VRP: un Village, une Route, un Patrimoine. Cap à l’Est cette fois-ci. Direction la Vingeanne, ses plaines céréalières, ses cours d’eau, son patrimoine. Cette jolie escapade aux confins de la Côte-d’Or et de la Haute-Saône emprunte au final les pas de la Reine Brunehaut et de la Veuve Couderc. Alain Delon en est tout retourné.
© photo B. Petit
Rubrique réalisée en collaboration avec l’entreprise Rougeot à Meursault
Avant de quitter la Côte-d’Or, par l’est, voici Mirebeau-sur-Bèze que l’on visite en suivant le parcours du « Chat Mirabel ». Voici aussi la D70 qui nous conduit tout droit vers Gray et la Haute-Saône. A la sortie de Mirebeau, un panneau indique la direction des châteaux de la Vingeanne. Beaumont, Rosières, Fontaine-Française… le moment est donc choisi pour quitter les grands axes et faire un dernier tour dans la vallée.
Clignotant à gauche direction Oisilly. C’est là, en longeant le Canal de la Marne à la Saône rebaptisé « Entre Champagne et Bourgogne », qu’apparait un étonnant viaduc. L’édifice a été construit à la fin du XIXème siècle pour soutenir une voie ferrée destinée à relier Gray à Chatillon-sur-Seine. Les pierres qui ont servi à sa construction viennent d’une carrière située à deux pas de là, à Licey-sur-Vingeanne.
L’édifice, de 294 mètres de long enjambe en 7 arches elliptiques le Canal et la Vingeanne. Les trains ne circulent évidement plus sur ce pont qui culmine à 220 mètres d’altitude. Mais on y croisera sans doute bientôt des draisiennes. Le Vélorail de la Vingeanne a ouvert depuis l’été 2013 un parcours sur les anciennes voies de chemin de fer. A coup de tronçonneuses et de volonté, les membres de l’association ont réhabilité la voie et installé des draisiennes en lieu et place des trains.
Point de départ de l’activité, la gare de Champagne est aussi le point de départ d’un chemin de randonnée, en même temps qu’elle abrite une chambre d’hôtes (Shakespeare Station) et une base de location de vélos. Champagne-sur-Vingeanne est situé au bord de la Voie Verte, une Véloroute exclusivement réservée aux déplacements doux, qui longe le canal permettant ainsi de rejoindre la Voie Bleue, le long de la Saône ou alors la Haute-Marne.
Suivons justement le chemin de halage. La route le croise à plusieurs reprises proposant d’agréables coins pour un pique-nique. Puis vient Renève. C’est là, au moment Pâques en 614, que la Reine Brunehaut aurait été suppliciée. Après un simulacre de procès, elle fut livrée pendant deux jours aux opprobres et risées des soldats, avant d’être sacrifiée. Cette grande bâtisseuse fit construire des voies romaines. On lui doit aussi la première cathédrale d’Autun. L’exposition de la Halte Brunehaut lui est tout naturellement dédiée.
Les fouilles et les résultats des nombreuses recherches de Bernard Petit y sont exposés. L’homme est affable. Il est intarissable sur toutes les histoires de la Vingeanne. Aujourd’hui menuisier retraité, il présente dans ses anciens ateliers ses trouvailles autour d’anciennes constructions gallo-romaines. Mais l’heure tourne et la Côte-d’Or sera bientôt effacée. Avant de passer en Haute-Saône, on ne pourra s’empêcher d’avoir une petite pensée pour Simone Signoret et Alain Delon. A la vue du panneau Cheuge, on se rappellera que c’est ici que fut tourné La Veuve Couderc, sorte de « cougar » historique du cinéma. Les habitants gardent aujourd’hui encore un souvenir ému de cette aventure. Les lieux de tournage sont intacts: le moulin et surtout le pont levis, que l’on doit à un certain Gustave Eiffel.