Roland Masse cède sa place dès 2015 à Ludivine Griveau. Pour la première fois de l’histoire des Hospices de Beaune, la signature des vins parmi les plus médiatisés au monde sera féminine. Que vive la parité !
Par Dominique Bruillot
© Château de Corton-André / Jean-Louis Bernuy
Dans la vie privée elle court. Mère de famille (trois enfants), Ludivine Griveau a en effet le profil d’une compétitrice. Sa participation au raid aventure de l’Arbre vert en Malaisie l’année dernière en atteste. Il y a donc fort à parier que le défi de tenir la gestion du prestigieux domaine des Hospices résonne en elle comme une épreuve symbolique à plus d’un titre. Les Hospices de Beaune sont ainsi en passe de s’adonner aux vertus de la parité, en plaçant dès janvier prochain une femme à la tête de l’exploitation viticole bourguignonne la plus médiatisée au monde.
Ludivine Griveau va donc succéder à Roland Masse. Avec un cahier des charges aussi technique que médiatique. Faire du vin sous la bénédiction de Guigone de Salins requiert des qualités diplomatiques avant tout. Elle aura la charge de gérer le plus atypique des domaines, dont la commercialisation, si on la résume à cela, se passe le temps d’une vente aux enchères, en deux ou trois heures, sous les caméras du monde entier.
2015, millésime féminin
Cela aura-t-il de quoi effrayer cette jeune femme de 36 ans dont les qualités de vinificatrice ont déjà été mises à contribution chez Corton-André depuis 2004? Le CV de la dame assure que non. Rodée par une cohabitation avec Nadine Gublin (domaine Jacques Prieur), autre égérie professionnelle des vins de Bourgogne, elle a, en peu de temps, trouvé sa place parmi le cercle fermé des grandes professionnelles du vin. Confrontée à la complexité d’une maison qui rayonne sur plus de 150 hectares du nord au sud de la Bourgogne, de Chablis à Pouilly-Fuissé, son exigence a été consacrée dans un environnement qui ne laisse que peu de marge aux flottements.
L’élégance accompagne la succession annoncée. « Roland a été avant-gardiste dans sa quête des vins », confie la jeune femme au Bien public. Un discours maîtrisé qui, on s’en doute, pourrait aussi déboucher sur une maîtrise différente de la proposition atypique (60 hectares répartis sur un large territoire) des Hospices de Beaune. Tout repose désormais sur sa capacité à mettre de sa personnalité (« Exigeante, professionnelle et souriante », écrit encore le Bien public) dans l’élaboration de ces vins stars du vignoble bourguignon.
En novembre 2015, Ludivine Griveau sera sous les feux des projecteurs lors de la vente aux enchères. Elle aura eu juste le temps, auparavant, de découvrir son nouvel univers. Sa signature personnelle sera alors vraiment lisible. Mais à en croire ses premières déclarations, il y aura une belle expression aromatique dans ses vins. C’est tout le bien que nous lui souhaitons.
Roland Masse, « un avant-gardiste dans sa quête des vins » selon Ludivine.
© Michel Joly