A partir de deux photos de 1962 prises par l’ancien maire de Beaune Lucien Perriaud, l’équipe de Jean-Pierre Garcia, professeur à l’uB, a mis au jour des restes de vignobles datant des Romains ou de l’époque médiévale… sous la pelouse entourant la cuverie de la maison Bouchard à Savigny-les-Beaune.
Il était une fois deux photos, retrouvées par Jean-Pierre Garcia, professeur à l’université de Bourgogne rattaché à l’ARTeHIs (laboratoire Archéologie, Terre, Histoire et Sociétés ). Deux photos issues du fond du service régional d’achéologie, prises en 1962 par Lucien Perriaux, maire de Beaune entre 1965 et 1968 en surface de gravières… « L’interprétation n’était pas possible alors, souligne Jean-Pierre Garcia, mais en les voyant aujourd’hui, on sait immédiatement qu’il s’agit de traces d’une activité viticole » et plus précisément des fosses de plantations de vignobles anciens (romains ou médiévaux) tels que ceux qui sont mis au jour depuis une quinzaine d’années par les archéologues du laboratoire d’archéologie. Jean-Pierre Garcia et l’ARTeHIS ont d’ailleurs notamment déjà travaillé sur de tels vignobles à Gevrey-Chambertin et Brochon entre 2008 et 2012.
Le protocole est donc calé, qui s’apparente dans un premier temps à « une enquête policière » s’amuse le scientifique. L’enjeu est de retrouver précisément les lieux où les photos ont été prises : étude de photos aériennes de 1962 à 2013, géolocalisées pour replacer le site dans le paysage d’aujourd’hui, situation précise grâce à des indices (poteaux, habitations) et les chercheurs se retrouvent… dans la zone industrielle de Beaune, sur le territoire de Savigny-les-Beaune. Plus précisément sous la cuverie Bouchard Père et Fils. Par extrapolation, ils détermineront un périmètre plus propice aux fouilles : les pelouses de l’établissement, entre les places de parking…
Mardi dernier, la pelleteuse a donc décavé une zone sur environ 80 cm à un mètre de profondeur, afin de mettre au jour ce que les photos de 1962 avaient permis de deviner. Il s’agit bien de traces de viticulture, que les recherches vont s’efforcer de dater précisément entre deux repères : époque antique (romaine) ou médiévale. Les scientifiques ont diposé d’une semaine pour effectuer leur travail : afin d’éviter que le trou ne se transforme en piscine, il va être recouvert d’un géotextile puis rebouché aujourd’hui même.
Reste que les néophytes peuvent se poser la question : mais pourquoi tant d’efforts ? En fait, de telles découvertes sont très importantes pour les chercheurs qui enrichissent ainsi le corpus des connaissances sur la constitution du vignoble bourguignon, validées par les données matérielles du terrain. Par exemple, comment étaient plantées les vignes à l’époque antique ou médiévales (« les vignes étaient en foule, le paysage n’était pas aussi peigné qu’aujourd’hui » s’amuse Jean-Pierre Garcia). Il est intéressant aussi de constater que les terrains de plaine, moins prisés que les côteaux, étaient exploités… Une publication « dans l’année » devrait permettre d’en savoir plus sur cette découverte. Où l’Histoire ne va-t-elle pas se nicher !