Dans son deuxième livre In Climats Veritas, publié en 2019 aux éditions Terre en vues, Youri Lebault, spécialiste de l’œnotourisme en Bourgogne, a récolté de nombreuses anecdotes de vignerons de Bourgogne, aussi croustillantes les unes que les autres. Dans ce deuxième épisode, la parole est à Jean-Nicolas Méo (Vosne-Romanée), Cyrielle Rousseau (Gevrey-Chambertin) et Justine Charlopin-Tissier (Morey-Saint-Denis).
Jean-Nicolas Méo – Domaine Méo-Camuzet (Vosne-Romanée)
« Henri Jayer était métayer de notre domaine et à sa retraite en 1988, j’ai repris les vignes. Bien que titulaire d’un diplôme de technicien en œnologie, je dois avouer qu’à 24 ans, mes connaissances en la matière étaient limitées. À une époque où la mode était depuis longtemps aux vins de garde parfois durs et très tanniques, Henri Jayer était à certains égards avant-gardiste. Il respectait le terroir et proposait au final des vins complètement différents, suaves, veloutés, pleins de fruits, à la belle couleur violette. Les clients y voyaient comme une révolution du goût, rendant certains domaines sceptiques, voire soupçonneux. En 1989 donc, excellente année, je mis en œuvre, non sans stress, tout ce qu’Henri m’avait précieusement transmis. Au final, le résultat était bien dans son style, très prometteur. Henri me glissa alors – était-ce taquinerie, modestie, réponse aux critiques, compliment? – une phrase que je n’ai jamais oubliée : « Tu vois, c’est pas compliqué de faire des grands vins ! » »
Justine Charlopin-Tissier – Domaine Charlopin-Tissier (Morey-Saint-Denis)
« Mes parents, Laurent et Véronique (plus connue sous le nom de « mère Luche »), sont vignerons à Chenôve, tout près des fameux pressoirs des ducs de Bourgogne. Quand j’avais 5 ans, alors que mon père soutirait le vin dans la cave de la rue Paul Bert, je jouais à faire virevolter ma robe, telle une danseuse. Étourdie et prise par mon élan, je suis tombée les fesses dans la bassine pleine de vin. Émus par la scène, des clients en dégustation avec maman au même moment, décidèrent d’investir dans ce vin qui avait désormais une histoire en plus d’avoir du corps ! »
« En 1993, à l’occasion de la Saint Vincent tournante de Marsannay, une photo que je possède encore aujourd’hui montre mon père défilant au côté d’un jeune et beau garçon portant la bannière de Marsannay-la-Côte. Personne n’imaginait que le jeune homme (ndlr, Yann Charlopin) deviendrait mon mari 19 ans plus tard… »
Cyrielle Rousseau – Domaine Armand Rousseau (Gevrey-Chambertin)
« Ayant fait quelques formations en biodynamie, j’ai eu envie de m’y essayer sur une parcelle du domaine. J’avais remarqué que la Côte de Nuits était « pro Maria Thun » alors que la Côte de Beaune était « pro 500 P » (ndlr, des préparations différentes de compost). Il fallait les comparer ! En 2013, je décide de concrétiser ce test, pour observer une amélioration ou non de la santé des pieds et/ou du sol. Avec l’accord de mon père, pas avare d’expériences mais déconnecté à la lune, il fallait se mettre en quête d’une parcelle pour cet essai. Je lui demande donc s’il y a une parcelle présentant une bizarrerie quelconque. La réponse ne se fit pas attendre : « Dans les Clos de la Roche, j’ai déjà vu des Rhinocéros. » »
📚 In Climats Veritas, Youri Lebault, Terre en vues, 208 pages, 49 euros.
Pour son second ouvrage, Youri Lebault nous conduit de nouveau sur sa route des Climats de Bourgogne. Autodidacte, ambassadeur hors-pair de la Bourgogne viticole et spécialiste de l’œnotourisme, il entraîne dans ce voyage auteurs et photographes, tous comme lui, passionnés par cette route des Grands Crus.
🍷 Épisode 1 avec Dominique Lafon, Olivier Merlin et Amaury Devillard
🍷 Épisode 2 avec Jean-Nicolas Méo, Cyrielle Rousseau et Justine Charlopin-Tissier
🍷 Épisode 3 avec Emmanuel Rouget, Nicolas Groffier et Odile Coche-Dury