CEP Cometti, une référence française de la préparation physique à Dijon

Suivant la philosophie de son fondateur, Gilles Cometti, le Centre d’Expertise de la Performance (CEP) a formé un bon millier de professionnels du sport et agit comme une boussole pour les athlètes. En bonne basketteuse, Carole Cometti a pris la balle au bond de cette formidable fabrique.

Carole Cometti à la tête du CEP. © Jean-Luc Petit

Bienvenue au paradis des « Stapsiens ». Au cœur du campus de Dijon, sous l’égide de l’université de Bourgogne, un grand plateau rempli de machines en tout genre pose le décor. C’est ici que Gilles Cometti, référence absolue en matière de sport de haut niveau, a débuté l’aventure en 1994. « Ses premières machines sont toujours en service. J’y tiens, d’autant que certaines étaient déjà révolutionnaires dans leur fonctionnement à l’époque », commente sa fille Carole, qui dirige le CEP.

Enseignant chercheur plus connu à l’étranger qu’à Dijon, footballeur devenu athlète, Gilles Cometti a défriché des horizons inconnus. À rebours de son époque, la « méthode Cometti » repose sur une classification bien précise des qualités physiques, qui place le système neuromusculaire au centre des préoccupations et, pour faire court, entraine la force, puis l’endurance. « Il considérait que la musculation était un passage obligé pour faire progresser les athlètes. Dans un sens, ce postulat dérangeait parce qu’il remettait en cause de nombreux principes d’entrainement, ses publications démontaient beaucoup d’idées reçues. »

Un DU de préparation physique

Aujourd’hui, la méthode n’est plus contestée. Imaginé avec d’autres « papes » du domaine comme Philippe Bouchet et Michel Pousson, basé sur un modèle en grande partie autofinancé, le Centre d’expertise de la performance a tracé bien d’autres voies. Son influence dépasse le simple cadre régional. « Nous restons une structure universitaire de recherche, avec quatre enseignants-chercheurs qui publient régulièrement. À cela s’ajoutent une douzaine de personnes, dont certaines sont des stagiaires de niveau master, que nous accueillons dans le cadre de leur cursus universitaire. »

Le CEP Gilles Cometti dispense en effet le diplôme universitaire (DU) de préparation physique : « Les premières mentions ont été obtenues dans les années 2000. 150 personnes passent ici chaque année. » Kinés, médecins ou encore professeurs d’EPS viennent ainsi se perfectionner et tenter d’obtenir le précieux DU, première étape d’une carrière généralement passionnante. Disciples revendiqués de Gilles Cometti, Cyril Moine et Manuel Lacroix, les préparateurs physiques de l’équipe de France de football et de basket, peuvent en témoigner.

Fonctionnement hybride

En assumant la direction du CEP, qu’elle partage avec Nicolas Babault, Carole Cometti veille donc sur un héritage à la fois intime et universel. Brillante universitaire, ancienne basketteuse de haut niveau, cette spécialiste de la diététique multiplie les pistes de développement.

En trois décennies, le Centre a poussé les murs. Il dispose aujourd’hui de trois blocs de salles et d’équipements dernier cri. Une drôle de tente époxy permet de simuler le travail en altitude. L’équipement de balnéothérapie et le matériel de récupération ouvrent de larges possibilités. « Nous sommes en capacité d’accompagner tout type de sportif, des basketteurs, des tennismen, des boxeurs, des véliplanchistes, des golfeurs… Nous travaillons aussi de plus en plus sur le handisport, également avec le jeune âge. »

Le CEP a développé un mode de fonctionnement hybride. À la mission universitaire se sont ajoutées des prestations de service. Depuis plus de 20 ans, les basketteurs de la JDA Bourgogne Dijon s’en remettent à l’expertise maison. Les handballeurs dijonnais du DMH ont suivi le mouvement. « Au total, une dizaine d’équipes et une trentaine d’individuels », recense Carole Cometti. « Les mentalités évoluent, et de plus en plus d’équipes amateurs se tournent vers une préparation physique spécifique. Nous sommes aussi à la disposition d’athlètes qui ont simplement besoin d’une photographie précise de leurs capacités physiques à un instant T. »

Il y a enfin la recherche et le développement. Les entreprises viennent ici pour tester leurs produits. Damart met à l’épreuve ses collants de compression. Lactalis vient s’intéresser au rôle des protéines alimentaires sur la masse musculaire. Longtemps unique en France, le CEP dijonnais a vu quelques structures similaires émerger en France. « Mais ce modèle, à mi-chemin entre structure privée et centre universitaire, n’a qu’un seul équivalent à Montpellier », précise la bondissante Carole, qui rêverait d’ajouter à l’ensemble « notre propre salle de sports collectifs, ce qui n’est pas facile car les investissements sont issus de nos fonds propres ». Un vrai sport, en effet, que cette quête de financement.