Le nouveau délégué à l’antenne et aux programmes de France 3 Bourgogne-Franche-Comté a le journalisme qui lui colle à la peau. Bruno Le Dref revient sur son parcours professionnel singulier, qu’il espère mettre au service de la localité. En témoigne sa présence lors de l’avant-première d’un documentaire entre Bourgogne et Amérique, que la chaîne diffusera prochainement.
Par Thomas Barbier
Pour Dijon-Beaune Mag
Photos : Christophe Remondière
« De mes plus lointains souvenirs, j’ai toujours voulu être journaliste. » Au moment de retracer son parcours, Bruno Le Dref ne fait pas beaucoup de mystères. Retournons tout droit en 1976, lorsque ses études à Normal Sup l’emmènent à Paris. L’occasion est belle de proposer ses services aux rédactions de la capitale, lui qui se rêve grand reporter à Paris Match ou Libération. C’est finalement via une pige au Magazine littéraire qu’il écrira son premier papier. « J’ai ensuite eu l’occasion de rejoindre la fondation Journaliste Demain, qui n’existe plus malheureusement, créée par un groupe de presse. L’occasion de faire des stages de trois mois dans différents médias. » C’est donc à l’Express qu’il aiguise sa plume et sa curiosité, jusqu’à devenir pigiste permanent.
Globe-trotteur
Mais en 1981, l’arrivée de François Mitterrand provoque une crise au sein du magazine. Cela implique le départ de son directeur, Jean-François Revel. « Je n’appartenais à aucun clan, précise l’intéressé. Mais comme j’étais Normalien, on m’a vu comme un des ses proches. J’ai donc fait partie de ceux à qui l’on a demandé de changer d’air ». Bruno Le Dref transforme cette injustice en opportunité : en juin de la même année, il rejoint Antenne 2 jusqu’à devenir « reporter au service étranger, (son) objectif de toujours ».
L’occasion de visiter le monde et d’être le témoin privilégié, en même temps que le relais médiatique, des profonds changements survenus dans les années 80. Il se souvient notamment de ces « trois nuits incroyables passées avec des leaders étudiants lors des événements de Tian’anmen ». Une décennie à couvrir des conflits, puis l’entrée chez l’agence Capa, au sein de la mythique émission de Jean-Marie Cavada, La marche du siècle.
Retour chez France 2 quelques années plus tard, comme chef du service étranger puis rédacteur en chef adjoint du 20 heures de Claude Sérillon. « Mais quand celui-ci a été éjecté, je me suis retrouvé sur la touche, sans qu’on m’explique vraiment pourquoi. » Ainsi va la vie des médias. Pas de quoi baisser la tête, et encore moins se tourner les pouces : Bruno Le Dref profite d’un congé sans soldes pour lancer Le forum des européens, sur Arte. Un magazine de reportages et de discussions consacré aux grands sujets de l’actu européenne, dans lequel il dit « avoir pris un plaisir immense ».
Retour au bercail
Un an plus tard, c’est le retour au bercail avec Complément d’enquête, en collaboration avec Benoit Duquesne, puis la direction d’un important service culture et société d’une cinquantaine de personnes. De quoi savoir gérer les égos et les priorités. « C’est sans doute une des raisons pour laquelle on m’a proposé de rejoindre France 3 comme délégué régional à Marseille il y a six ans », avance le journaliste.
Une réforme à la fin de l’année dernière au sein de France Télévisions amène notre homme à rejoindre France 3 Bourgogne-Franche-Comté, comme délégué à l’antenne et aux programmes « suite à un appel de Patrice Schumacher qui venait de prendre la direction de la région. Comme c’est un homme que je connaissais un peu et que j’appréciais, je me suis laissé tenter par cette belle aventure ». Bruno Le Dref découvre un exercice différent, quitte à s’éloigner un peu du journalisme de terrain qui coule dans ses veines. « Ma mission se concentre sur les programmes, et il y a de quoi s’occuper, sourit-il. D’autant que Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, nous a donnés comme mission d’augmenter le temps d’antenne en région ».
La chaîne du service public est en effet la seule à être présente sur la scène locale. De quoi faire germer quelques idées : « Il serait formidable de pouvoir bénéficier au moins une fois par semaine d’un programme régional en soirée », avance l’intéressé. On l’aura compris, Bruno Le Dref n’est pas venu en Bourgogne pour faire du tourisme. Sauf sur son temps libre, qui s’amenuise vue la pile de projets sur la table. Il ne va pas s’en plaindre.
Grand reportage, ou l’ADN de France 3
Jeudi 16 mars, au cinéma Olympia, c’est dans une salle pleine à craquer que s’est déroulée l’avant-première du documentaire Les derniers sentiers de la guerre. « Nous l’avons coproduit avec la maison de production BEW TV », détaille Bruno Le Dref, saluant au passage « la réalisation par les grands reporters Emmanuel Razavi et Sébastien Bouillé ».
France 3 ne pouvait rester insensible à ce documentaire de 52 minutes, qui nous plonge dans un sujet grandement méconnu : « Lors des Première et Seconde Guerres mondiales, des milliers d’Amérindiens ont combattu en France contre les Allemands. Ils étaient Ojibwés, Sioux, Chootows ou Navajos, et ils ont versé leur sang dans nos campagnes face aux troupes allemandes. » Durant près d’un an, les deux reporters sont partis sur leurs traces, de la Bourgogne aux grandes plaines de l’Ouest américain, pour réaliser un très beau film sur les derniers sentiers de la guerre.
Les derniers sentiers de la guerre
À découvrir sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté le lundi 27 avril après Le Grand Soir 3 ou en replay.