À l’entrée sud de Beaune, la rue Maufoux (ou Carré Maufoux) est la première vitrine de la ville, faite de commerces indépendants. Véronique Grimpret y exerce depuis 25 ans l’art de vêtir chic la gent féminine, qu’elle soit locale ou internationale. Et a le bon goût d’être secondée par Catherine Heitzmann, présidente de l’Union du commerce beaunois.
Le pas allègre, un air d’Abbey Road des Beatles en tête, Véronique Grimpret et Catherine Heitzmann sont bien décidées à franchir le cap de cette année éprouvante. Rue Maufoux, comme partout ailleurs, il n’y a plus de temps à perdre après un trimestre cumulé de fermeture, alors que les stocks ont été reconstitués depuis l’été. Les deux femmes des boutiques de prêt-à-porter féminin Véronique et Véronique Bis, aux numéros 16 et 24 de la rue, n’attendaient que le feu vert gouvernemental pour repartir en avant.
D’autant plus que Catherine, collaboratrice de Véronique Grimpret, est présidente bénévole de l’Union du commerce beaunois (UCB), forte de 110 adhérents. Il a fallu penser aux animations de Noël en plein confinement, remettre en route les traditionnels chèques-cadeaux valables chez les adhérents, et déjà penser à la grande braderie sous les halles de février prochain. « Nous appelons notre quartier le Carré Maufoux tellement il est sympathique, bien achalandé et composé de gens passionnés », souligne Véronique, passionnée de sa rue où elle est installée depuis vingt-cinq ans. « Il ne manque plus que l’installation d’un pâtissier pour que l’offre commerciale et gourmande soit complète », estime celle qui a ouvert, l’année dernière, une boutique Véronique Bis, à deux pas de la maison des frères Chevrolet.
Tapis rouge
La rue, qui doit son nom au maire aménageur Jean-François Maufoux (1725-1800), est une des voies pénétrantes de la cité des remparts. Via la rue du Faubourg Bretonnière, elle ouvre l’entrée sud de Beaune jusqu’à la belle perspective sur la collégiale Notre-Dame. En tout, une trentaine de commerces indépendants sur à peine 200 mètres : bars à bières et à vins, magasins de vêtements de tous styles et de tous âges, barbier, bouquiniste, antiquaire, hôtel cinq étoiles (Le Cep) et restaurants, pas moins de huit, dont Loiseau des Vignes, juste en face de chez Véronique. Autrefois, une porte de pierre indiquait cette entrée sud de la ville, comme la porte Saint-Nicolas en marque l’accès nord. La rue est constituée « de commerces indépendants qui se sentent bien dans leur quartier », renchérit Véronique Grimpret, qui apprécie l’ambiance « cinéma » du Carré Maufoux. On y trouve en effet une galerie internationalement reconnue de vente d’affiches originales. Ici, Claude Lelouch promène ses élèves cinéastes venus tourner sur le pas des commerces quelques séquences de courts-métrages. Et en avril, le Festival international du film policier de Beaune réveille la saison touristique avec un casting d’exception. Les adhérents de l’union commerciale font même courir l’intrigue et les frissons jusque sur leurs vitrines.
Scènes internationales
« L’été, la clientèle est vraiment internationale », précise Véronique. À tel point que la langue usuelle devient l’anglais pour quelques mois, même si l’art de tailler la bavette avec la fidèle cliente locale reprend souvent le dessus. Rue Maufoux, se superposent plusieurs clientèles : une strictement locale, l’autre venue du monde entier, en plus de celle fréquentant le palais des Congrès. Et même une faune nocturne, avec les bars qui prolongent jusque tard la vie du quartier. En attendant les visiteurs de la future Cité des Vins et des Climats de Bourgogne promise pour 2022, que la rue commerçante est prête à accueillir les bras ouverts. « Welcome to Beaune, welcome to Carré Maufoux ! »