CAUE de Côte-d’Or, lanceur de projets urbanistiques

Grâce à l’expertise de ses conseillers, le CAUE Côte-d’Or aide les élus à programmer une nouvelle vision urbanistique et paysagère de leur commune. Victime (heureuse) de son attractivité, Pouilly-en-Auxois a ainsi pu engager, sur différents mandats et selon ses moyens, la requalification de son centre-bourg.

Investie d’une mission d’intérêt public, l’équipe du CAUE de Côte-d’Or est constituée d’une quinzaine de personnes, dont Joël Abbey (président, au centre), Xavier Hochart (directeur) et Julie Lestage (directrice-adjointe). © Baptiste Paquot / DBM

L’acronyme CAUE porte en lui les gênes de sa mission : C comme Conseil, A comme Architecture, U comme Urbanisme, E comme Environnement. Sa compétence est départementale, son rôle est d’accompagner tous les publics côte-d’oriens dans la gestion de nos paysages et de nos espaces de vie. Dont les élus.

Conférences, visites, expositions et autres actions culturelles font aussi partie de son champ d’action. Surtout en direction de la population scolaire qui, très tôt, doit être sensibilisée aux enjeux d’un cadre de vie. Mais sa force de frappe lui donne aussi les moyens d’agir en amont des décisions d’une collectivité territoriale. Une équipe d’une douzaine de spécialistes de l’architecture, de l’urbanisme et du paysagisme, dirigée par Xavier Hochart, lui-même architecte, est en capacité d’analyser les situations, d’anticiper les évolutions d’un environnement et de coconstruire des stratégies de développement d’une bourgade. Voilà pour le décor.

Le couple CAUE de Côte-d’Or/commune rurale

La constitution du couple CAUE/commune rurale s’inscrit donc dans la nature des choses. L’organisme de conseil n’est-il pas lui-même obligatoirement présidé par un élu local ? Ancien président du bailleur social Orvitis, Joël Abbey fut longtemps à la tête d’une commune de la plaine de Saône et vice-président du Département. Le cumul de ses expériences lui permet de maîtriser le langage de ses pairs… soit des maires en quête d’harmonie et de valorisation de l’identité culturelle de leur village.

Prenons l’exemple de Pouilly-en-Auxois. Ici, l’A6 rejoint la bretelle qui la relie à Dijon. Cette proximité avec l’autoroute explique la nature vivante d’un bourg dense, aux allures de petite ville, traversé de part en part par une voie centrale très fréquentée. L’attractivité et le rayonnement de Pouilly vient de nombreux villages alentour. C’est l’héritage de son ancien statut de chef-lieu. Le dynamisme commercial y est remarquable : boulangerie, pharmacie, épicerie, restaurants et de nombreuses boutiques.

Désormais rattaché au canton d’Arnay-le-Duc, il s’en dégage toujours une sensation urbaine assez surprenante. « Un conseiller régional de l’Auxois était persuadé que nous avions plus de 5 000 habitants », s’amuse Éric Piesvaux, maire depuis 2020. Dans les faits, ils sont tout juste 1 500. Se méfier des apparences !

Cette information donne une certaine idée des moyens dont Pouilly dispose réellement. Le bourg de l’Auxois, limité dans ses développements urbains, bénéficie pourtant d’un formidable potentiel économique avec la présence de nombreuses entreprises sur son territoire et à Créancey. La requalification de sa traversée et de ses deux places centrales était une nécessité. 

Dans la continuité

Aujourd’hui bien engagée, cette affaire remonte à plusieurs mandats en arrière. Elle a dû se faire étape après étape. « Nous avons hérité du projet des précédents mandats », résume le maire, notaire de métier, qui n’a rien raté de l’histoire puisqu’il est au conseil depuis plus de 20 ans.

Joël Abbey refait l’historique de cette œuvre commune : « La partie la plus importante de notre accompagnement a été menée sous le mandat du maire précédent, Bernard Milloir (2014-2020), mais c’est avec Monique Garnier (2001-2014) que les bases de la réflexion avaient été posées ». La requalification du centre bourg a été confiée en 2017 au paysagiste-concepteur dijonnais Benoit Martineau (JDM paysagistes).

Les signes de vitalité sont palpables. « Beaucoup d’emplois ont été créés dans les environs, d’où l’enclenchement nécessaire d’un PLU », poursuit l’élu, relevant au passage que « pendant le Covid nous avons mené à bien plus de 17 500 injections, soit plus que le nombre d’habitants ! » Ce bourg attractif, placé sous une bonne étoile touristique et dans le giron du « toit du monde occidental » cher au célèbre écrivain local Henri Vincenot, a donc « recentré ses possibilités ». Avec un plan global chiffré à 3 millions d’euros à la clé, qui vise la refonte d’une traversée qui voit défiler 5 000 à 8 000 véhicules par jour en moyenne.

Eric Piesvaux, maire de Pouilly-en-Auxois, avec son adjointe Karine Bassard (à droite) et Anaëlle Martin, chargée de mission « Petites Villes de Demain ». © Baptiste Paquot / DBM

Petite ville de demain

Et le CAUE dans tout ça ? Présent du début à la fin pour guider les acteurs du projet. « Il y a une continuité dans les mandats, la place de la Libération a été refaite sous le mandat précédent, l’actuel refait les deux entrées », rappelle Julie Lestage, paysagiste-conseillère et directrice adjointe du CAUE de Côte-d’Or. Témoin elle aussi de toute cette progression, l’expérimentée première adjointe Karine Bassard confirme l’esprit du cahier des charges : « Plutôt que Pouilly soit traversée, il fallait faire en sorte qu’on s’y arrête, que l’on vive ici ! » 

Plus récemment, souligne Xavier Hochart, « le CAUE a également accompagné la commune sur la révision générale du PLU (2021), les réhabilitations de l’ancienne salle des fêtes (2022) et du cloître VNF (2023) en logements ». Son action porte notamment sur l’important programme Petites Villes de Demain, qui a permis à Pouilly-en-Auxois de se reposer sur les compétences d’une chargée de mission, Anaëlle Martin. « Je mets de l’huile dans les rouages », explique cette dernière, dont la présence atteste qu’entre la dimension départementale incarnée par le CAUE et l’État pour ce qui la concerne, nos communes peuvent puiser dans des ressources éclairantes pour dessiner elles-mêmes leur avenir.