La grêle a une nouvelle fois frappé la Côte de Beaune samedi dernier, touchant sévèrement les vignobles de Pommard, Meursault et surtout Volnay. Selon Claude Chevalier, le président du BIVB, cette dernière appellation semble marquée par le destin. Si personne ne peut rien contre le temps, il appartient maintenant d’éviter au mieux les dérapages sur le marché. Petite mise en perspective au lendemain d’une tombée de « balles de golf ».
© DR
Par Dominique Bruillot
« C’est le métier qui veut ça, notre paie est dehors, la nature peut nous la reprendre à tout moment! » Le vigneron de Meursault Vincent Latour tente de prendre les choses avec philosophie. Devant la caméra de France3 il explique, une fois de plus malheureusement, que cette année encore la grêle risquera de lui coûter la moitié de sa récolte. D’une année sur l’autre, le phénomène devient presqu’une (très mauvaise) habitude. « En 3 ou 4 minutes, tout peut arriver ».
Dans la vigne, c’est donc bien la météo qui commande. L’orage de samedi dernier a du coup jeté un doute quant à l’efficacité des canons anti-grêle, dont une trentaine ont été installés juste avant le déluge. Claude Chevalier, président du BIVB, est lui-même très sceptique sur le sujet. « C’est bien sur le papier, mais en attendant c’est loin d’être pleinement efficace, j’ai rarement vu tomber de grêlons de cette taille », confirme celui qui reste, avant tout, un vigneron de Ladoix-Serrigny. « Des balles de golf », confirme son confrère murisaltien François Bitouzet.
Il est difficile pour l’heure, de prendre réellement la mesure des dégâts occasionnés par ces nouvelles intempéries sur un millésime 2014 pourtant très prometteur d’un point de vue qualitatif. Meursault et Pommard sont touchés, certes, mais c’est surtout Volnay qui décroche, une fois encore, la palme de la malchance. Car seule la clémence des dieux du ciel pourrait apaiser cette situation qui, d’une année sur l’autre, affaiblit un certain nombre de vignerons de cette appellation maudite, parfois proches du dépôt de bilan.
Le risque est double. Les domaines les plus fragiles, les petits en général, pourraient se faire absorber par ceux qui disposent de réserves, dans une logique « concentrationnaire » qui ne colle pas forcément à la culture parcellaire historique de la Bourgogne. Surtout, « si quelques uns sont dans la m…, poursuit Claude Chevalier, il ne faut pas que d’autres en profitent pour pratiquer eux-mêmes une augmentation des prix ». Le positionnement des bourgognes sur les marchés internationaux, déjà affecté par la faiblesse en volumes des précédentes récoltes, pourrait finir par lasser des importateurs. « Ces derniers risqueraient de se tourner vers d’autres vins », lâche notamment Vincent Latour.
Dès cette semaine, l’interprofession va se pencher sur la façon d’accompagner cette situation, notamment en s’intéressant aux plus touchés pour éviter de généraliser les conséquences d’un fléau qui concerne, malgré tout (et heureusement), une minorité de producteurs.