« Ce jour-là, Gérard Depardieu est apparu » : 3 anecdotes de vignerons de Bourgogne (3/4)

Dans son deuxième livre In Climats Veritas, publié en 2019 aux éditions Terre en vues, Youri Lebault, spécialiste de l’œnotourisme en Bourgogne, a récolté de nombreuses anecdotes de vignerons de Bourgogne, aussi croustillantes les unes que les autres. Dans ce troisième épisode, la parole est à Nicolas Groffier (Morey-Saint-Denis), Odile Coche-Dury (Meursault) et Emmanuel Rouget (Flagey-Echezeaux).

Emmanuel Rouget – Domaine Emmanuel Rouget (Flagey-Echezeaux)

« Je garde un souvenir particulier des années 1980, au début de ma carrière, quand le temps des vinifications était venu. Ce moment de l’année était fort pour nous, vignerons, et mon oncle Henri Jayer aimait sortir une de ces bouteilles de derrière les fagots. Un matin, alors que l’heure du casse-croûte avait sonné, vers 9h30 environ, Henri partit sans mot dire au fond de la cave. Il en revint avec une bouteille légendaire. Un Richebourg 1959 ! Mon oncle s’en est allé en 2006 et ce souvenir m’est toujours aussi précieux. Il avait tenu à me faire plaisir… et à se faire plaisir, sans doute, par la même occasion. Je ne l’oublierai jamais. »

Nicolas Groffier – Domaine Robert Groffier (Morey-Saint-Denis)

« En 2018, alors que j’étais aux vignes en train de tailler, mon téléphone sonne. « Bonjour Nicolas, c’est Olivier Poussier (ndlr, meilleur sommelier du monde 2000). Je suis au Pré Catelan avec le Club des Cent en présence notamment de Robert Peugeot, Martin Bouygues et Jean-Pierre Raffarin. Nous tenions tous à te féliciter de vive voix car nous venons de nous délecter de ton bourgogne 2014 servi à l’aveugle, avec un homard à l’américaine. » J’ai été naturellement très sensible à ces compliments d’une grande sincérité. Mais le soir-même, j’avoue avoir effectué une recherche sur ce fameux Club des Cent dont je n’avais jamais entendu parler ! »

Odile Coche-Dury – Domaine Coche-Dury (Meursault)

« Au printemps 1990, le téléphone sonne dans un petit domaine de Meursault. Madame Coche-Dury décroche. Au bout du fil, une voix masculine : « Je voudrais prendre rendez-vous pour venir déguster le 1^er avril, c’est pour monsieur Gérard Depardieu. » Volontairement, son interlocutrice n’affiche aucun étonnement. Elle se saisit de son agenda et note consciencieusement le rendez-vous comme n’importe quel autre, sans poser plus de questions. Bien sûr, une petite voix intérieure lui dit « Poisson d’avril ! », ce qui la fait sourire. De retour à la vigne, elle raconte cette anecdote aux employés hilares. Seulement voilà, dimanche 1^er avril 1990, Gérard Depardieu est apparu… »