Les archives départementales de la Côte-d’Or proposent jusqu’au 26 septembre une exposition consacrée au département de la fin du XIXe siècle et la déclaration de la guerre de 14: Dijon est ceinturée par la campagne mais l’écho des luttes sociales, de la querelle entre laïques et catholiques, de l’essor des premières associations de loisirs s’y fait entendre comme partout en France. Une Belle Epoque qui prendra fin avec la mobilisation générale.
Une carriole, tirée par un paisible mulet, s’avance seule sur la place du 30 octobre, à Dijon. Mais la statue de la France, juchée au sommet du monument commémoratif de la guerre de 1870-1871, regarde vers l’Est: la France du début du XXème siècle prépare la revanche… Voici, synthétisée en une affiche, l’essence de cette Belle Epoque qui voit le pays amorcer sa mutation d’une économie essentiellement agricole à l’industrialisation.
Les archives départementales de Côte-d’Or ont ainsi rassemblé des dizaines de documents caractéristiques de cette période: le journal de Guillaume Rodier, vigneron dans la région de Nuits-Saint-Georges, est une belle chronique des travaux et des jours; les archives de l’école d’Aisy-sous-Thil montrent l’effort de la Troisième République en faveur de la scolarisation ; les nombreux absents du registre d’appel prouvent aussi que l’école est, dans des campagnes où les travaux des champs demandent une main-d’œuvre abondante, la variable d’ajustement. Les besoins des campagnes ou des chantiers de chemins de fer suscitent d’ailleurs l’immigration d’une main-d’œuvre européenne bien intégrée.
La ville de Dijon est ceinturée par la campagne, mais son tissu comprend ateliers et usines (par exemple l’outillage Lachèze). Des efforts sont faits pour la salubrité des logements et pour l’adduction d’une eau propre à la consommation – les eaux des rivières ou des canaux étant, quant à elles, utilisées pour la lessive et les tanneries. Les grèves ouvrières montrent l’aspiration à une démocratie sociale. L’affaire Le Nordez qui précipitera le vote de la loi de séparation de l’église et de l’Etat en 1905 vaut une belle série de caricatures anticléricales. Les loisirs et les sports s’organisent, grâce aux associations de pêcheurs ou de cyclistes, qui portent des noms pittoresques: la Gaule de Beaune, la Loutre de Seurre, la Joyeuse pédale dijonnaise… Une période qui prendra son nom de Belle Epoque en comparaison de l’horreur des tranchées. Une nostalgie d’avant-guerre, à retrouver durant tout l’été 2014.
Jusqu’au 26 septembre aux Archives départementales de la Côte-d’Or, 8 rue Jeannin à Dijon.
Entrée libre du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h.