Une enquête de Bourgogne tourisme évoque un premier semestre 2014 des plus corrects alors que, depuis le début de l’été, les professionnels du tourisme ont le moral en baisse. Un peu comme partout ailleurs paraît-il.
Par Dominique Bruillot
Jusqu’à juin, ça se passait pas trop mal. Jugée entre bonne et très bonne par 55% des professionnels, l’activité touristique en Bourgogne reflète, dans les grandes lignes, un constat national: celui d’un léger regain par rapport à 2013, que l’on doit essentiellement à l’émergence de la clientèle étrangère, Chinois et Américains en tête. Bienvenue chez nous.
Mais ce genre de statistiques basées sur le ressenti suit parfois le sens du vent. On finit par ne plus savoir, au final, si c’est vraiment une sale météo ou la réalité d’un bilan comptable rougeoyant qui agit sur le moral des troupes. Même si, malheureusement, ce millésime 2014 ne laisse que peu de place à l’ambiguïté. On ne va pas péter les scores!
La parution en août de la traditionnelle lettre de Bourgogne Tourisme annonce ainsi que « 51% des professionnels ne sont pas satisfaits ou pas du tout satisfaits au regard des réservations (ou prises de contact) sur la fin de saison ». Aïe! D’autant que la tendance n’ira pas en s’améliorant, c’est à craindre dès que l’on fréquente un peu le terrain. Tout cela, c’est la faute à pas de chance, à un contexte un peu tendu (un Français sur trois a rayé le mot « départ » de son vocabulaire de vacancier estival), à une météo catastrophique, mais certainement pas au dynamisme d’une région qui, pourtant, se bat avec ténacité pour faire tourner le compteur des nuitées. Et nourrit l’espoir de créer de la fidélisation grâce à une offre multiple et attractive plutôt que de multiplier les offres en direction d’un public volatile et trop passager.
Réservations de « dernière seconde »
Didier Martin préside Bourgogne Tourisme depuis un joli paquet d’années. Il n’est pas le dernier à se retrouver dans l’expectative face à cette situation, « même si ce ressenti de la profession ne s’appuie pas encore sur des chiffres concrets ». On sait seulement que la fréquentation des offices de tourisme et des centre-villes n’est pas si mauvaise que cela. Ce qui ne garantit pas, en période de crise, une valeur ajoutée profitable au panier moyen dépensé par le touriste lambda, bien au contraire. Quand il fait gris dans le ciel comme dans la vie, la visite guidée est une occupation fortement conseillée. Elle nous persuade au moins que nous serons riches intellectuellement parlant.
L’enquête de Bourgogne Tourisme, financée avec le concours du Conseil régional, n’a rien de comptable, il faut le rappeler. Elle met en perspective « les tendances globales par activité, à partir du ressenti de chaque professionnel ». Plus de 540 d’entre eux ont répondu entre le 18 et le 25 août. Il convient donc de prendre avec un certain recul cette analyse qui repose aussi sur une conjoncture stressante. « Les clients sont toujours là, mais ils ont peur de l’avenir et c’est pour cela qu’ils ne dépensent pas ou autrement avec retenue », assure le restaurateur de l’établissement Le Médiéval en Côte-d’Or. « Il ne s’agit plus de dernière minute, mais de dernière seconde », appuie-t-on du côté de la chambre d’hôte l’Escarboucle. Pour les Jardins de la Saône, dans le 71, « c’est la clientèle locale qui nous sauve en cette année critique ».
Heureusement, il y a des éclaircies. A Montbard, par exemple, on se félicite de l’augmentation de l’activité de location du vélo, mais aussi de la fréquentation culturelle, même si on doit cette dernière à des touristes « de plus en plus exigeants ». Beaucoup plus de monde (« le double »!) aussi à la Maison des Patrimoines en Bourgogne du sud avec (encore un paradoxe bourguignon?), moins d’euros dans les caisses de la boutique. Soif de culture, oui, mais pas à n’importe quel prix.
Dans une période où les revenus font le grand écart, on aurait pourtant aimé savoir si cette ambiance jaugée sur l’ensemble du territoire bourguignon ne varie pas selon les secteurs aussi bien géographiques que thématiques. Il y a ainsi fort à parier que l’on trouverait, dans une lecture plus fine de ce check-up général, des positions plus profitables que d’autres. On pense notamment à l’œnotourisme, qui reste une locomotive pour l’ensemble de la région et, cessons de nous voiler la face, a encore la capacité d’attirer le haut du panier touristique tant désiré. Une idée qui, peut-être, mériterait d’être creusée.
En attendant le prochain rendez-vous avec les tendances de Bourgogne Tourisme, en octobre, croisons les doigts et parions sur un été indien de toute beauté!
A lire demain: Le « Fantastic Picnic »
Du 26 au 38 septembre, la 4ème édition du Fantastic Picnic, une initiative 100% bourguignonne née dans le contexte de la Fête de la Gastronomie, va se jouer sur une trentaine de sites avec des formules très différentes et parfois étonnantes. Plus de 6000 pique-niqueurs sont attendus. Pour en savoir plus, rendez-vous demain sur dijonbeaune.fr ou, pour les plus pressés, sur le site www.tousauxfantasticpicnic.com