La biodiversité entre nos ceps préoccupe de plus en plus les vignerons bourguignons. Encore plus quand elle concerne le précieux écrin des Climats de Bourgogne. L’ODG de Chassagne-Montrachet vient de commencer par planter 90 arbres à ce titre.
« Quand on arrivera à Chassagne, on ne verra plus simplement une mer de vignes. » En une phrase, Adrien Pillot dit tout de la démarche visant à prendre soin de son décor quotidien. En février, le jeune vigneron et une quinzaine de confrères liés au syndicat d’appellation de Chassagne-Montrachet ont planté 90 arbres et 150 mètres de haies aux abords des parcelles.
Comparer deux photos à vingt ans d’intervalle suffisent à se faire une idée : « Au fil du temps et de l’évolution des pratiques viticoles, de la mécanisation, de nombreux arbres ont disparu. Notre objectif est de retrouver de la biodiversité dans le paysage et dans nos vignes. » Saine aspiration.
Les poiriers, pêchers, amandiers et autres cerisiers ne seront pas uniquement là pour le plaisir des yeux. Ces arbres fruitiers ont des vertus pour le travail du sol et apportent des zones d’ombre salutaire dans le contexte de réchauffement que l’on connait. Ils contribuent aussi à la préservation de certaines espèces vivantes dans les vignes, notamment ces insectes appelés « auxiliaires de vigne » qui permettent de lutter contre les maladies.
Le syndicat de Chassagne-Montrachet envisage déjà une seconde tranche de plantations d’arbres dès la fin 2023 ainsi qu’une réflexion sur les zones enherbées et le maintien de son patrimoine en pierre sèche.
Un « Fonds biodiversité » mis en place par les Climats de Bourgogne
Les viticulteurs n’agissent pas seuls. La Chambre d’Agriculture chapeaute la partie technique, pendant qu’un pépiniériste beaunois (BG Espaces Verts) les forme sur la plantation et la taille des arbres. Des écoliers du village ont même donné un coup de main sur place. « Travailler collectivement nous a permis d’identifier les espaces disponibles à l’échelle de toute l’appellation. L’idée est d’impulser une dynamique, de servir au territoire et, si on peut, de partager notre expérience. »
Après la fin des herbicides pour les premiers crus de Volnay, les initiatives écologiques se multiplient entre nos ceps mais demeurent encore marginales. L’association des Climats du vignoble Bourgogne entend motiver les troupes avec la mise en place d’un « Fonds biodiversité ». Chassagne-Montrachet est la première à en bénéficier.
Fonctionnant sur le même principe que le « Fonds patrimoine » destiné entre autres à le reconstruction des cabottes et autres meurgers, cette enveloppe financera tout projet collectif visant à maintenir et développer la biodiversité sur le territoire des Climats de Bourgogne.
Syndicats d’appellation, associations et collectivités peuvent y prétendre. « Les projets retenus pourront bénéficier d’aides variant de 50% à 80 % pour chaque étape du projet, en compléments des dispositifs déjà proposés par des partenaires comme la Chambre d’agriculture ou le BIVB », annonce l’association. Nul doute qu’une pile de dossiers devrait vite arriver sur le bureau des Climats de Bourgogne.