Certains parmi les meilleurs vins blancs de Bourgogne, donc du monde, sont ici vinifiés. Mais Meursault, lieu saint du chardonnay, vibre encore avec le souvenir de quelques scènes légendaires de Bourvil et de Funès se chamaillant dans La grande vadrouille. Entre cinéma et réalité, bienvenue au pays de l’or blanc.
Rubrique réalisée en partenariat avec l’entreprise Rougeot à Meursault
Texte et photos: Michel Giraud
Chagny, son chef trois étoiles, son marché de référence et sa multitude de jolies adresses gourmandes _ dont l’étonnante poissonnerie Keronan _ ne sont qu’à une vingtaine de minutes. Le Pays Beaunois, ça se confirme, établit un lien charnel et épicurien entre Saône-et-Loire et Côte-d’Or.
En partant de Chagny, par exemple, il suffit de laisser filer la mythique « 6 » vers Arnay-le-Duc pour s’engager sur la D974. Ne pas faire halte à Santenay et à Puligny-Montrachet est à l’évidence un regret, mais réservons cela pour une autre fois, la Bourgogne a tellement de ressources.
Puis Meursault se dévoile sur la gauche. Comme dans toute cette partie de la Côte de Beaune, les domaines produisent parmi les meilleurs vins blancs du monde. Bienvenue au pays de l’or blanc, dans le temple du chardonnay où les loisirs verts ont aussi la vedette, comme en témoigne le Véloroute qui fend le territoire.
Meursault apporte le chaleureux témoignage d’une France immuable au cœur d’un prestigieux vignoble. Quelques travaux dérangent cette vision des choses pour la bonne cause. Depuis plusieurs mois, le centre-bourg se refait une beauté dont on apprécie déjà les premiers résultats.
Instinctivement, on se surprend à penser à Bourvil et à de Funès, à quelques scènes qui appartiennent à la légende du cinéma français. La petite épicerie du village, tout proche, témoigne elle-même que le 7ème art a une indéniable capacité à marquer à jamais les lieux qu’il met en scène. Ses propriétaires ne l’ont-ils pas baptisée la Petite Vadrouille?
Le 31 juillet, de Funès, originaire de Courbevoie, aurait eu 100 ans. L’anniversaire de l’acteur a touché Meursault. Sous le soleil, quelques touristes se sont ainsi pressés jusqu’à l’Hôtel de Ville, un ancien château fort bâti en 1337, maintes fois remanié au fil des siècles. Souvenez-vous de l’incendie de la Kommandantur: c’est ici, en effet, que les scènes extérieures de La grande vadrouille furent tournées. L’un des plus grands succès du cinéma français a donc pris corps dans le sud de la Côte-d’Or.
L’hôtel du Globe est ailleurs
Depuis une trentaine d’années, le vignoble agit comme un phare pour le tourisme. Le château de Meursault s’impose comme un élément fort de cette attractivité. Mais La grande vadrouille en est un autre. Même s’il faut se méfier de quelques idées reçues.
Ainsi, ne cherchez pas l’Hôtel du Globe, il n’existe pas ici. Pour le voir, sans quitter la Bourgogne, il faut aller jusque dans l’Yonne, à mi-chemin entre Vézelay et Chablis. Dans un louable souci de transparence, l’office de tourisme ne s’en cache pas et rétablit certaines vérités: « Dans le film, on reconnaît de Meursault la rue des écoles et le petit pont sur lequel Louis de Funès et Bourvil partent conduisant la charrette de Marie-Odile, la rue de Martray à l’arrivée sur la place de l’Europe où l’on voit la voiture des pompiers arriver à grands coups de pimpon. »
De toute façon, comme on dit dans les dégustations, blanc sur rouge, rien ne bouge. Célébrée en vis-à-vis de l’Hôtel de Ville/Kommandantur, l’indestructible Mère Daugier veille plus que jamais au grain. Sa « Terrine chaude depuis 1870 » occupe la devanture du restaurant du restaurant aujourd’hui rebaptisé Le Chevreuil. Mieux qu’au premier jour, la voilà magnifiquement représentée par un trompe l’œil qui ne trompe personne sur la fierté qu’elle génère.
Cette belle institution accueillait jadis la célèbre Paulée de Meursault. Malgré l’âge très avancé de la terrine en question _ régulièrement renouvelée depuis plus de 140 années on vous rassure _, le coup de fourchette garde toute sa fraîcheur. Plus largement, Meursault possède plusieurs bonnes tables à découvrir, qui honorent avec bonheur la qualité des vins produits ici.
Depuis peu, un élément du patrimoine local vient de renforcer le sentiment d’exception qui se dégage de l’endroit. La léproserie, fondée au XIIème siècle par Hugues II, duc de Bourgogne, a été restaurée avec de gros moyens. Une restauration audacieuse qui marie la vieille pierre et l’architecture contemporaine avec l’ambition, à moyen terme, de faire de Meursault la porte officielle des blancs de la Bourgogne. Impossible à rater, la Léproserie borde la D974 à la sortie du village en direction de Beaune. C’est elle, désormais, la vigie du pays de la vadrouille et de l’or blanc.