Jacques Dupont est le « Monsieur vins » de l’hebdomadaire Le Point. Son supplément est une bible qui influence le marché, un rite attendu à chaque rentrée. Pour dijonbeaune.fr, il nous parle de sa vision des foires aux vins.
Entretien réalisé par Dominique Bruillot
Photo: Jean-Luc Petit/Bourgogne Magazine
dijonbeaune.fr – La Bourgogne paie-t-elle par son absence le prix fort de ses maigres récoltes des millésimes passés?
Jacques Dupont. « Non, pour le Point, j’ai l’habitude désormais d’aller voir à la périphérie plus qu’au cœur. Si chambolle ou volnay pour différentes raisons (l’un la trop forte demande, l’autre la grêle) sont des appellations intouchables, on peut se faire plaisir avec un mercurey, en très forte progression avec une équipe soudée, sympa et très performante à la tête de l’appellation, ou le pouilly-fuissé, revenu des vins lourds et boisés. On se régale avec la nouvelle version de cette appellation: minéralité, tension, pureté du fruit. »
Les foires aux vins sont-elles aussi intéressantes dans les régions viticoles qu’ailleurs?
« Si on y va pour acheter le vin du vigneron voisin, c’est qu’on est fâché avec lui ou qu’il est trop bavard. Dans les régions viticoles, en principe on fréquente davantage les foires aux vins pour voyager et acheter des vins d’autres régions. Il convient de distinguer les sélections nationales des enseignes, présentes dans toutes les régions, viticoles ou pas, et celles régionales qui dépendent du responsable local qui décide de faire une part plus ou moins grande aux vins régionaux ou au contraire, s’il est amateur de vin, de faire découvrir d’autres choses. Mais si j’ai un conseil à donner et un seul, c’est de ne jamais aller dans les foires aux vins sans avoir préparé avant, choisi les vins qui vous intéressent et établi un budget. On peut bien sûr le faire avec Le Point. Sinon, on peut se laisser embarquer à acheter des vins moyens conseillés par des « sommeliers » de circonstances qui poussent là où l’enseigne a de gros volumes. »
Si vous aviez une enseigne à récompenser cette année pour les efforts accomplis dans la mise en avant, la pédagogie et le respect des vins: laquelle?
« De gros efforts ont été réalisés dans toutes les enseignes mais je suis surtout épaté par l’offre des sites. Autrefois, bien trop chers, ils sont désormais très concurrents de la grande distribution à condition toutefois d’acheter pour une somme minimum (en principe assez basse) et d’être exonéré des frais de livraison. »
Idem concernant les terres viticoles: laquelle vous semble la plus méritante et la plus prometteuse dans son évolution pour les années à venir?
« Je trouve que la Loire est une pépinière à jeunes et bons vignerons et que les prix y sont encre très raisonnables. On peut se faire plaisir avec des jolis Bourgeuil ou Chinon pour moins de 10 €… Un peu comme chez moi dans la Bourgogne abordable, du coté de Coulanges la Vineuse ou Chitry. »
(*)A découvrir aussi semaine prochaine sur dijonbeaune.fr, notre sélection des meilleures affaires dans les foires aux vins.
© Photo : Jean-Luc Petit