncle, s’enfuit avec ce dernier, pédophile et violent… elle aura une fille, Marie-Blanche, mère de Fergus qu’elle n’aimera jamais. Marie-Blanche finira d’ailleurs par se suicider.
Extrapolation de ce drame familial, c’est dans la généalogie de l’Amérique que Jim Fergus a fouillé pour en exhumer un secret et le thème de son dernier roman, La fille sauvage: celui de l’annihilation programmée de la culture indienne. En cela, il est se rapproche par exemple d’un autre grand romancier des espaces américains, Jim Harrison.
Jim Fergus interviendra le dimanche 15 juin à 16h30, aux cuisines ducales), lors d’une rencontre avec Guillaume Monod sur le thème « Guérir de son enfance? ». Cette rencontre sera animée par Louise Tourret.