L’association des Maires Ruraux de France (AMRF) a témoigné de sa montée en puissance, numérique et politique, au cœur de la ruralité de Côte-d’Or, mise à l’honneur comme rarement. La nouvelle Ministre du partenariat avec les territoires a promis de s’inspirer des recommandations des maires ruraux.
Des centaines de maires de toute la France, réunis à la salle intergénérationnelle de Saint-Julien, ont profité de l’occasion du Congrès des Maires Ruraux de France pour faire entendre leurs voix, qu’ils estiment pour la plupart mal ou peu entendue par les instances étatiques, au niveau national, comme à l’échelon préfectoral et par les collectivités territoriales de taille supérieure, régions en tête. Infatigable défenseur de la ruralité et d’un certain bon sens de terrain, Michel Fournier, président de l’AMRF et Maire de Les Voivres (88), entend porter cette parole. « Les communes rurales, c’est 88 % du territoire national, où vivent 33 % des habitants du pays. À un moment, il faut que nous trouvions naturellement notre place, on y travaille, et ça avance. Nous avons cette chance incroyable d’avoir nos associations de maires ruraux pour faire remonter les choses, en région, et à Paris », a-t-il lancé en présence de la Ministre Catherine Vautrin, rescapée du gouvernement et nouvelle Ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation.
Celle-ci a assuré, lors d’une table ronde consacrée à l’évolution de l’organisation territoriale, « vouloir travailler dans le respect des Maires, qui sont les élus les plus légitimes, car désignés au suffrage universel direct ». Elle était en tout cas aux premières loges pour entendre monter la grogne des territoires, et leur envie de peser de leur juste poids dans la balance des décisions. Les revendications et griefs sont nombreux, et loin d’être récents. L’écueil de la complexité administrative, d’abord, qui débouche sur une vraie complexité pour monter des dossiers, demander des subventions, bénéficier de programmes régionaux ou nationaux. « Il faut toujours que l’on s’efforce de rentrer dans des cases. Et si nos projets n’y rentrent pas, il faut les réécrire. Ça tue l’initiative » a lancé un Maire d’une commune du Doubs. Un autre appelle à « une révolution copernicienne. Le pays se porterait mieux si l’on accueillait les initiatives des maires et que l’on réduisait le poids des normes ». Catherine Vautrin n’a pas esquivé. « Je viens d’accueillir le rapport Boris-Ravignon sur le coût du millefeuille administratif et le poids des normes. Je vous assure qu’il ne calera pas une armoire. Nous allons travailler ensemble à évaluer ces normes et à les simplifier », a-t-elle indiqué.
Le millefeuille est aussi géographique. Comme la veille, l’intercommunalité concentrait les griefs. De même que l’éloignement des instances régionales, la difficulté d’accès aux préfectures. Seul rescapé de l’ire municipale, le département, vu comme une collectivité de proximité, avec des interlocuteurs accessibles. « Je pense grand mal de l’intercommunalité, qui fait naître des baronnies locales et dépossède les maires de leurs moyens d’action. Celle-ci a été fortement renforcée par la loi Notré, qui porte bien mal son nom. Elle n’est pas notre loi, mais une nouvelle contrainte qui n’a pas été évaluée », a résumé un Maire de Dorgogne. « C’est précisément ce que le Premier Ministre, Michel Barnier, nous a demandé. D’arrêter la machine à créer de nouvelles dispositions et de regarder ce qui a été fait, voir ce qui marche, et ce qui ne marche pas », a répondu la Ministre.
L’envie, en tout cas, de relever le gant d’une meilleure gestion publique émanait de l’assemblée, réchauffée par un timide soleil de septembre et par la qualité de l’accueil côte-d’orien. L’engagement des Maires des communes rurales force l’admiration et ce congrès a permis de bien la mesurer. « Vous êtes de très loin les plus gros travailleurs de France, devant même les patrons de PME. Selon l’étude que mes équipes et moi avons conduite, vous travaillez en moyenne 62 heures par semaine. Les Maires sont les premiers serviteurs de la République », a conclut le Professeur Olivier Torres, de l’Université de Montpellier, auteur d’une étude sur la santé mentale des Maires.