Beaune est l’incontestable capitale du bourgogne. Elle est aussi un phare pour le millier de membres de l’Union de la Sommellerie Française (UDSF) qui a tenu ce mardi son assemblée générale chez Albert Bichot. Du pur bonheur au moment même où le vin est (enfin) reconnu comme un élément du Patrimoine culturel de la France.
Par Dominique Bruillot
Photos: Clément Bonvalot
La grappe qu’ils portent est une exclusivité maison. Méfiez-vous des copies! Les membres de l’Union de la Sommellerie Française (UDSF) respectent un rite et une rigueur quasi maçonnique. Ils se reconnaissent entre eux grâce à ce signe. Toute décoration plus ou moins ressemblante relève de l’usurpation.
Il convient de rappeler que le diplôme n’est pas le sésame d’une carrière de sommelier. La plupart des sommeliers reconnus par l’UDSF (plus d’un millier) le sont grâce à leur expérience. Pour être « maître sommelier », comme l’on devient « maître restaurateur », il faut ainsi au moins une dizaine d’années de pratique constatée et approuvée.
L’assemblée générale de l’UDSF s’est tenue ce mardi à Beaune, dans les caves de la maison Albert Bichot, au lendemain du grand concours de Meilleur sommelier de France qui a consacré le jeune Jonathan Bauer-Monneret du Spring à Paris. Benoît de Charette partage la direction de la maison de vin familiale beaunoise avec Albéric Bichot. Il s’est fait un honneur de recevoir une telle assemblée. Comment, en effet, ne pas considérer l’impact formidable de cette profession non seulement sur le marché du vin en général, mais sur la place particulière qu’occupent les bourgognes sur les tables.
Consultant sur mesure
« Le sommelier », rappelle ainsi l’un d’entre eux, « est un interlocuteur privilégié pour le vigneron, bien plus encore qu’un caviste ou un revendeur, car il est en relation directe avec l’amateur. » Un peu comme un consultant taillé sur mesure pour un marché individuel, qui doit faire preuve d’abnégation autant que de discrétion, sans jamais discréditer son savoir et remettre en cause son obligation de conseil.
Cette assemblée générale un peu particulière a certes permis de procéder à quelque élection et distribuer des récompenses pour ses membres les plus éminents. Michel Hermet, qui fit ses premiers pas de sommelier à Beaune comme beaucoup de ses adhérents, a notamment été reconduit dans un enthousiasme général. Il l’a surtout été dans un contexte particulièrement profitable: la grand’messe de l’UDSF coïncide en effet à quelques jours près avec une annonce accueillie comme le Messie.
Dans son bulletin du 13 octobre, le Journal Officiel a en effet consacré « le vin, produit de la vigne » et donc partie intégrante « du Patrimoine culturel, gastronomique et paysager protégé de la France. » Allons-nous enfin retrouver la raison dans ce pays?